L’ONG kenyane « Save the Elephants » a découvert que les pachydermes avaient changé leur comportement, sachant notamment comment se protéger des braconniers.
En Afrique australe, la lutte contre le braconnage et le trafic d’ivoire continue de gangrener la vie sauvage, et notamment celle des éléphants. Il y a quelques mois, la France prenait d’ailleurs l’initiative d’interdire le commerce d’ivoire, une première en Europe. Mais cela ne suffit pas à stopper ce fléau.
Cette semaine, nous apprenions que la population d’éléphants d’Afrique n’avait jamais été aussi basse, preuve que le pachyderme le plus célèbre du monde animal est encore en grand danger d’extinction. En 1970, il y avait plus de 1,3 million d’individus alors qu’aujourd’hui, on en compte environ 415 000 selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Inger Andersen, directrice générale de l’UICN, continue donc de tirer la sonnette d’alarme : « Ces nouveaux chiffres révèlent le sort vraiment alarmant de cette majestueuse, l’un des animaux les plus intelligents du monde et le plus grand mammifère terrestre vivant actuellement. »
« L’ensemble de la population d’éléphants d’Afrique a connu son pire déclin depuis 25 ans, principalement en raison du braconnage pendant les 10 dernières années » dénonce l’UICN. L’explosion du braconnage est due au trafic d’ivoire, un business évalué à 20 milliards de dollars par an, selon la Cites (Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction). Ce business est le quatrième commerce illicite le plus rentable du monde, après celui des armes, de la contrefaçon et des êtres humains.
Heureusement, il existe également des ONG prêtes à tout pour combattre les braconniers, ainsi que des réserves et des orphelinats, comme la fondation David Sheldrick Wildlife Trust, pour protéger les éléphants.
Par ailleurs, dans le parc national des Virunga, situé en République Démocratique du Congo, l’ONG kenyane « Save The Elephants » ont mené une étude après avoir équipé les éléphants de colliers permettant de les géolocaliser.
Grâce à ces outils, les membres de l’organisme ont remarqué un changement de comportement chez les troupeaux d’éléphants, qui évitent les zones à risques. Iain Douglas-Hamilton, fondateur de l’ONG, explique : « Plusieurs familles d’éléphants ont été vues en train de rôder autour des postes des rangers, ce qui suggère qu’elles ont appris à identifier les gardes forestiers comme des individus qui ne représentent aucun danger, en dépit du fait qu’ils soient lourdement armés ».
Ce changement d’attitude de la part des pachydermes démontre qu’ils sont dotés d’une bonne capacité d’adaptation. Ils savent à quels humains ils peuvent faire confiance et qui peut les protéger : « Contre toute attente, les éléphants ont senti qu’ils étaient plus en sécurité à cet endroit et marchent très près des gardes forestiers, même s’ils sont très volubiles. »
Une belle prouesse même si les gardes forestiers doivent rester en alerte car les braconniers savent eux aussi faire preuve d’adaptation pour tromper les éléphants et accomplir leurs méfaits. Le réel enjeu pour la survie des éléphants reste tout de même la législation concernant le trafic d’ivoire, et le débat en Afrique australe est toujours au centre des négociations.