Landes : l'une des plus grandes forêts comestibles d'Europe va voir le jour dans les prochains mois

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Le terme de forêt comestible ne vous dit sans doute rien, et pourtant, il s’agit d’un concept plus que jamais d’actualité. L’idée est de faire pousser une forêt où tout se mange et où chaque espèce se complète et s’entraide et ainsi créer un équilibre pour obtenir au final une production quasi-autonome.

Crédit : Forêt de Higas

Dans le petit village d’Estibeaux, situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Dax, dans les Landes, Yoann Lang et Franck Lutic ont décidé de mettre en place leur propre forêt comestible.

Cette dernière devrait s’étendre sur 7 hectares et l’objectif est qu’elle soit en partie opérationnelle dès les prochains mois. En revanche, elle trouvera son équilibre définitif et deviendra vraiment productive au bout de quelques années.

Les deux compères à l’origine de ce projet baptisé « Forêt de Higas » ont pour ambition de planter sur la zone plus de 7 000 variétés végétales ainsi que 60 000 arbres et 1 000 boutures d’arbres et 2 000 plans de potager ont déjà été mis en place dans le but d’être productif dès cet été.

On y trouvera notamment des plantes aromatiques, des courgettes, des citrouilles, toutes sortes de tomates, des blettes, des épinards, des pommes, des cerises, des pêches, des kakis, etc.. Bref, vous l’aurez compris, cette forêt comestible et donc maraîchère, qui sera la troisième plus grande d’Europe, offrira une grande variété de fruits et légumes.

Et n’allez pas croire que ce projet a été pensé à la va-vite. En effet, Yoann Lang y songe depuis près d’une dizaine d’années.

Professionnellement, il a toujours baigné dans la culture et l’univers du potager, ce qui lui a permis de tester tous type de méthode de plantation comme les cultures en butte, en lasagne, sous foin, sur paille, sur bois mort et bien d’autre encore.

Son expérience en la matière lui fait dire que les forêts comestibles sont l’avenir de l’agriculture car elles en grande partie aux enjeux actuels et futurs à l’instar du réchauffement climatique, mais aussi de la lutte contre la pollution des sols, l’érosion, et enfin aide à créer de l’emploi dans les milieux ruraux.

« C’est vraiment un gros puits à carbone. Nous allons planter 60 000 arbres, arbustes et buissons et nous n’utiliserons aucun intrant, que ce soient produits phyto-sanitaires ou engrais. Tout le système de plantation fait que les plantes s’entraident les unes les autres et vont même se protéger. Le but c’est de ne jamais avoir deux mêmes variétés côte à côte, pour éviter la propagation des maladies et des ravageurs. C’est un système de maraîchage bio plus plus plus. Nous recevons aussi énormément de colis de graines paysannes, de noyaux ou de pépins envoyés par des particuliers qui arrivent des quatre coins de la France » a confié Yoann Lang, cofondateur et gérant de la Forêt de Higas, à nos confrères de We Demain.

Crédit : Forêt de Higas

Et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, les deux amis à la base de ce projet durable et totalement respectueux de l’environnement ont également fait part de leur volonté d’accueillir des espèces animales sur leur terrain.

Au début, ils souhaitent commencer par intégrer des poules et des abeilles pour avoir des œufs et du miel, puis installer à terme un groupe de cochons et de bovins.

Yoann Lang explique : « L’idée c’est qu’ils soient en liberté sur des zones quand même prédéfinies, on ne va pas avoir des vaches au milieu des pieds de tomates non plus. Nous plantons aussi de façon à ce que les animaux aient à manger comme nous, en trois dimensions. C’est-à-dire au sol, sur les haies et aussi dans les arbres. L’objectif, c’est que les animaux soient quasiment autonomes au niveau alimentaire de façon sauvage, que nous les laissions se reproduire naturellement également. Nous ne pratiquerons l’abattage que lorsque nous aurons trop d’animaux par rapport à la surface. »

Une forêt comestible pour une production locale et de la vente aux habitants de la région

Si cela vous a échappé, sachez que le principal objectif de Yoann Lang et Franck Lutic est de montrer qu’une nouvelle agriculture et un changement du mode de consommation sont possibles.

En créant la première forêt comestible professionnalisée de France, ils espèrent ouvrir la voie pour les prochains qui souhaiteront se lancer dans une telle aventure.

La production de la Forêt de Higas sera vendue en priorité aux habitants du coin afin de privilégier les circuits courts et donc réduire au maximum l’empreinte carbone.

Et à ce stade, cela semble bien parti puisque les deux amis ont déjà trouvé des partenaires locaux très intéressés pour distribuer leurs produits ou les acheter directement. « Nous allons mettre en place un système de distributeurs automatiques au sein du village. Nous avons aussi déjà plusieurs partenaires comme deux petits supermarchés à 8 km de chez-nous, des restaurateurs, un confiturier, quelqu’un qui fait les marchés. Nos produits vont être largement diffusés dans un rayon de 20 km » a déclaré Yoann Lang.

Crédit : Forêt de Higas

Afin de réussir au mieux la mise en place de ce projet et d’en faire un succès, les deux amis ont été aidés par l’association Humans by Nature, spécialisée dans l’encouragement d’initiatives éthiques et environnementales, mais également par la Chambre d'agriculture des Landes. « Ça a été très compliqué car c’est un projet qui ne rentre dans aucune case des installations standards. Cela a été un tel casse-tête que la Chambre d’agriculture a maintenant créé la case ‘forêt comestible’ dans les installations possibles. Cela va permettre d’ouvrir des portes aux futurs porteurs de projets. Beaucoup de porteurs de projets m’ont contacté. Je suis au courant d’au moins une quinzaine de forêts comestibles qui vont se planter en France dès l’année prochaine, dont une de 30 hectares » partage Yoann Lang.

Voilà donc une super nouvelle pour notre pays et la sauvegarde de sa biodiversité. On espère que cela donnera de plus en plus d’idées à chacun !

Source : We Demain

Au sujet de l'auteur : Albane P

Chez Demotivateur depuis 2014, j'aime mettre en avant des actualités insolites. J'apprécie particulièrement les thématiques autour de l'environnement et des animaux. La vulgarisation scientifique qui permet de rendre accessibles à tous des sujets complexes est un exercice que j'essaie d'appliquer au mieux dans mes articles.