Des chercheurs révèlent l'existence d'un nouveau traitement pour stopper la sclérose en plaques

Des médecins de l’Imperial College London révèlent avoir mis au point un traitement qui pourrait significativement réduire la progression de la sclérose en plaques (SEP).


La SEP est une maladie auto-immune, c’est-à-dire que le système immunitaire attaque lui-même son propre organisme. Elle affecte le système nerveux central (cerveau, moelle épinière et nerfs optiques) et entraîne perturbations motrices, sensitives et cognitives.


Selon l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), la SEP est la cause la plus fréquente d’invalidité neurologique chez l’adulte jeune. Jusqu’à maintenant, les seuls traitements existants ne permettent que de réduire son développement et d’améliorer la qualité de vie des patients. En France, ce sont plus de 100 000 personnes qui sont atteintes de cette maladie ravageuse, à raison de 4 000 à 6 000 nouveaux individus chaque année.

En France, ce sont plus de 100 000 personnes qui sont atteintes de la SEP. Crédit photo : Shutterstock / Charoenrak Sonthirat


Cependant, la lutte contre la sclérose en plaques pourrait connaître une évolution positive après les récents travaux dévoilés par des chercheurs de l’Imperial College London. En effet, ces derniers testent actuellement une nouvelle approche thérapeutique pour les patients atteints de formes agressives de la SEP et qui n’ont pas forcément répondu aux traitements standards.


Cette nouvelle méthode est la transplantation autologue (ou autogreffe) de cellules souches hématopoïétiques. Elle consiste à prélever des cellules souches chez un patient pour les lui réinjecter par la suite. Les cellules souches hématopoïétiques sont celles qui sont à l’origine de toutes les lignées de cellules sanguines (comme les globules rouges et les globules blancs).


Tout d’abord, le patient reçoit un médicament qui encourage les cellules souches à se déplacer de la moelle osseuse à la circulation sanguine. Une fois dans le sang, elles sont alors retirées du corps. À partir de là, le patient reçoit une chimiothérapie à forte dose pour tuer les cellules immunitaires restantes, avant de se faire réinjecter les cellules souches. De cette manière, le système immunitaire se réinitialise, ce qui permet d’arrêter la progression de la maladie.

La méthode est la transplantation autologue de cellules souches hématopoïétiques. Crédit Photo : Shutterstock / Komsan Loonprom


Dit comme ça, cela semble très prometteur mais les patients répondent de manière très différente selon leurs profils. Sur 281 patients, 46% d’entre eux ont vu l’arrêt de la progression de la maladie dans les cinq ans qui ont suivi le traitement.


En revanche, certains n’ont pas eu la même chance. En inactivant le système immunitaire durant la chimiothérapie, même pour une courte durée, le patient est plus que jamais vulnérable, surtout s’il agit d’une personne âgée ou souffrant d’une forme très agressive de la maladie. Ainsi, huit participants à l’étude sont décédés dans les 100 jours qui ont suivi le traitement.


Paolo Muraro, auteur principal de l’étude, reconnaît que ce traitement est donc relativement efficace et qu’il comporte des risques en fonction de l’état du patient : « Dans cette étude, nous avons montré que nous pouvons « congeler » la maladie d’un patient et l’empêcher de s’aggraver jusqu’à cinq ans. Cependant, nous devons prendre en compte que le traitement comporte un faible risque de décès, et c’est une maladie qui ne met pas immédiatement la vie en danger ».


Dans les détails, le traitement est donc plus efficace pour lutter contre la SEP récurrente-rémittente, qui est la forme la plus courante. En revanche, il est moins efficace en cas de sclérose en plaques progressive, qui est une forme plus sévère de la maladie.

Le traitement a été effice pour 46% des 218 participants de l'essai. Crédit photo : Shutterstock / Branislav Nenin


Dès lors, face à ces premiers résultats, les chercheurs préconisent de plus grands essais cliniques pour tester cette méthode à plus grande échelle, en incluant notamment un groupe placebo : « Ces résultats sont très prometteurs mais nous n’avions pas un groupe placebo dans cette édude, des patients qui n’ont pas reçu le traitement. Nous avons besoin d’urgence de traitements plus efficaces pour cette maladie dévastatrice, et donc un grand essai randomisé pour ce traitement devrait être la prochaine étape » souligne le docteur Paolo Muraro. Affaire à suivre...
Source : Inserm

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Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef