Il s'agit de la chenille d'une espèce bien spécifique de papillon de nuit, Galleria mellonella, qui a été étudiée par des chercheurs de l'Université de Cambridge, au Royaume-Uni. Dans la nature, au stade larvaire, cet insecte se nourrit de la cire d'abeille présente dans les ruches, ce qui en fait un véritable fléau pour les apiculteurs. Or, les sucs digestifs particuliers utilisés par la chenille pour décomposer les molécules de la cire peuvent également dégrader… le plastique ! En brisant les liens chimiques entre les molécules, dans leur processus de digestion, ces chenilles peuvent digérer le plastique de la même manière qu'elles peuvent digérer la cire d'abeille. Ainsi donc, cet animal considéré comme nuisible et dévastateur pourrait en fait s'avérer très utile en étant employé à des fins de nettoyage de la planète !
Un processus qui pourrait représenter une véritable révolution, puisque ces petits animaux peuvent faire des trous dans un sac plastique en l'espace d'une demi-heure à peine. En comparaison, les sacs plastiques peuvent prendre plusieurs centaines d'années pour se dégrader dans la nature !
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Imaginez un instant : chaque année, ce sont près de 80 millions de tonnes de polyéthylène qui sont produites dans le monde, pour produire des sacs plastiques, des emballages alimentaires, ainsi que d'autres produits. Ces matériaux dérivés de la transformation du pétrole sont extrêmement polluants, et un simple sac plastique jeté dans la nature peut prendre plusieurs centaines d'années à se décomposer.
Outre la pollution, les sacs plastiques mettent en danger les océans : ils peuvent empoisonner les oiseaux marins, étouffer les tortues ou les mammifères marins qui les confondent avec des méduses. Dans certaines zones, on trouve de véritables « mers de plastique » à cause des courants océaniques qui les concentrent dans des endroits spécifiques.
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Mais grâce à la chenille d'un papillon, la gallérie (galleria mellonella, aussi appelée « fausse teigne de la cire »), des scientifiques espèrent trouver la solution à ce problème, en exploitant ses capacités digestives.
« Les chenilles seront notre point de départ, explique le docteur Paolo Bombelli, chercheur en biochimie de l'Université de Cambridge, à BBC News. Nous devons encore comprendre dans les détails comment de processus opère, mais nous espérons aboutir à une solution technique qui permette de minimiser le problème de la pollution plastique ».
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Pas question d'introduire en grand nombre des larves de gallérie dans la nature, pour accélérer la décomposition des sacs plastiques jetés dans la nature : responsable de dégâts importants dans les ruches, dont elles consomment la cire, ce serait un véritable désastre pour les apiculteurs ainsi que pour l'environnement. En revanche, cela ouvre la voie pour découvrir de nouveaux moyens d'accélérer le processus de la dégradation du plastique, en comprenant mieux la façon dont les molécules peuvent être séparées au niveau moléculaire.
Évidemment, comme le souligne Paolo Bombelli, « ce n'est pas parce que nous savons comment dégrader le plastique de manière biologique, que nous devons en jeter partout dans la nature ». En revanche, ajoute le chercheur, cela pourra permettre à terme de trouver une solution durable pour nous débarrasser du plastique et sauver nos océans, nos rivières, nos forêts, des conséquences néfastes de l'accumulation du plastique.