Le 10 avril dernier, Jeannette Guyot expirait son dernier souffle à l’âge de 97 ans. Si ce nom ne vous dit rien, c’est bien normal puisque personne n’en a parlé… Pourtant, elle aurait mérité une place de choix au Panthéon. Découvrez l’histoire d’une résistante méconnue !
Derrière l’appel du 18 juin 1940 prononcé par le Général Charles de Gaulle, de nombreux jeunes Françaises et Français se sont engagés pour libérer la France de l’intérieur. De Jean Moulin aux époux Aubrac (Lucie et Raymond), en passant par Jean de Lattre de Tassigny, ils ont combattu corps et âme contre l’occupation nazie. Cependant, il existe des résistants qui sont tombés dans l’oubli, à l’instar de Jeannette Guyot, décédé à l’âge de 97 ans le 10 avril dernier dans l’anonymat le plus total. Pourtant, lorsque l’on découvre son histoire, cette femme mériterait vraiment sa place au Panthéon.
Résistante à 21 ans !
Née le 26 février 1919 à Chalon-sur-Saône, elle suit ses parents dans la résistance dès 1940 alors qu’elle n’a que 21 ans. Dans la clandestinité, son rôle consistait à exfiltrer des agents de la Résistance vers le régime de Vichy. Ensuite, elle devient agent de liaison, chargée de transmettre toutes sortes d’informations sur l’occupation nazie auprès de la Résistance. En février 1942, Jeannette Guyot est arrêtée et emprisonnée par la Gestapo, face auquel elle opte pour le mutisme, ne révélant aucun plan de la Résistance.
Par faute de preuves sur son implication, elle est relâchée tout en se faisant retirer son laissez-passer de la zone occupée à la zone de Vichy. Néanmoins, elle reprend ses activités de passeur, travaillant en étroite collaboration avec le Colonel Rémy, fondateur de la Confrérie Notre-Dame, l’un des mouvements de la Résistance. Cependant, ce réseau fut vite démantelé, en juin 1942, par la Gestapo, obligeant Jeannette Guyot à se réfugier à Lyon.
De Vichy à Londres, elle grimpe les échelons de la Résistance
Là-bas, elle rencontre Jacques Robert, qui travaille au sein du réseau clandestin « Phratrie ». Elle s’y engage et continue ses activités de résistante en participation à des opérations d’exfiltrations pour des citoyens français ou des alliés parachutés. Dans la cible des Nazis, elle est exfiltrée vers Londres le 13 mai 1943 et devient alors Jeannette Gauthier.
Dans la capitale britannique, la jeune résistante retrouve le Colonel Rémy (qui s’était échappé par bateau des Allemands) et suit une formation d’élite au renseignement militaire à l’école de Praewood House, dans le cadre du plan Sussex, dont l’objectif était d’espionner les opérations militaires allemandes afin de mettre en place le débarquement des alliés en Normandie. Cependant, celle qui est devenue lieutenant Guyot ne se plaît pas dans le travail bureaucratique et souhaite retourner sur le terrain.
Ainsi, le 8 février 1944, elle se retrouve parachutée à Loches, dans le Val de Loire, afin de repérer des planques destinées aux agents de l’opération Sussex. Parmi ses exploits, elle réussit à planquer l’un des agents dans le Café de l’Électricité de Montmartre (qui a été rebaptisé le Café des Sussex après la guerre), qui se situait à deux pas d’un bureau de la Gestapo.
Décorée dans trois pays, décédée dans l’anonymat
À la libération de Paris, le 25 août 1944, sa mission s’achève et accumule les distinctions pour ses actions héroïques. En France, elle reçoit la Légion d’Honneur et la Croix de guerre alors que la Grande-Bretagne lui remet la British George Medal où elle reçoit également le titre honorifique d’officier de l’ordre de l’Empire britannique. Enfin, elle est l’une des deux femmes décorées par les États-Unis de la Distinguished Service Cross… Emblématique !
Pourtant, à son décès, il n’y a que le Daily Telegraph, quotidien britannique, qui lui consacre une page entière pour lui rendre hommage. En France, sa mort passe totalement inaperçue et son nom n’est même pas mentionné lors de la dernière commémoration du 8 mai 1945. Jeannette Guyot avait opté pour la discrétion et une vie tranquille, épousant Marcel Gauchet, un autre agent de la Résistance. Une grande héroïne qui s’est éteinte en silence, mais qu’il ne faut surtout pas oublier… Qu’elle repose en paix !
Incroyable son histoire, n’est-ce pas ?