Condamné à la boucherie, ce cheval n'ayant qu'une seule oreille est sauvé par Bartabas qui l'intègre à son spectacle

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Un cheval à une oreille participe actuellement au dernier spectacle équestre de l’écuyer Bartabas, qui l'a sauvé de la boucherie.

Cela fait maintenant 3 ans que le célèbre théâtre équestre Zingaro, créé par Bartabas en 1984, a accueilli le bien nommé « Van Gogh », un fier Lusitanien à robe gris pommelé.

Participant au spectacle baptisé « Ex Anima », ce cheval âgé de 4 ans et demi présente la particularité de n’avoir qu’une seule oreille, d’où son patronyme qui lui a été donné en hommage au célèbre peintre néerlandais.

Van Gogh, ce cheval à une oreille sauvé de la boucherie par Bartabas. Crédit photo : Marion Turbana

« On ne sait pas s’il est né comme ça ou s’il a été blessé»

Semée d’embuches, l’histoire de l’animal ressemble à un conte de fée. Condamné en effet à l’abattoir, il a pourtant été sauvé de la boucherie en 2015 par Bartabas qui l’a intégré à son dernier spectacle. Un véritable ballet équestre dans lequel paradent une cinquantaine de chevaux dans une mise en scène endiablée, actuellement à l’affiche au Fort d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

« On ne sait pas s’il est né comme ça ou s’il a été blessé mais il n’a pas de cicatrice (…) De toute façon, il était condamné à la boucherie. C’est un ami qui m’a appelé du Portugal pour m’en parler et je l’ai acheté tout de suite. J’aime donner leur chance à des cas perdus, difficiles. Le cheval parfait n’existe pas », raconte ainsi Bartabas à nos confrères du Monde.

De cette cruelle existence, le cheval semble avoir puisé une force unique qui en fait l’une des figures de proue du spectacle. Les débuts n’ont pourtant pas été faciles, tant la bête semblait meurtrie.

« Il était misérable avec une blessure de fil de fer barbelé sur la cuisse (…) Mais il va devenir magnifique. C’est un Lusitanien très typé avec une tête busquée. Cette race donnait des chevaux de guerre. Et Van Gogh a une personnalité entière, beaucoup de sang comme on dit », explique le célèbre écuyer de 61 ans.

« Il ne faut pas faire d’erreur avec un cheval comme celui-là dont le rapport à l’homme n’a pas été simple »

Mis en scène l’an dernier, le spectacle « Ex Anima » révèle des chorégraphies où la beauté sauvage alliée à l’agilité équestre agissent comme un charme magnétique sur les spectateurs. Il faut dire que les chevaux sont les seules et uniques têtes d’affiche, les représentations étant dépourvues de voltigeurs pour la première fois depuis la création du théâtre, il y a 35 ans.

Avec son profil pour le moins atypique, Van Gogh participe du succès escompté et impressionne par son allure insaisissable. Bartabas doit d’ailleurs composer avec ce côté sauvage et inapprivoisé. Ainsi, bien qu’il ait réussi à lui faire accepter une cavalière depuis 6 mois, l’écuyer procède toutefois prudemment et n’autorise cette dernière - Emmanuelle Santini ndlr - à ne monter le cheval que 20 minutes par jour.

« Il ne faut pas l’abîmer pour qu’il grandisse correctement (…) Nous ne travaillons pas dans la contrainte. Pas dans la douleur physique non plus. Tout est très ludique. Il ne faut pas faire d’erreur avec un cheval comme celui-là dont le rapport à l’homme n’a pas été simple », explique ainsi Emmanuelle Santini, écuyère-artiste à l'Académie équestre de Versailles.

Si l’envie de voir la grâce de Van Gogh et des autres chevaux vous tente, rendez-vous donc au Théâtre équestre Zingaro au Fort d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), jusqu’au 3 mars 2019.

Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.