Un médicament approuvé aux États-Unis pour lutter contre l'endométriose, ce mal qui ronge une femme sur dix

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Le premier traitement destiné à lutter contre les douleurs de l'endométriose a été approuvé aux États-Unis vendredi 27 juillet par l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments. En France, aucun médicament dédié à cette maladie chronique qui touche 10 % des femmes en âge de procréer n'existe.

L'endométriose, ce mal invisible qui fait enfin parler de lui. Crédits : Africa Studio / Shutterstock

Inconnue voire taboue il y a quelques années, l'endométriose est parvenue à sortir de l'ombre, en partie grâce aux nombreuses prises de parole sur le sujet. Cette maladie gynécologique encore mal diagnostiquée ronge la vie d'au moins une femme sur dix, selon l'association EndoFrance. Elle provoque des maux de ventre très vifs, mais aussi une intense fatigue, des douleurs au moment d'uriner, pendant les relations sexuelles ou durant les règles, et joue sur la fertilité.

Il faut savoir que l'endomètre - la muqueuse qui tapisse l'utérus - s'épaissit en fonction du cycle menstruel. On parle d'endométriose lorsque le développement de ce tissu se fait en dehors de la paroi utérine. Dans ce cas, les récepteurs de l'inflammation sont anormalement multipliés et les douleurs ressenties, notamment au cours des menstruations ou des rapports intimes, sont alors extrêmes.

Bien que cette pathologie concerne 10 % des femmes en âge de procréer, aucun traitement dédié n'est disponible sur le marché français. Heureusement, la situation évolue de façon concrète ; et, comme bien souvent, c'est Outre-Atlantique que cela se passe. L’organisme américain chargé de l’approbation des aliments et médicaments (la Food and Drug Administration) a en effet donné son accord le 27 juillet pour le premier médicament destiné à lutter contre les ravages causés par ce trouble.

Commercialisé sous le nom d'Orilissa, ce traitement oral a fait l'objet d'un essai clinique. Plus de 40 % des patientes qui y ont participé ont vu les douleurs menstruelles liées à l’endométriose réduites par la prise du médicament. Dans la moitié des cas, la douleur pelvienne des patientes était également diminuée, en prenant une pilule par jour. Le médicament a aussi permis de réduire des douleurs ressenties lors de l'acte sexuel. Mais ce dernier a toutefois des effets indésirables : il peut par exemple entraîner une baisse de la densité osseuse (et est donc contre-indiqué chez les personnes atteintes d’ostéoporose), ou encore augmenter les risques de fausses couches précoces.

Encore du chemin à parcourir

L'arrivée de ce remède est une « bonne nouvelle » pour Yasmine Candau, présidente d'EndoFrance, même si « les avancées ne sont pas suffisantes », comme elle l'assure auprès de LCI. À l’heure actuelle, ce mal chronique peut être soulagé par le biais d'un traitement médico-chirurgical pendant 3 à 6 mois qui permet généralement de bloquer les ovaires et les règles afin de détruire les lésions dans la cavité utérine, en enlevant les nodules ou kystes à l'origine de la douleur. On peut aussi supprimer les règles par une prise permanente de pilules contraceptives. On parle alors de ménopause artificielle ou chimique.

Toutefois, certaines femmes sont en « échec thérapeutique », c'est-à-dire que les traitements médicamenteux n'ont pas d'effet sur elles. Dès lors, certaines femmes en viennent à la solution la plus radicale qui soit : l'hystérectomie, une opération chirurgicale qui consiste à se faire retirer l'utérus. C'est le cas récemment de la chroniqueuse Enora Malagré ou encore de l'actrice américaine Lena Dunham.

Il reste donc du chemin à parcourir, d'autant plus quand on sait qu'il faut en moyenne sept ans pour détecter l'endométriose chez une femme. Sept années durant lesquelles les douleurs font partie intégrante du quotidien. Yasmine Candau estime que cette pathologie pourrait être mieux reconnue, notamment en l’inscrivant sur la liste des ADL (Affections de Longue Durée) qui « prévoit des aides pour les personnes atteintes de maladie longue durée comme un cancer ou un diabète ».

Source : FDA

Au sujet de l'auteur : Justine B.

Journaliste