Marlène Schiappa indignée par la défense de Jonathann Daval, qui rejette partiellement la faute sur la victime

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En octobre 2017, le corps d'Alexia Daval, une femme de 29 ans, était retrouvé brûlé dans un bois de la Haute-Saône, alors que celle-ci avait été déclarée disparue par son mari un peu plus tôt. Jonathann Daval avait affirmé avoir vu pour la dernière fois son épouse alors que cette dernière partait faire un jogging. Coup de théâtre hier, mardi 30 janvier : Jonathann Daval, le mari de la victime, reconnaissait avoir étranglé sa femme, après quarante-huit heures de garde à vue.

Le comportement de la victime utilisé comme moyen de défense par l'équipe de Jonathann Daval

Pendant deux mois, il aura caché la vérité à ses proches, à la famille de son épouse qui continuait de lui faire confiance, aux médias et au monde. Hier, Jonathann Daval, informaticien de 34 ans, a avoué avoir étranglé sa femme, avant de brûler son corps, ensuite caché dans le bois de Gray-la-Ville. Immédiatement, l'avocat du suspect, maître Randall Schwerdorffer, s'est exprimé devant les caméras et a affirmé qu'Alexia « avait une personnalité écrasante », que Jonathann se sentait « rabaissé, écrasé » dans leur couple, et que ce sont « des mots de trop, une crise de trop » qui ont conduit le mari à perdre le contrôle et à commettre l'irréparable.

Maître Schwerdorffer refuse de parler « d'assassinat, de meurtre », dans la mesure où selon lui le crime n'était pas prémédité. La position défendue est la suivante : Jonathann a perdu le contrôle à la suite d'une altercation, et a involontairement étranglé son épouse, morte d'asphyxie. L'avocat déclare que Jonathann Daval sera « jugé pour trois, quatre secondes de sa vie » qui aurait abouti à ce qu'il considère comme un accident. Seulement voilà, faire passer un meurtre pour un accident en faisant la victime comme une "personnalité écrasante" n'est qu'une tentative de présenter des circonstances atténuantes pour éviter la perpétuité à son client.

« Ce n'est pas un mauvais homme, c'est un type formidable. Il a une grande sensibilité, il est d'une grande fragilité, il est d'une grande émotivité, et oui, effectivement, il a eu un accès de violence, et cet accès de violence a eu une fin dramatique »

Même si le corps a été brûlé et caché sous des branchages, l'équipe de défense de Jonathann Daval maintient que l'homme de 34 ans, mis en examen hier pour meurtre sur conjoint « n’a jamais essayé de mettre le feu au corps d’Alexia ». La procureure de la République de Besançon, Edwige Roux-Morizot, soutient le contraire. Jonathann Daval risque à présent la réclusion criminelle à perpétuité.

Marlène Schiappa scandalisée par la stratégie de défense de Jonathann Daval

L'actuelle secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa s'est, ce matin, insurgée contre les propos de l'avocat de Jonathann Daval, sur les ondes de RTL. Marlène Schiappa parle en effet d'un honteux « exemple de 'victim-blaming' », une manière de pardonner le comportement de Jonathann Daval en rejetant d'une certaine manière la faute sur sa défunte épouse.

Une thèse de l'accident inadmissible pour Marlène Schiappa

La secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes a rapidement fait un pont avec les victimes de violences conjugales, et estime dangereuse la stratégie de défense de Jonathann Daval qui tendrait à légitimer son comportement, et le comportement violent de tous les hommes à l'égard de leurs conjointes : « Je pense à toutes les femmes qui vivent actuellement des violences conjugales qui vont entendre ça et qui vont se dire 'peut-être que je mérite d'être frappée' ou à des hommes qui vont entendre ça et qui vont se dire 'moi aussi, ma femme elle m'écrase (...), donc, je vais la frapper ».

La tragédie qui vient de se produire ne doit pas être prise à la légère pour Marlène Schiappa, celle-ci étant dotée d'une importante dimension sociétale, reflet des tendances actuelles et qui ne saurait être excusée ni légitimée d'aucune manière.

Source : France Info

Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste