Élégante et ténébreuse, Mata Hari est considérée comme la première « femme fatale » de l'Histoire... Découvrez des photos inédites

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Ses accusateurs l’ont considéré comme « la plus grande espionne du siècle » en 1917, lors de son procès pour trahison. Découvrez l’histoire de Mata Hari, la première « femme fatale » de l’Histoire, à travers des images envoûtantes.


C’est à Leuwardeen (au nord des Pays-Bas), le 7 août 1876, que Margaretha Geertruida Zelle voit le jour. Son père, riche marchand de chapeaux et de capes, fait faillite en 1889, ses parents se séparent un an plus tard et sa mère décède en 1891. Pas encore majeure, elle est livrée à elle-même et se lance dans des études pour être institutrice. Mais sa liaison avec le directeur de l’école fait scandale et met fin à ses ambitions.


En 1895, celle qui est souvent surnommée « M’greet » ou « Grietje » se marie avec un officier de la marine néerlandaise de 19 ans son aîné. Ils partent vivre dans les Indes néerlandaises où la jeune femme, avec son teint basané, arrive à s’intégrer rapidement en apprenant le javanais, s’habillant à la javanaise et apprenant même la danse locale. C’est grâce à la danse que « M’greet » va faire s’ouvrir des portes. Pour compléter le tableau, le couple aura deux enfants : un fils, Normand-John, et une fille, Louise-Jeanne.


Cependant, un drame rattrape la vie de « M’greet ». Suite à l’empoisonnement de ses deux enfants (dans une sombre affaire conjugale dans laquelle son mari est impliqué), seule sa fille survit. Elle doit enterrer son fils et retourne en Europe pour divorcer de son mari...


Mata Hari, la danseuse exotique


Débarquant à Paris en 1903, elle commence sa « carrière » de courtisane/prostituée auprès d’hommes riches avant de se former son personnage de danseuse orientale, souvent dénudée, au « Nouveau Cirque ». C’est à ce moment-là qu’elle prend le nom de « Mata Hari » signifiant « Soleil Levant » en malais. Ses performances érotiques et exotiques envoûtent le public parisien qui n’a d’yeux que pour elle.


Levant le tabou de la nudité dans une société aux mœurs encore très rigoureuses, Mata Hari devient une célébrité dans le monde du spectacle mondain. Polyglotte, proche des milieux du pouvoir, elle accumule les conquêtes sans distinction de nationalité. Elle s’invente des origines, une histoire, pour mieux façonner son personnage. Son grand train de vie prend fin après l’échec d’une énième liaison qui la laisse sur la paille.

 

Une espionne manipulée ?


En 1915, elle revend son hôtel situé à Neuilly pour louer une modeste maison à La Haye. Et là, elle est approchée par le consul d’Allemagne, Carl H. Cramer, qui lui propose de rembourser ses dettes en échange de renseignements stratégiques pour l’Allemagne en retournant à Paris. On suppose alors qu’elle prit le nom d’agent H21.


En septembre 1916, Georges Ladoux, chef du contre-espionnage français, lui propose d’espionner le Haut commandement allemand en Belgique. Elle devient alors, malgré elle et par la force des événements, une double-espionne sans qu’aucun des deux camps ennemis ne soit au courant.


C’est en janvier 1917 qu’un message radio transmis à Berlin, lancé par un attaché militaire allemand, est intercepté par les Français. Les activités de H21 y sont décrites et les services secrets français parviennent à identifier Mata Hari comme ce fameux « H21 ». Une indiscrétion que les historiens considèrent aujourd’hui comme potentiellement volontaire de la part des Allemands, désireux de laisser leur espionne se faire arrêter.


Prise entre les deux camps, probablement manipulée, son arrestation la fait passer d’une célébrité aimée à une coupable idéale dans une France traumatisée par la guerre et dont l’armée vient de connaître des vagues de mutinerie après des échecs cuisants sur le front. Accusée d’espionnage et d’intelligence avec l’ennemi en temps de guerre, l’enquête est rapidement expédiée (une preuve tangible à l’interprétation assez libre), tout comme son procès (trois jours). Elle est condamnée à mort et est fusillée le 17 octobre 1917 à Vincennes.

Quelle trace dans l’Histoire ?


Durant l’entre deux-guerres, de nombreux ouvrages tentaient de mettre en lumière le vrai rôle qu’avait eu Mata Hari lors de la Grande Guerre. Un essai collectif intitulé « L’Espionnage pendant la guerre mondiale », publié en 1931, la présente comme « un agent de marque ».


D’un autre côté, l’historien Alain Decaux partagea un entretien qu’il eut avec le procureur Mornet (celui qui a condamné Mata Hari). Ce dernier disait notamment que la France « n’avait finalement pas grand-chose à lui reprocher » mais que son cas était évoqué « sous le feu de la presse dans un contexte politique tel que la raison d’État ne pouvait que l’emporter ».


Entre celle que l’on considère comme une des plus grandes espionnes du XIXème siècle, en tant que première « femme fatale » de l’Histoire, et celle présentée comme une simple courtisane manipulée par les différents services secrets, difficile d’entrevoir la vérité. Néanmoins, durant sa vie et même après sa mort, le nom de Mata Hari reste gravé et cette femme n’aura laissé personne indifférent. Cela nous rappelle, dans un autre style, l'histoire de l'espion "Garbo" durant la Seconde Guerre Mondiale.


Incroyable son histoire, n’est-ce pas ?
Source : Dangerous Minds

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef