Plus de la moitié des animaux sauvages ont disparu en quarante ans : C'est le chiffre surréaliste et terrible dévoilé par un récent rapport de la WWF

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C’est le chiffre qui fait froid dans le dos : quarante ans. Chiffre terrible, qui nous met cruellement face à face avec la réalité, en témoignant de l’ampleur du désastre quotidien qui torpille inlassablement les écosystèmes de notre planète.

Ce n’est pourtant malheureusement pas un scoop : la biodiversité est menacée, la population humaine et les activités liées à l’industrie vont en s’accroissant de manière exponentielle, et rien ne semble pouvoir stopper l’inéluctable.

Si cela continue, il pourrait bien y avoir une nouvelle extinction de masse, comme lors de la disparition des dinosaures ou des dernières grandes périodes glaciaires.

UniversoRacionalista


Quarante ans. C’est le chiffre avancé par le WWF lors de son dernier bilan de santé de la planète Terre, publié en ce jeudi 27 octobre de l’an de grâce 2016, pour la onzième édition du rapport « Planète vivante ».

Quarante ans. Les orangs-outangs, ces grands singes aux yeux doux qui nous ressemblent tant, ne sont désormais plus qu’une poignée d’individus qui se terrent dans les derniers carrés de forêt primaires qui n’ont pas été encore transformés en pâturages.

Les éléphants d’Afrique voient leurs populations décliner de jour en jour à cause du braconnage et de la dégradation de leurs habitats. Mais c’est sans compter toutes les espèces des océans et des forêts, des poissons, des amphibiens, des espèces aux noms latins à rallonge dont on parle trop peu, certaines disparaissant avant même d’être découvertes par l’homme.

Quarante ans. Un battement de cils, une fraction de seconde à l’échelle de la Terre et de l’univers, de la nature qui a mis plusieurs milliards d’années à construire patiemment cette diversité, cette richesse qu’est la diversité des espèces, par évolutions successives, par d’infimes mutations génétiques sur des milliers de générations.

Et nous, en moins de temps qu’il en faudrait pour un humain de vieillir, voilà que nous avons réussi à anéantir, à broyer, à vaporiser tout cela.


Quarante ans, oui, quarante ans. Et on se prend à penser : quel monde allons-nous laisser à nos enfants, à nos petits enfants ? Ces derniers auront-ils la chance de pouvoir contempler un jour, au détour d’un sentier de forêt ou d’un chemin de montagne, un bouquetin, un renard, une oie sauvage, une chouette hulotte ?

© Harambee Kenya



Ce sont nos confrères du journal Le Monde qui rapportent ce chiffre, lui-même tiré d’une étude réalisée par la Zoological Society of London et l’ONG Global Footprint Network.

Si cela vous semble aberrant, si vous n’y croyez pas parce que vous n’avez pas le sentiment que la moitié des animaux ont disparu depuis 1975, sachez que c’est pourtant une donnée extrêmement sérieuse pour la communauté scientifique. L’étude se base en fait sur des indicateurs qui permettent de dresser un état des lieux rigoureux et réaliste, afin de suivre l’évolution de la biodiversité.


L’indice « planète vivante » en déclin de 58% depuis les années 1970


L’un de ces indicateurs est l’indice « planète vivante ». Il s’agit de mesurer l’abondance de la biodiversité en suivant année après année l'évolution d'un très grand nombre de populations animales, représentant plus de 3 700 espèces de vertébrés différentes (incluant des mammifères, des oiseaux, des reptiles ou encore des poissons).

Cela permet d’obtenir des statistiques réalistes qui permettent de mesurer l’évolution de ces populations… Et le constat est alarmant : sur les populations étudiées, les chercheurs ont pu constater une baisse générale de 58 % d’individus en moins en l’espace de 42 ans !

WWF (Via Le Monde)


Les espèces les plus affectées restent, de très loin, celles qui vivent dans les milieux d’eau douce avec… 81 % (!) d’individus en moins sur les périodes étudiées. En effet, ces espèces abritées par les cours d’eau ou les lacs sont très sensibles aux variations climatiques et à la pollution.

Tout cela est en grande partie la cause de la pollution, mais aussi et surtout de notre exploitation des ressources naturelles, liée à nos habitudes de consommation actuelles. Nous coupons des arbres plus vite qu’il n’en pousse, nous pêchons des poissons plus vite qu’il n’en naît, bref, nous utilisons les ressources de la planète plus rapidement qu’elles ne sont produites, ce qui épuise de jour en jour la « réserve » de ces ressources matérielles et finies.

C’est ce qu’on appelle le « dépassement écologique » : nous utilisons l’équivalent de plus d’une planète et demie chaque année pour subvenir à nos besoins, ce qui fait que nous vivons « à crédit » une partie de l’année. Ainsi, cette année, nous avons déjà utilisé la totalité des ressources de la terre prévues, et le seuil a été franchi le 8 août dernier, soit dix jours plus tôt que l’année précédente. Ce « jour du dépassement » a lieu chaque année depuis les années 1970, et il est de plus en plus précoce chaque année…

@via Le Monde



Si rien ne change, les populations animales pourraient avoir diminué des deux tiers d’ici à 2020.

« Ces chiffres matérialisent la sixième extinction des espèces : une disparition de la vie sur la planète dont nous sommes en partie responsables », dénonce Pascal Canfin, le directeur général du WWF France, dans les colonnes du Monde.


Un constat certes alarmant… mais tout n’est pas perdu, et heureusement !


Tous ces chiffres montrent avant tout qu’il devient de plus en plus urgent pour nous tous d’agir pour inverser la tendance. Cela nous demandera du travail, mais fort heureusement, c’est bel et bien encore possible — et il existe d’ailleurs de nombreuses innovations encourageantes qui vont dans ce sens, ainsi qu’un réel progrès dans les mentalités de nos sociétés, lié à de nouvelles découvertes en matière d’énergie renouvelable et de matériaux écologiques.

« Il ne s’agit pas de vivre comme il y a cinquante ans, mais d’inventer un nouveau modèle », assure ainsi Pascal Canfin au journal Le Monde. « Si tout le monde réduisait d’une demi-portion par jour sa consommation de protéines animales, tout en augmentant sa consommation de légumineuses et de céréales, nous pourrions baisser de 25 % les émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation. C’est à la portée de tous ! »





Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste