Paris 2024 : les épreuves de natation délocalisées dans un... stade de rugby ? Voici ce que l'on sait

Bouton whatsapp

Une information affirmant que les épreuves de natation des JO de Paris avaient été délocalisées du Centre aquatique, en construction, vers un stade de rugby, a fait le buzz ces dernières heures sur les réseaux sociaux. Mais qu'en est-il réellement ? Explications.

Alors que les Jeux olympiques de Paris - du 26 juillet au 11 août prochain - se rapprochent à grands pas, beaucoup d'observateurs s'inquiètent et se demandent si la capitale sera prête à temps pour accueillir l'événement.

Il faut dire que les incertitudes nées des délais de livraison de certains sites, ou encore de la qualité des transports en commun, entretiennent le doute et font dire aux plus sceptiques d'entre nous que cette édition court au fiasco.

Et pour ne rien arranger, quelques polémiques ici et là s'invitent dans les débats et viennent renforcer ce climat délétère autour de ces JO. La dernière en date a d'ailleurs provoqué un petit tollé sur les réseaux sociaux, sans que l'on sache véritablement s'il s'agissait d'une information crédible ou d'une fake news.

Paris 2024 : la natation délocalisée dans un... stade de rugby, à cause d'un centre aquatique trop petit ?

Tout a commencé avec la parution dans L'Express d'un dossier complet sur Paris 2024, qui évoquait notamment le fameux Centre aquatique olympique (CAO), situé en face du Stade de France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Dans cet article factuel, les journalistes de l'hebdomadaire reviennent sur le budget alloué à ce nouveau bâtiment, toujours en construction.

« La piscine olympique était censée coûter 67,8 millions d’euros dans le dossier de candidature. Estimation montée à 90 millions d’euros dans le projet définitif, en septembre 2017. Mais aucun géant du bâtiment ne pense pouvoir construire l’édifice à ce prix-là. En avril 2018, un rapport de l’inspection générale des finances évalue le dossier à 260 millions d’euros. Un consortium emmené par Bouygues emporte finalement le marché pour 174 millions d’euros en 2020 », peut-on lire ainsi dans cet article.

Cette information sur le dépassement de budget a ensuite été reprise par certains comptes X (anciennement Twitter) se revendiquant comme médias d'actualité. C'est notamment le cas de @CerfiaFR qui surenchérit, en laissant entendre que les 174 millions d'euros auraient été dépensés inutilement puisque les épreuves de natation ont finalement été délocalisées dans un... stade de rugby, en raison d'une « capacité d'accueil insuffisante » (capture d'écran ci-dessous). Une affirmation lourde de sens.

Très vite, certains - dont le chroniqueur de TF1 Christophe Beaugrand - ont relayé l'information sans en vérifier les tenants et aboutissants, à tel point que de nombreux internautes ont commencé à s'indigner d'une telle décision. Mais après vérifications, il apparaît que cette affirmation est, en réalité, complètement fausse. En effet, le Centre aquatique n'a pas été construit pour héberger les épreuves olympiques de natation. Celles-ci devaient initialement se tenir dans un complexe éphémère, avant que les autorités compétentes modifient leur plan en 2020.

« À aucun moment il n'a été prévu d'accueillir dans ce CAO les épreuves de natation course. Elles étaient prévues juste à côté de ce nouvel équipement, dans une structure provisoire qui devait faire 15.000 places. Et quand effectivement Paris 2024 a rechallengé l'ensemble des coûts (en 2020 ndlr), on s'est aperçu qu'il était bien plus efficace de mettre à la Paris La Défense Arena les épreuves de natation devant 18.000 à 19.000 personnes. Donc nous, on a gagné en termes de public dans une arène qui n'était plus provisoire mais définitive. Mais en tout cas, depuis le début, il n'est pas prévu de mettre des épreuves de natation dans le CAO », a ainsi rappelé Laurent Ciubini (directeur général de la Fédération française de natation), au micro de RMC.

« On avait réfléchi à cette question-là avec la Métropole Grand Paris, mais pour des questions de coût on ne pouvait pas avoir un site fixe à 15.000 places, ça n'avait pas de sens. D'ailleurs il y en a de moins en moins qui sont construits dans le monde », a ajouté l'intéressé.

Il s'agit donc bien d'une fausse polémique qui est peut-être née d'une confusion, car beaucoup semblent confondre la piscine olympique - qui sera installée de manière provisoire, le temps de la compétition, au sein de la Défense Arena de Nanterre -  avec le Centre aquatique olympique, un bâtiment permanent qui sera, lui, inauguré en avril prochain et qui accueillera les épreuves de natation artistique, de plongeon et de water-polo pendant les Jeux.


Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.