Dans l'Orne, une femme voit son renard domestique âgé de 11 ans être saisi par l'État

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La loi est claire. Le renard étant un animal sauvage, considéré comme nuisible, il est strictement interdit d’en posséder un en guise d’animal de compagnie. Pourtant, Chantal a fait de Câline sa renarde domestique il y a déjà onze ans. Aujourd’hui, elle lutte contre les services de l’État qui ont saisi l’animal en vertu de la loi.

En 2007, Chantal, habitante de Moulicent, une commune de l’Orne, recueille un bébé renard. Comment arrive-t-il dans son foyer ? La renarde est découverte parmi une portée par un autre résident de Moulicent, qui contacte le vétérinaire local. Ce dernier la confie à Chantal, qui par le passé a apparemment déjà domestiqué quatre renards. Comme n’importe quel chat ou chien, celle qui s’appelle désormais Câline devient un membre de la famille.



Tout se passait très bien, jusqu’à ce que l’Office National des Forêts ait vent de l’affaire. Il est légalement interdit d’avoir un animal de ce type dans son foyer, en tant qu’animal de compagnie. Les services de l’État perquisitionnent donc la maison de Chantal, et s’emparent de l’animal. La Normande exprime son incompréhension auprès de France Bleu :

« Je l'ai recueillie, j'ai toujours pris soin d'elle, je ne comprends pas pourquoi ils font ça ! »

Aujourd’hui, Chantal est soutenue par l’association de protection des animaux "4 Sabots et 1 Fer", créée en 2010 dans l’Eure. Une bataille juridique commence alors, puisque Chantal n’entend pas se laisser confisquer son animal dont elle a pris soin pendant tant d’années. "4 Sabots et 1 Fer" a pris contact avec Me Isabelle Terrin, avocate spécialisée dans la défense des animaux, et compte bien poursuivre en justice les services de l’État. Chantal a également porté plainte contre les gendarmes qui ont saisi l’animal, et par lesquels elle considère avoir été molestée, même si Ouest-France souligne qu’une enquête de la brigade de recherches a permis de mettre en évidence qu’aucun acte de violence n’avait été commis.

Me Terrin insiste sur le fait qu’il est absurde de retirer un animal aussi âgé à sa propriétaire. Dans la nature, les renards ont une espérance de vie comprise entre 2 et 5 ans, mais on a déjà pu voir des renards en captivité vivre jusqu’à 14 ans. Pour Me Isabelle Terrin, Câline, maintenant âgée de 11 ans, est en fin de vie. Il est donc à son sens malvenu de retirer à présent Câline à sa maîtresse, d’autant que cette dernière est actuellement dans l’incapacité de savoir dans quel état se trouve l’animal, comme l’indique la présente de l’association "4 Sabots et 1 Fer," Valeria Orfila.

Celle-ci n’a pas manqué de créer une pétition ayant pour but de mobiliser la population afin de faire rendre Câline à Chantal. À l’heure où sont écrites ces lignes, près de 31 800 signatures ont été récoltées. 35 000 signatures sont requises. Sur la page de la pétition, nous pouvons lire les deux phrases suivantes :

« Câline a un passeport, ce qui prouve bien qu'elle est en règle. Nous devons savoir où elle se trouve, nous devons la restituer à Chantal, nous devons rendre justice, nous sommes la voix de cette petite renarde qui doit bien être déstabilisée si, bien entendu, elle est toujours en vie ».

Les efforts de Chantal et de l'association seront-ils suffisants pour vaincre la loi et permettre à Chantal de retrouver son animal domestique depuis aujourd’hui onze ans ? Que comptent en faire les services de l’État ? Si l’on oppose à Chantal qu’un renard est un animal sauvage et que sa place est donc dans la nature, comment pouvons-nous savoir que les services de l’État remettront Câline en liberté ? Et s’ils le font, combien de temps survivra cet animal qui a vécu toute sa vie dans une maison, nourri et soigné par Chantal ? Seul le temps répondra à ces questions pour l’instant laissées en suspens.

Source : Ouest-France

Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste