Pour offrir une alternative au coton, une entreprise française propose un jean fabriqué à 100% à partir d'orties

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Velcorex-Matières Françaises, une entreprise alsacienne de textile, entend révolutionner l’industrie en proposant un tissu 100 % orties. La « mauvaise herbe » est en effet une plante d’avenir : avec peu d’eau, sans pesticide et sans grand entretien, ses fibres constituent une matière à la fois solide et écologique !

En proposant son tissu de luxe (velours, soie…) à des marques haut de gamme comme Agnès. B, Hugo Boss, Armani ou Max Mara, le groupe alsacien Velcorex-Matières Françaises croit fort en son avenir. Pour preuve, l’entreprise lance sa propre marque de vêtements et investit sur des matières écologiques.

L’ennemi est clairement pointé du doigt : le coton ! L’alternative proposée est étonnante puisqu’il s’agit de l’ortie, que l’on qualifie trop souvent (à tort) de mauvaise herbe.

Le coton, un textile peu écologique qui inonde le marché

Pierre Schmitt, le président du groupe, explique au micro de France Inter qu’aujourd’hui « pour faire un jean en coton, il faut entre 5 000 et 10 000 litres d'eau. Et d'ajouter que la plupart des gens ne s'en rendent pas compte. (...) Selon les spécialistes, entre 30 et 50 % des pesticides sur la planète sont utilisés pour la culture du coton. » Pourtant, il existe de nombreux textiles « naturels » et beaucoup plus écologiques. Certains sont encore courants à notre époque où le coton a progressivement envahi l’ensemble du marché. On peut citer par exemple le lin ou le chanvre. Mais le groupe français veut aller plus loin avec un pantalon 100 % ortie. L’idée peut sembler folle et excentrique, mais ce serait oublier les nombreuses qualités de cette plante !

Cette approche écologique du tissu prend de l’ampleur chez les fabricants, même si le mouvement reste limité. En Italie par exemple, la marque Salvatore Ferragamo propose une robe avec un tissu à base de fibres d’agrumes récupérées dans des usines. En 2014, Pharell Williams avait fait le buzz avec sa collection capsule de jeans « RAW for the Oceans » disponible chez G-Star RAW fabriqué avec des matières recyclées provenant des océans.

Crédits : David Gowman

L’ortie, une plante aux nombreuses possibilités

Depuis l’antiquité, l’ortie est présente dans les jardins aux côtés des grandes herbes médicinales. Ses qualités médicales sont reconnues, la plante a notamment des vertus diurétiques ou antirhumatismales et est riche en fer et en vitamines A et C. Elle est également utilisée en cuisine, principalement sous forme de soupe. Lorsque la plante grandit, de vraies branches apparaissent. Celles-ci sont riches en fibres, comme le chanvre, et permettent ainsi de tisser des toiles. Ce qui n’était pas utilisé pouvait servir de fourrage pour les animaux. Pour l’anecdote, Ötzi, la « momie » vieille de 5 000 ans retrouvée en 1991 dans les Alpes sur la frontière Italo-suisse, tenait un poignard en silex avec un fourreau réalisé en fibres d’ortie.

Sa disparition progressive commence au XIXe siècle, alors que la science se développe et que les citadins commencent à donner moins d’importance aux vertus des plantes médicinales. Un épisode de l’histoire de cette plante raconté par Victor Hugo, qui dédie un poème à l'ortie dans Les Contemplations et rappelle son utilité dans Les Misérables.

Aujourd’hui, si la production existe toujours de façon presque confidentielle, son utilisation se limite à sa consommation alimentaire, la fameuse soupe d'ortie. L’entreprise française relance donc avec son pantalon la filière en France. Plus difficile encore est la tâche de recommencer la production de masse de la transformation de la branche en tissu. Dans l’idéal, Pierre Schmitt assure que la production pourrait commencer rapidement pour une commercialisation courant 2 018.

Crédits : DR


Source : France Inter

Au sujet de l'auteur : Salim Berkoun

Journaliste chef de rubrique cuisine & art de vivre