Décidément, en Savoie, les vaches ont du souci à se faire ! Après l'affaire des cloches et de la pétition pour les faire interdire à cause de leur tintement « insupportable », après les plaintes pour les odeurs du bétail ou encore les accusations de nuisances sonores à cause du chant du coq, c'est désormais au tour d'un agriculteur de Vailly, en Haute-Savoie, d'être convoqué à la gendarmerie.
Motif : la dizaine de vache de ce petit producteur de lait provoquerait... des embouteillages ! Une plainte a été déposée contre l'éleveur pour « obstruction sur la voie publique » par une automobiliste, fâchée d'avoir dû attendre à cause du passage de ses bovins sur la petite route qui relie la ferme et le pré.
Capture ecran BFM
Pour traire les vaches, chaque jour, Julien Chatelain doit emprunter, sur environ 800 mètres, l'unique petite route de son petit hameau. Bien obligé : « il y a des barbelés d'un côté, un fossé de l'autre. Il y a deux ponts à traverser, on est obligés de passer dessus », explique-t-il à RMC.
Mais voilà : cet été, une automobiliste n'a pas du tout apprécié le fait de devoir patienter quelques minutes, le temps que les quelques vaches fassent le chemin. Même si les usagers quotidiens des petites routes de campagne sont normalement coutumiers des ralentissements de circulation parfois provoqués par les tracteurs et les animaux, il faut croire que cette conductrice avait à cœur de se montrer procédurière. Résultat : une plainte pour «obstruction de la voie publique» déposée à la gendarmerie !
Julien Chatelain, jeune agriculteur de 27 ans, a vraiment du mal à saisir le sens de ce genre de plainte, lui qui vient tout juste de reprendre l'exploitation familiale :
«C'est pour eux qu'on se lève tous les matins pour produire du lait, faire de la céréale, lâche-t-il au micro de RMC. On essaie de travailler mais là, » obstruction de la voie publique « juste parce qu'on ramène 10 vaches à la salle de traite deux fois par jour... je ne comprends pas».
On s'étonnera ensuite que l'agriculture paysanne traditionnelle se meurt, et que de moins en moins de jeunes ne reprennent l'activité de leurs parents...
Qu'on se rassure, au demeurant, sur le sort qui attend Julien Chatelain et sur les risques jurdiques qu'il encourt potentiellement : si l'enquête va jusqu'à son terme, il pourrait encourir une amende qui pourrait s'élever jusqu'à... 35 euros.
Mais on peut aisément comprendre l'énervement, la sensation d'humiliation et le sentiment d'injustice qu'il peut éprouver à l'heure actuelle. Sur les réseaux sociaux, son histoire a d'ailleurs été largement commentée et partagée plus de 60 000 fois :