Seul médecin à bord et malade, il prend une décision qui a marqué l'Histoire de la médecine. Attention, image choc !

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Le docteur Leonid Rogozov a marqué l’histoire de la médecine en 1961, en procédant à une opération chirurgicale… sur lui-même. Découvrez son incroyable histoire !


« Il semblerait que j’ai l’appendicite. Je reste discret à ce sujet, je souris même. Pourquoi apeurer mes amis ? Qui pourrait aider ? La seule rencontre entre un explorateur polaire et la médecine, c’est d’avoir été dans une chaise de dentiste… »… C’est par ces mots que le docteur Leonid Rogozov, visiblement inquiet, a décrits dans son journal de bord ses premiers sentiments concernant sa maladie.

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Une odyssée chirurgicale en Antarctique


Nous sommes en 1961. Leonid Rogozov fait partie de la sixième expédition soviétique en Antarctique et il est le seul docteur dans cette équipe d’une douzaine d’explorateurs, basée à la station Novolazarevskaya. Le matin du 29 avril, il ressent quelques nausées, une légère fièvre et une douleur au niveau de l’abdomen droit. Son verdict est simple : il a contracté une appendicite. Coupé du reste du monde, le transport vers un centre médicalisé était impossible tandis qu’un transport aérien était inconcevable à cause des risques de tempêtes de neige.


Si les antibiotiques lui permettent de tenir convenablement, son état se détériore : sa température corporelle chute et les vomissements sont de plus en plus fréquents. Leonid Rogozov décrit sa souffrance dans son journal : « Je n’ai pas dormi la nuit dernière, ça fait tellement mal (…). Je n’ai toujours pas de symptômes évidents que la perforation est imminente mais j’ai un pressentiment… C’est ça… Je dois penser à la seule solution possible : m’opérer moi-même… C’est presque impossible… mais je ne peux pas baisser les bras et abandonner. »

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Une opération aux limites de l’extrême


Le 1er mai 1961, Leonid Rogozov s’entoure d’un chauffeur et d’un des météorologistes de la station, qui l’assisteront pendant l’opération. L’un s’occupait des instruments et l’autre tenait le miroir permettant au médecin, allongé mais légèrement incliné, à moitié tourné sur sa gauche, de voir les angles morts.


Au bout de 30-40 minutes, Rogozov commence à prendre de courtes pauses à cause de son état faible et le vertige. Il retire finalement la partie sérieusement affectée de son appendice, applique les antibiotiques dans sa cavité péritonéale et referme la blessure. L’opération a duré 1h45 !


Pour le principal intéressé, cela ressemblait à un véritable calvaire : « J’ai travaillé sans gants. C’était dur à voir. Le miroir aide, mais je travaille principalement au toucher. Le saignement était important mais j’ai pris mon temps (…). Je devenais de plus en plus faible, ma tête commençait à tourner. Toutes les cinq minutes, je me reposais 20-25 secondes. Avec horreur, j’ai vu cette tache noire à la base de l’appendice. Ce qui veut dire qu’une journée de plus et ça aurait éclaté. »

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« Au pire moment, où j’allais enlever l’appendice, j'ai faibli : mon cœur s’est ralenti, mes mains ressemblaient à du caoutchouc. Je pensais que ça allait mal finir, et tout ce qu’il restait à faire, c’était d’enlever cet appendice. Puis j’ai compris que, fondamentalement, j’étais déjà sauvé. »


Une opération historique, un héros modeste


Après l’opération, il a fallu cinq jours pour que sa température corporelle revienne à la normale, deux de plus pour retirer les sutures. L’image de cet homme s’opérant lui-même de l’appendicite, ses mains ensanglantées afin de se sauver, a eu une résonance particulière auprès du public soviétique.

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Il devint un symbole de détermination et d’instinct de survie, deux traits de caractère très chers aux Russes. Lorsqu’il retourna en Russie, le médecin fut naturellement décoré de l’Ordre du Drapeau Rouge du Travail, l’une des plus hautes décorations civiles de l’URSS.


Malgré tout le mérite qui lui revient, Leonid Rogozov ne s’est pas perdu dans la glorification personnelle. Très modeste à propos de son aventure, il s’est contenté de résumer son aventure avec une maxime des plus simples : « Un travail comme un autre, une vie comme une autre. »
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Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef