Des femmes révèlent leurs cicatrices dans un puissant projet photographique

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Sophie Mayenne est une photographe londonienne, qui veut changer la manière de représenter la beauté et les cicatrices, à travers son projet photographique, « Behind The Scars ».

Voici quelques-uns de ses clichés

1. Maya

Depuis l'âge de ses dix-huit mois, Maya souffre d'Épidermolyse bulleuse dystrophique, une maladie génétique de la peau. Depuis un peu moins d'un an, sa condition s'est gravement détériorée : ce qu'elle parvenait auparavant à cacher devient de plus en plus visible, et elle a perdu énormément de confiance en elle, devant passer l'essentiel de son temps à cacher sa maladie aux regards des autres

Crédit photo : Sophie Mayenne

2. Mercy

Les cicatrices de Mercy sont des brûlures causées par un feu lié à des violences conjugales. Elle a été sévèrement brûlée à l'âge de 29 ans, et elle a dû parcourir énormément de chemin pour parvenir à accepter son corps après cela. Aujourd'hui, elle sent que ces cicatrices font partie intégrante d'elle, qu'elles sont une des raisons pour lesquelles elle est si forte aujourd'hui. Elle les porte fièrement, dit-elle, comme les plus précieux des bijoux, et pour cause  : elles sont la marque qui indique qu'elle est parvenue à survivre, à triompher de la douleur et à aller de l'avant.

Crédit photo :Sophie Mayenne

3. Tracey

Un jour, Tracey ne se sentait pas bien, et son docteur lui a dit de ne pas s'inquiéter : elle avait simplement attrapé froid. Malheureusement, son état a gravement empiré et elle a dû être internée aux urgences à cause d'une double méningite. Après avoir été plongée dans un coma artificiel pendant un mois et après avoir subi diverses opérations, elle a dû ré-apprendre à parler, à lire, à compter, à marcher...  Ses cicatrices sont les stigmates de sa trachéostomie et des tubes qui ont dû être insérés dans son corps pour la maintenir en vie

Crédit photo :Sophie Mayenne

4. Agnès

En 1997, alors qu'elle était âgée de seulement 7 ans, Agnès a survécu à une explosion de gaz. Au total, elle a subi 27 chirurgies de reconstruction, notamment du visage. Elle s'est toujours sentie bien et a toujours accepté ses cicatrices sans complexes, parce qu'elle les trouve belles et qu'elles racontent différentes histoires, ce qui en fait quelque chose de spécial. 

Crédit photo :Sophie Mayenne

5. Megan

À l'âge de 14 ans, Megan a sauvé un cheval abandonné nommé Fly. Elle est immédiatement tombée amoureuse de l'animal. Mais, tragiquement, alors qu'elle nourrissait les chevaux dans le champ comme chaque matin, Fly a essayé de ruer à cause d'un autre cheval derrière lui. Megan se trouvait au milieu, et le coup l'a atteinte au visage, juste au-dessus de l'œil gauche. Aujourd'hui, la jeune fille est âgée de 18 ans, et la cicatrice fait pour elle partie intégrante de son visage. Même après s'être vue proposer l'opportunité de supprimer la cicatrice grâce à la chirurgie esthétique, elle a refusé : « la beauté ne doit pas être symétrique », assure-t-elle !

Crédit photo :Sophie Mayenne

6. Bintu

Bintu n'a jamais connu son corps sans cicatrice, ou du moins, elle n'en a gardé aucun souvenir : elle était âgée d'à peine 11 mois quand elle a fait tomber sur elle une tasse de thé bouillant, qui a brûlé sa peau à partir de son épaule, jusqu'au-dessous de son sein gauche. Elle raconte qu'il y a des jours où elle oublie carrément qu'elle porte une cicatrice, des jours où elle se sent confiante en elle et où elle se dit que ce n'est pas grand-chose, et que tout le monde a des cicatrices à un degré plus ou moins variable. Mais selon les jours, il lui arrive aussi de se sentir complexée, surtout lorsqu'elle se sent jugée, qu'elle aperçoit que quelqu'un la regarde avec dégoût et qu'elle se souvient tout à coup qu'elle porte cette blessure.

Crédit photo :Sophie Mayenne

7. Isabella

« Aujourd'hui, je me sens un peu énervée vis-à-vis du monde. Je suis énervée, parce que ça fait aujourd'hui 2 années et 2 jours et je ne me sens toujours pas complète. J'ai été coupée, raccommodée, ré-agraffée, et pourtant je ne me sens pas entière aujourd'hui. Je suis énervée, car mes souvenirs et mes rêves de tout ce qui est arrivé ce jour-là se mélangent aujourd’hui avec le présent. Cela fait 2 années et 2 jours, et aujourd'hui je ne me sens pas bien. Mais je sais qu'un jour viendra où j'irai mieux. »

Crédit photo :Sophie Mayenne

8. Chloé

Chloé a commencé à se faire du mal, à s'automutiler et à se scarifier, quand elle avait 13 ans. Le problème avec l'automutilation, dit-elle, c'est que cela devient progressivement de pire en pire, et que l'on finit par faire encore plus de dommages et de dégâts à soi-même que ce que l'on croyait possible au début. Il y a un stade où même les chirurgiens plastiques ne peuvent plus réparer les cicatrices. Alors, à ce point, tout ce qu'il reste à faire, c'est d'apprendre à aimer ces cicatrices. Les aimer si fort que toutes les connexions négatives qui sont associées aux tempéraments autodestructeurs disparaissent, et s'évanouissent peu à peu. Mais cela prend du temps, et beaucoup, beaucoup de travail.

Crédit photo :Sophie Mayenne

9. Sam

« J'ai joué avec un pistolet une fois, quand j'avais 14 ans. Ce dernier m'a offert une vie entière en fauteuil roulant. Et malgré tout ce que vous pourrez penser, je n'ai jamais trouvé un seul instant une raison de me sentir victimisée par ma condition. Mes cicatrices physiques et mentales m'ont permis de devenir encore plus forte. Je rêvais de devenir joueuse de tennis... alors, je suis devenue joueuse de tennis. Je rêvais de devenir top-modèle, et, devinez quoi... je suis devenue top-modèle ! [...] je représente le fait que les personnes qui ont des limitations physiques ne sont pas forcément limitées dans leurs ambitions. »

Crédit photo :Sophie Mayenne

10. Isabella

« À l'été 2015, la maison dans laquelle je me trouvais a pris feu. Mes vêtements, ma vie, tout est parti en fumée. J'ai passé mon été entier dans un centre médical pour grands brûlés. Mes cicatrices continuent d'évoluer, mais moi, je ne me suis jamais sentie aussi belle. »

Crédit photo :Sophie Mayenne

11. Abi

Abi a été diagnostiquée d'une forme très rare et très agressive de cancer des os, l'ostéosarcome, à l'âge de 27 ans.

Crédit photo :Sophie Mayenne


Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste