Ce Franprix du 19e arrondissement de Paris est « interdit aux racistes »

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Se lever et s'indigner. Poser des mots sur des maux. Et ne plus rester stoïque face à ce qu'il peut se passer devant soi. Jean-Jacques, un gérant d'une franchise Franprix, a haussé le ton et s'est armé de mots pour exprimer son ras-le-bol face au racisme persistant au sein de son magasin, en placardant une affiche qui interdit l'entrée aux racistes. Une initiative qui a été applaudie.

Dans le 19e arrondissement de Paris, il existe un Franprix qui « est interdit aux racistes !! ». C'est à la « suite de trop nombreux problèmes que d'aucuns trouvent normal et qui tournent toujours autour de la couleur des employé(e)s » qu'une pancarte a été affichée à l'entrée du magasin pour dissuader les personnes susceptibles de tenir des propos racistes d'y entrer. Son initiateur ? Jean-Jacques, le gérant du Franprix, qui explique au Huffington Post qu'il est fatigué des insultes récurrentes au sein de son magasin : « J'en ai marre, ça n'arrête pas. Depuis que j'ai ouvert ma boutique, je me fais insulter quotidiennement. » 

Comme il l'explique, ce message n'est pas le résultat d'une énième situation à problèmes mais plutôt d'une sensation de besoin. Le besoin d'élever la voix contre ce racisme décomplexé. Et s'il se fait insulter de « sale juif », il n'est pas le seul à qui l'on rappelle ses origines de façon violente et haineuse. Jean-Jacques tient également à défendre ses employés qui ne sont pas en reste quant aux insultes racistes et parfois les clients eux-mêmes : « Une fois sur deux, c'est moi qui suis la cible, mais mes employés en prennent pour leur grade aussi, tout le monde y a droit » explique-t-il au Huffington Post.

Au Parisien, Jean-Jacques raconte une anecdote récente : « Lundi encore, un employé a surpris un noir qui piquait dans les rayons. Il s’est fait traiter de Ben Laden par le voleur » et rajouter que les femmes aussi ont le droit à leur lot d'insultes. « Il y a aussi fréquemment des remarques sexistes ou des insultes envers le personnel féminin ». Mais Jean-Jacques assure que cette affiche ne s'adresse pas à sa clientèle fidèle. « On a aussi et surtout des clients très courtois qui soutiennent d'ailleurs notre initiative » déclare-t-il au Huffington Post.

Jean-Jacques est ferme. Et alors que cette affiche intervient après qu'il a déposé trois plaintes, sans en connaître aucun aboutissement, il insiste sur le besoin d'être à l'écoute et de pouvoir intervenir en cas de problème : « On veut montrer aux clients qui n'osent pas se défendre qu'ils peuvent venir nous voir, qu'on ne laissera pas ce genre de choses passer inaperçues ». D'ailleurs, les clients sont, selon lui, très satisfaits de cette initiative. « L’affiche aurait mérité d’être un peu mieux travaillée. Mais c’est une excellente initiative. Ça ne fait pas de mal de rappeler les règles de respect élémentaires » confie un client au Parisien.

Pas contents ? C'est la même chose pour ce commerçant qui est bien déterminé à faire bouger les choses au sein de commerce. « C'est mon magasin, C'est chez moi. On ne me fait pas chier ! » et il faudrait donc composer avec « des arabes, des noirs, des asiatiques, des juifs, des blancs et autres...» qui travaillent dans son Franprix. C'est dit.

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste