Les nouvelles colonnes Morris de Paris, remplies de micro-algues, pourront purifier autant d'air que la plantation de 100 arbres ! Le mobilier urbain du futur ?

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Faire du neuf avec de l'ancien, ou quand le légendaire mobilier urbain du XIXe siècle se convertit aux principes de pointe de la biotechnologie. Dans le 14e arrondissement de la ville de Paris, Place Victor et Hélène Basch, juste en face de la station de métro Alésia, une colonne Morris d'un genre nouveau va bientôt voir le jour.

Jadis dédiée à l'affichage et à la promotion des spectacles parisiens, abritant tour à tour les affiches de films, de cabarets théâtre pour les protéger des dégradations et des intempéries de ses parois en verre, la fameuse colonne au toit vert pourrait bien se reconvertir… au service de l'environnement !

Remplie d'eau, abritant des millions de micro-algues, une seule de ces colonnes d'un mètre cube œuvrerait pour la purification de l'air ambiant et serait équivalente à la plantation de… 100 arbres.
Présentation du concept à la COP21 / Crédit photo : Fermentalg / Facebook

Il s'agissait de l'un des projets les plus prometteurs présentés en 2015, lors de la COP21, pour répondre aux nouveaux enjeux et défis écologiques des grandes villes : à travers le principe de la photosynthèse, les cohortes de micro-organismes végétaux capturent le CO2 présent dans l'air à cause de la pollution générée par les activités humaines, et le transforment en rejetant de l'oxygène.

Les vitres en plexiglas transparent permettent aux algues d’utiliser une partie de la lumière du soleil, tandis que des rangées de LEDS basse consommation, reliées au réseau électrique, en éclairent l'intérieur afin de combler le manque éventuel de lumière nécessaire à la survie des végétaux.


Transformer le CO2 en source renouvelable d'énergie, tout en rejetant de l'oxygène

Grâce à la photosynthèse, ce processus bioénergétique qui permet aux plantes et à certaines bactéries de transformer le dioxyde de carbone en matière organique à l'aide de l'énergie lumineuse, de l'oxygène est libéré, ce qui permet de lutter contre la pollution de l'air, l'un des fléaux de la capitale. L'élégante colonne d'affichage parisienne se transforme ainsi en une véritable « colonne à oxygène », capable de fixer « au minimum » une tonne de CO2 en une année, selon ses concepteurs. « Un puits de carbone de 1 m³ d'eau qui permet de fixer une quantité de CO2 équivalente à celles de 100 arbres », promettent-ils.

Et ce n'est pas tout : comme n'importe quel organisme vivant, les micro-algues naissent, grandissent, se développent, et meurent. C'est pourquoi la colonne sera reliée au système de traitement des eaux usées. Pour permettre aux nouvelles algues de se développer et au cycle de la vie d'avoir lieu, les vieilles algues sont régulièrement purgées et envoyées vers une station d'épuration, où elles se dégraderont et contribueront à la création de biométhane — qui pourra être ensuite réinjecté dans les réseaux de gaz. Rien ne se perd, comme le veut l'adage !



Ce projet, porté par Suez, groupe spécialisé dans la gestion de l'eau et des déchets, est réalisé en partenariat avec Fermentalg, une start-up française spécialisée dans la culture des micro-algues et les technologies algales innovantes. Il s'agit pour l'heure d'un premier essai, qui pourrait éventuellement donner lieu à de nouvelles installations et à une généralisation du système de purification de l'air dans d'autres endroits stratégiques, si le test s'avère concluant.

Pour l'heure, la mairie du 14e arrondissement de Paris est en train d'achever les derniers travaux d'installation de la colonne test du carrefour d'Alésia. Le dispositif devrait être rendu bientôt opérationnel, pour une première mise en service avant l'été.

DR

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste