À Séméac, le « Mur de la honte de l'Occitanie » est tombé

Occitanie — À Séméac, le « mur de la honte » est tombé. Ce sont les opposants au projet eux-mêmes qui ont abattu le mur qu'ils avaient construit en début de semaine, afin de barricader l'entrée de l'ancien hôtel F1 qui devait accueillir des demandeurs d'asile.

Laurent Teixeira, le responsable du Collectif Séméac, a reconnu le caractère « choquant » de l'action coup de poing dont il avait été à l'origine. Il assure que le collectif a décidé de mettre fin à l'action, après que l'Adoma, la société qui va gérer le centre d'accueil, a validé certaines de leurs propositions, visant selon lui à s'assurer du bon accueil des migrants. 

« On est satisfaits », explique Laurent Teixera, qui se défend fermement d'être « antimigrant ». « Nos propositions ont été validées par l’Adoma et sont relatives à la scolarisation des enfants dès la rentrée et à des discussions régulières avec les différents acteurs. L’Adoma mettra les moyens nécessaires, notamment en personnel pour un bon fonctionnement du centre d’accueil ». En effet, justifie-t-il à l'AFP, dès lors que les demandeurs d’asile « sont heureux » dans le centre, ils seront heureux de vivre avec la communauté qui les entoure, et ne poseront pas de problèmes.

Le bien-être des réfugiés : c'était bien là la seule préoccupation du collectif, jure M. Taixera. Se disant désormais rassuré, le groupe a entrepris de démonter le mur ce mercredi matin, le faisant disparaître aussi vite qu'il avait été construit. L'initiative avait déclenché une vive polémique ces derniers jours, ainsi qu'une intense vague d'indignation, largement relayée par la presse et les réseaux sociaux.

Collectif Séméac

Quelle qu'ait été la motivation originelle de ce collectif, le symbole était là : un mur, une séparation en béton pour empêcher quelque 80 migrants (dont la moitié d'enfants) de trouver refuge.  L'histoire avait d'ailleurs été reprise avec bonheur par de nombreux sites d'extrême-droite, et largement relayé sur le net par la fachosphère, saluant la « courageuse action » de ces « patriotes ».

Se sentant pousser des ailes, certains d'entre eux se prenaient même à déplorer l'absence de miradors, de barbelés et de mitrailleuses automatiques (et ce n'est malheureusement pas une blague). 

Collectif Séméac

La construction du mur de Tarbes avait très vite enflammé la presse et les réseaux sociaux, certains s'interrogeant sur une éventuelle émulation du Mur de Donald Trump, d'autres voyant cela comme un triste succédané du mur de Berlin. Néanmoins, il s'agissait d'une action positive, selon les membres du Collectif Séméac :  « [Le mur] a permis que le centre se fasse dans les meilleures conditions. On a réussi à les alerter ! »

Que le symbole du mur pour bloquer les migrants ait été mûrement réfléchi, ou qu'il s'agisse juste d'une tentative bien  maladroite pour interpeller les autorités locales, une chose est sûre : aujourd'hui, le mur de Tarbes n'est plus. Reste à faire tomber celui de la haine et des préjugés.


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