À Montreuil, la police emploie la manière forte pour déloger quelques dizaines de parents d'élèves protestant contre une usine chimique à proximité d'une école

À Montreuil, des parents d'élèves et des riverains qui entendaient manifester pour exiger la fermeture d'une usine de traitement chimique de déchets aéronautiques, considérée comme « toxique » et située juste à côté d'une école primaire et d'une école maternelle, ont été brutalement délogés par les forces de l'ordre. 

Si la méthode employée pour disperser cette petite centaine de parents a été qualifiée de « disproportionnée », les habitants accusent l'État de chercher à tout prix à protéger les intérêts des constructeurs aéronautiques travaillant avec l'usine.

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Six manifestants blessés, deux personnes menottées et emmenées au commissariat... Des « casseurs » ? De dangereux militants anarchistes le sabre entre les dents ? D'effrayants black blocks venus d'outre-Europe, tout exprès pour défoncer les abribus de notre beau pays ? À vrai dire, pas vraiment.

À Montreuil, la petite centaine de parents d'élèves et de riverains qui s'était rassemblée à proximité de l'école primaire Jules-Ferry 1, dans une ambiance bon enfant, ne pensait pas déclencher une intervention policière musclée par son action. 


Troisième cas de leucémie rare dans la même rue

Des pères et des mères de famille, des voisins, qui entendaient simplement protester contre l'usine de traitement chimique déchets aéronautiques, se trouvant à quelques mètres seulement de l'établissement. Très vétuste, l'usine est accusée de représenter un danger de contamination toxique pour les enfants.

Spécialisée dans le traitement des pièces mécaniques d’avion, la SNEM (Société nouvelle d’eugénisation des métaux) avait déclaré en 2015 produire plus de 37 tonnes de « déchets dangereux ». 

Les habitants de la zone où officie ce sous-traitant d'Airbus et Safran réclament sa fermeture, depuis qu'un troisième cas de leucémie rare se soit récemment déclaré, dans la même rue, chez un élève de CM2. 

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Lacrymogènes dans la cour de récréation

« On est pacifiques ! Arrêtez ! », répète inlassablement un homme, dans une vidéo amateur, tandis que les CRS tentent d'arracher des manifestants au groupe. Peine perdue : six personnes seront blessées au terme de l'intervention, deux seront menottées et placée en garde à vue pour « refus de coopérer».

D’après des témoins, une grenade de désencerclement aurait même été lancée par la police, rapporte Le Parisien. Basée sur le fonctionnement du shrapnel, cette arme non-létale, mais pouvant occasionner des blessures sévères, ne doit normalement être utilisée qu'en dernier recours, en cas de danger, lorsque les forces de l'ordre sont encerclées et menacées « par des groupes violents et/ou armés » selon une circulaire de la police nationale.


Encore choquée, Marie Pavlenko, l'une des manifestantes, raconte au Monde« On s’était regroupés devant l’entrée dans une ambiance bon enfant quand un des policiers est arrivé en nous disant : “Nous allons faire usage de la force”. Ils ont commencé à charger en nous écrasant avec leurs boucliers. Un CRS m’a attrapée et jetée à terre comme un sac-poubelle. »

Le responsable local de la Fédération des parents d'élèves (FCPE), Antoine Peugeot, affirme en outre que des gaz lacrymogènes sont arrivés jusque dans la cour de l'école, alors que les enfants étaient encore en récréation.

La mère de l'un des enfants ayant développé une leucémie aurait également été matraquée.

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L’usine, mise en demeure début août à la suite d’une visite d’inspection, mais dont la fermeture « n’est pas justifiée », selon la préfecture, fera l’objet d’un contrôle « mi-novembre au plus tard ».

Ce jeudi matin, les gardes à vue des deux parents d'élèves arrêtés ont été prolongées. " Un recours abusif et injustifiable à la force ", selon le député FI Alexis Corbière, qui demande leur libération imédiate dans un communiqué de presse.

Le maire de Montreuil, Patrice Bessac, exige pour sa part lui aussi une « libération immédiate des gardés à vue » et que « l’ensemble des poursuites engagées soient abandonnées ». La municipalité précise qu’elle s’est engagée à exiger des services de l’État « une totale transparence en demandant la mise à disposition publique de l’intégralité des études réalisées depuis 2007 ».


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Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste