À la cantine, 70% des enfants mangent de la viande et du poisson tous les jours : Greenpeace alerte

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Un débat réchauffé ? En tout cas, la consommation de viande et de poissons au sein des cantines scolaires déchaîne toujours autant les passions. Et ce n'est pas Greenpeace qui dira le contraire avec l'étude participative qu'elle a réalisé et révélée à l'aube du débat sur la loi Alimentation, appelée Egalim.

Crédit image : shutterstock.com / Africa Studio

Alors qu'aujourd'hui les députés vont passer à table autour du texte Egalim, il semblerait qu'un autre débat cristallise les tensions. En discussion ? La surconsommation de viandes et de poissons au sein des écoles où, selon l'ONG, près de 70% des élèves trouve de la viande ou du poisson dans leurs assiettes, tous les midis. En substance, 7 enfants sur 10 se voient dans l'obligation de manger des protéines animales. Une situation dangereuse selon Greenpeace : « C’est énorme, surtout lorsque l’on connaît les méfaits de la surconsommation de viande sur la santé ».

Cette étude a été réalisée de septembre 2017 à février 2018, et a été possible grâce au recueil de 12 000 contributions sur la base de 3 200 communes afin de réaliser une cartographie de la consommation de viande et de poisson au sein des cantines scolaires. Pour Greenpeace, le problème est à la fois écologie et sanitaire. Pour comprendre pourquoi Greenpeace alarme sur la présence quotidienne de protéines animales, il faut se rapprocher de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) et ses recommandations nutritionnelles. Ce qu'a fait l'ONG.

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L'ANSES, en ce sens, recommande de « 12 à 29 g/jour pour des enfants de 3 à 11 ans, soit de 4,8 g à 11,6 g pour le seul déjeuner ». Or, l'étude de l'ONG a observé des chiffres bien différents : « Si l’on suit ces recommandations officielles pour le déjeuner, la viande et le produit laitier apportent à eux seuls de 2 à 4 fois les apports conseillés par les scientifiques pour un enfant en école primaire (224 % de l’ANC pour un garçon de 11 ans, 361 % pour un garçon de 6 ans et jusqu’à 416 % pour un petit garçon de 3 ans) » et de rappeler que « un fort apport en protéines animales, et en particulier celles issues des produits laitiers, est associé à des risques de surpoids et d’obésité plus tard. »

De leurs côtés, les végétariens sont laissés pour compte. En effet, seul 1 enfant 10 (9%) se voit dans la capacité de manger végétarien. Et s'il suffirait de se dire qu'il lui est possible de laisser la viande de côté, Greenpeace a un temps d'avance : « Si les enfants laissent la viande ou le poisson de côté, ça veut dire qu’ils vont se retrouver à manger simplement un accompagnement et donc ce ne sera ni sain, ni équilibré », explique la chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France, Laure Ducos, à Franceinfo.

Les solutions ?

L'ONG, en plus de pointer du doigt les conséquences sanitaires d'une surconsommation de viande a évoqué le problème que la viande pose face à une écologie toujours plus sensible. « Antibiorésistance, pollutions de l’eau et de l’air… Ces impacts indirects ont également des répercussions néfastes sur notre santé et celle de nos enfants » et de rassurer : « Il ne s’agit donc pas ici de supprimer toutes les sources de protéines animales mais simplement d’en consommer moins et de meilleure qualité. »

De meilleure qualité car, en effet, l'ONG interpelle sur la viande et le poisson que l'on sert aux enfants : « L’idée est de réduire cette quantité de viande et de produits laitiers pour plus de qualité, pour que cette viande soit produite localement et qu’elle serve les éleveurs qui ont des pratiques vertueuses ». Greenpeace appelle donc en ce sens à une consommation de viande annuelle de 16kg par habitant maximum, « tous produits carnés confondus ». Concernant les produits laitiers « Greenpeace recommande une consommation moyenne mondiale annuelle de 33 kg par habitant en 2050, soit 630 g par semaine. »

Quid du plan de diversification des protéines ?

Pour l'ONG, il s'agit d'un plan « peu ambitieux » qui n'ouvre pas le débat sur les menus végétariens et ne laisse pas la place à l'ambition d'un régime végétal. En effet, bien qu'il y ait eu des propositions en ce sens, toutes ont été rejetées par le gouvernement. Concernant les établissements scolaires, l'Egalim ne prévoit aucune obligation hormis celle de diversifier les sources de protéines mais qui ne dispose pas d'objectif chiffré et qui en ce sens, « est trop peu ambitieux pour un Projet de Loi qui se veut être un levier d’action en matière d’alimentation durable » selon Greenpeace.

Source : Greenpeace

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste