« Tu étais habillée comment ? », l'expo qui prouve qu'il n'y a aucun rapport entre le viol et les vêtements des victimes

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En 2017, trop de personnes pensent encore que les agressions sexuelles pourraient être évitées si les victimes portaient des vêtements plus couvrants ou "moins sexy". Ainsi, il n’est pas rare que de femmes ayant subi un viol se voient poser une question particulièrement déplacée : « Tu étais habillée comment ? »

Comme si c'était elles qui avaient provoqué l'agression, et qui en étaient directement responsable à cause d'une supposée attitude provocante. C’est pourquoi, afin de lutter contre cette habitude qui consiste à blâmer les victimes, une exposition intitulée « Tu étais habillée comment ? », composée de 40 récits de victimes accompagnés de leurs habits au moment des drames, est actuellement présentée au sein de l’Université duKansas.

Crédit photo : JENNIFERSPRAGUE

Un projet que l’on doit en grande partie à Jen Brockman, directrice du Centre de prévention et de sensibilisation aux violences sexuelles de l’Université du Kansas, mais également au docteur Mary A. Wyandt-Hiebert, qui est chargé de guider toutes les initiatives du service de sensibilisation au viol de l’Université de l’Arkansas.

« Les visiteurs peuvent se mettre à la place de l'autre, aussi bien dans les tenues que dans les récits. Le but est d'arriver au point où ils se disent : 'Eh ! J'ai la même tenue dans mon placard' ou 'J'étais habillée comme ça cette semaine.' Nous tentons ainsi de tordre le cou à la croyance selon laquelle il suffit d'éviter de porter cette tenue pour être sûre de n'avoir aucun problème, ou que l'on peut faire disparaître les violences sexuelles en changeant de manière de s'habiller » a confié Jen Brockman, la créatrice du projet à nos confrères du Huffington Post.

Et d’ajouter : « Lorsque des victimes entrent dans la salle, on entend souvent des réactions de validation, car elles nous disent : 'C'était ma tenue. Ce qui est accroché au mur, c'est ce que je portais.' ou 'C'est mon histoire. C'est exactement ce qui m'est arrivé.' Ce n'est pas la tenue qui est la cause des violences sexuelles, c'est la personne qui commet l'agression. Offrir un espace dans lequel les victimes trouvent ce répit intérieur et obtenir la prise de conscience du public sont les deux motivations de ce projet. »

Enfin, pour donner encore plus de force aux témoignages, les personnes au départ de cette initiative éducative ont souhaité donner la parole à des victimes locales. Ainsi, on apprend que les récits proviennent d'étudiantes de l'université et des grandes écoles. Pour faire raconter leur histoire, celles qui le souhaitaient pouvaient demander un entretien individuel, passer par des forums anonymes, par un journal qui avait été exposé dans la galerie, ou encore sur les réseaux sociaux à l'aide de hashtags. L’exposition ayant lieu dans l’Université du Kansas, son impact est donc encore plus puissant.

Pour faire prendre conscience à tout le monde que la tenue d’une femme n’est absolument pas responsable de son agression, voici quelques clichés de l’exposition « Tu étais habillée comment ? » :

Crédit photo : JENNIFERSPRAGUE

Crédit photo : JENNIFERSPRAGUE

« Un maillot de bain. On avait fait du canoë toute la journée sur la rivière. C'était vraiment super. Ils sont ensuite venus dans ma tente alors que j'étais en train de me changer. »

Crédit photo : JENNIFERSPRAGUE

« Mon t-shirt jaune préféré, mais je ne me souviens plus quel pantalon. Je me souviens que je me sentais tellement perdue, que tout ce que je voulais, c'était sortir de la chambre de mon frère et continuer à regarder mes dessins animés. »

Crédit photo : JENNIFERSPRAGUE

« Un pantalon droit et un haut habillé. Je devais faire un exposé ce jour-là en cours de communication. Ils ont pris mes vêtements à l'hôpital pendant l'examen médical que j'ai subi après le viol. Je ne sais pas trop ce qu'ils en ont fait. »

Crédit photo : JENNIFERSPRAGUE

« Une robe d'été. Des mois plus tard, ma mère m'a reproché en regardant dans mon placard de ne plus mettre mes robes. J'avais six ans. »

Crédit photo : JENNIFERSPRAGUE

« Je ne suis pas allée au travail pendant deux jours après l'agression. Lorsque j'ai raconté à ma chef ce qui m'était arrivé, elle m'a posé cette question. Je lui ai rétorqué : un t-shirt et un jean, ce qu'on porte quand on va voir un match de basket, connasse ! J'ai démissionné sur le champ. »

Crédit photo : JENNIFERSPRAGUE

Source : Huffington Post

Au sujet de l'auteur : Clément P.

Journaliste