C’est un constat alarmant que dresse Siddharth Kara sur l’esclavage ! L’étude réalisée par cet économiste et relayée par The Guardian rapporte qu’il y a presque deux fois plus d’esclaves aujourd’hui, qu’il y en a eu entre le XVIe et le XIXe siècle (estimé à 13 millions par les experts). Ce ne sont pas moins de 21 millions de personnes qui en seraient victimes de nos jours.
Pour arriver à ce constat, Siddharth a enquêté pendant 15 ans et a interviewé pas moins de 5 000 victimes dans 51 pays. Ses conclusions vont paraître en octobre dans son livre Modern Slavery, « l’esclavage moderne ». L’esclavage rapporte énormément pour les exploiteurs : « Il s’avère que l’esclavage moderne est nettement plus rentable que je ne l’avais imaginé. Les profits varient de quelques centaines de dollars par an à plusieurs centaines de milliers de dollars, pour un total annuel estimé à environ 150 milliards de dollars (127 milliards €) ». En effet, celui-ci génère un profit moyen de 3 978 $ (3400 €) par an et par victime.
Crédit photo : Jeune garçon qui travaille dans l'usine textile de Delhi, Inde / Shutterstock
D’après ses calculs, le trafic sexuel est le plus lucratif ! Il représente 5 % des esclaves modernes et près de 50 % du bénéfice total. De fait, le bénéfice moyen réalisé pour chaque victime est de 36 000 $ (30 400 €). Une somme énorme, qui explique que le retour sur investissement des esclavagistes est de 25 à 30 fois plus élevé qu’aux XVIIIe et XIXe siècle. Cela peut s’expliquer en raison des nombreux flux migratoires mondiaux : « La vie humaine est devenue plus sacrifiable que jamais. Les esclaves peuvent être acquis, exploités et jetés pendant des périodes relativement courtes et offrent d’immenses profits à leurs exploiteurs ».
Crédit photo : Un garçon tient la cage avec les yeux tristes et désespérés/ Shutterstock
Si on se réfère au rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) publié en décembre 2016, ce marché est à égalité avec celui des armes et de la drogue. Des millions de personnes sont exploitées, que ce soit des hommes, des femmes ou des enfants… Et cela dans de nombreux cas, pour les trafics d’organes, les travaux domestiques, les enfants soldats, des entreprises peu scrupuleuses, des esclaves sexuels. Les opportunités pour les trafiquants ont été multipliées à cause des différents conflits et crises qui ont fait se déplacer des millions de personnes.
Crédit photo : Femme kidnappée, attachée à la corde / Shutterstock
Le rapport a d’ailleurs identifié plus de 500 routes majeures par lesquelles ont transité des esclaves entre 2012 et 2014. Malgré les 9 071 condamnations pour crimes de travaux forcé et de trafic qu’il y a eu l’année dernière, les mesures prisent pour endiguer ce problème sont trop faibles ! Mettre fin à l’esclavage moderne est un défi majeur, qui est possible à réaliser en l’espace de deux décennies d'après Kévin Bale, professeur d'esclavage contemporain à l’université de Nottingham : « Je crois que nous pourrions mettre fin à l’esclavage pour un coût d’environ 23 milliards de dollars (19,5 milliards d’euros)».