Bonne nouvelle : passée par surprise, une loi interdit à terme la captivité des dauphins et des orques en France !

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Dans quelques années, il n'y aura plus de dauphins captifs en France : c'est ce que promet un arrêté interministériel, publié ce samedi 6 mai au Journal Officiel. Tombé comme un coup de tonnerre sur les parcs aquatiques et autres delphinariums, le texte prévoit entre autres d'interdire formellement en France la reproduction des orques et dauphins en captivité, ainsi que les achats ou les échanges avec d'éventuels autres bassins à l'étranger.

Concrètement, ce texte signifie que les cétacés actuellement détenus en France feront partie de la toute dernière génération à vivre dans des bassins — et promet, à terme, la fin totale de la captivité de ces animaux dans l'hexagone !

Crédit photo : Common dolphin portrait / Shutterstock


Le texte devait, au départ, imposer des normes plus strictes, des conditions plus rigoureuses aux établissements, et notamment un élargissement de la taille des bassins et l'obligation de conduire certains travaux spécifiques pour améliorer les conditions de vie des mammifères marins et garantir leur bien-être. Par contre, le texte ne prévoyait pas du tout, à l'origine, d'interdire la reproduction des dauphins en captivité !

Cette disposition, glissée à la dernière minute par la ministre de l'environnement Ségolène Royal, sans avertir ni les ONG ni les professionnels du secteur, a créé la surprise…

Évidemment, si certains ont été agréablement surpris par la nouvelle, ce n'est pas vraiment le cas des propriétaires de parcs aquatiques, qui crient au scandale et se disent « stupéfaits » et « en colère » par cette clause supplémentaire discrètement ajoutée aux trente-trois articles de l'arrêté, à la veille de l'élection présidentielle.

Crédit photo : Atlantic Bottlenose Dolphins / Shutterstock


Pour les écologistes et les militants de la cause animale, l'abolition de la captivité des cétacés représente une victoire de premier plan. Diverses associations se sont exprimées favorablement à ce sujet : en effet, elles considèrent que les grands mammifères marins sont des animaux qui ne sont pas faits pour vivre en captivité, notamment parce qu'ils sont physiquement destinés à nager sur des kilomètres, et parce qu'on sait depuis plusieurs années déjà qu'ils sont dotés d'une sensibilité accrue et d'une intelligence extrêmement développée.

En revanche, si les ONG se réjouissent, la grogne commence à monter chez les professionnels du secteur : ces derniers avaient en effet accepté de réaliser des investissements dans les enclos afin de garantir des conditions de vie améliorées, conformes à la nouvelle loi, en échange de la garantie de voir leur activité perdurer, et de pouvoir continuer à faire se reproduire les animaux. Aujourd'hui, ils ont le sentiment d'avoir été trahis et d'avoir été menés en bateau par les législateurs.

Cité par Le Monde, Rodolphe Delord, président de l’Association française des parcs zoologiques, s'indigne du fait que cette décision n'a fait l'objet d'aucune concertation. Directeur du zoo de Beauval, Monsieur Delord avait en effet participé aux négociations qui ont conduit à l'élaboration du texte, en discussion depuis vingt mois. Amer, il explique que, de son point de vue, « L’interdiction de la reproduction va à l’encontre du bien-être animal, car ces animaux sont faits pour se reproduire. Avant d'ajouter : Vous imaginez dans quel état se trouve le personnel qui travaille avec eux ? »

D'emblée, il annonce la couleur : les parcs feront le strict minimum en matière d'amélioration des conditions de vie des animaux, prévient-il. « On ne peut pas leur demander à la fois de faire des travaux, des investissements importants, et à la fois d’arrêter leur activité ! »

Le « strict minimum » imposé par la loi, cependant, promet déjà un immense bond en avant pour l'amélioration des conditions de vie des derniers cétacés captifs, qui finiront ainsi tranquillement leur vie dans les aquariums. Outre l'augmentation de la taille et de la profondeur des bassins prévues par l'arrêté, (3 500 m2 minimum pour les orques, contre 800 m2 jusqu'à présent), divers aménagements devront être faits pour recréer des conditions de vie au plus proche de la nature. Les travaux d'enrichissement des bassins imposent ainsi des courants, des vagues, des zones d'ombre et des cascades pour que les animaux puissent se sentir comme chez eux, et « éviter l'ennui et la frustration ».

Seront interdits les échouages des animaux à des fins de spectacle, les effets sonores et lumineux stressants, les contacts directs des animaux avec le public, ainsi que les présentations nocturnes.

Les parcs auront un délai de six mois pour prendre des mesures en conséquence. 
Crédits photo : Two dolphins swim in the pool / Shutterstock
Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste