Le tableau de Gustave Courbet, « L'Origine du monde », a dévoilé l'un de ses secrets les mieux gardés

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Depuis 152 ans, le mystère était complet. Claude Schopp, prix Goncourt de la biographie de Dumas en 2017, a élucidé, par hasard, l’énigme du modèle de « L’Origine du monde » de Gustave Courbet.

Constance Quéniaux était une danseuse de l'Opéra. Crédits : RENÉ-GABRIEL OJÉDA / RMN-GP

Elle s’appelait Constance Quéniaux, révèle l’homme dans un livre intitulé : « L’Origine du monde, vie du modèle » et paraîtra aux éditions Phébus le 4 octobre prochain.

C’est totalement par hasard que l’écrivain a élucidé le mystère. En analysant des correspondances entre Alexandre Dumas fils et George Sand, le spécialiste a tiqué sur un mot qui n’avait rien à faire ici. Dans une lettre de 1871, de Dumas à Sand, on peut lire : « On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore l’interview de Mlle Queniault (sic) de l’Opéra ».

« Interview  ? Ce ne voulait rien dire » s’étonne Claude Schopp à l’Agence France presse. En plein doute et incompréhension, le chercheur décide de se rendre à la Bibliothèque nationale de France (BNF) pour se confronter à la lettre originale, gardée dans les bâtiments du XIIIe arrondissements. À la relecture, tout s’illumine. Le mot n’est pas « interview » mais « intérieur ».

« Ce fut comme une illumination. D’habitude je trouve en travaillant beaucoup, là j’ai trouvé sans chercher. C’était injuste » admet le spécialiste.

Bouleversé par cette révélation, il décide de parler de sa découverte à Sylvie Aubenas, la directrice du département des estampes et de la photographie de la BNF. « Ce témoignage d’époque découvert par Claude me fait dire que nous avons la certitude à 99 % que le modèle de Courbet était bien Constance Quéniaux » affirme la directrice.

Un tableau commandé pour Khalil-Bey

L’histoire du tableau de Courbet, exposé au Musée d’Orsay depuis 1995, est bien connue des historiens. Le tableau avait été commandé par un diplomate turco-égyptien du nom de Khalil-bey, au peintre. Le diplomate était un des personnages forts du Paris des années 1860.

Constance Quéniaux était connue comme l’une des meilleures danseuses de l’Opéra de la décennie précédente. En 1866, quand le tableau fut exécuté par Courbet, elle ne dansait plus depuis 1859. La jeune femme, âgée de 34 ans, au moment où elle pose pour le peintre, était l’une des maîtresses du diplomate.

Longtemps confondue avec d’autres femmes, aujourd’hui tout correspond. La noirceur des cheveux de la danseuse correspond à la couleur de la pilosité de « L’Origine du monde ».

En effet, de nombreux noms avaient été évoqués avant cette certitude, comme Joanna Hifferman, maîtresse du peintre pendant l’été 1866 qui était rousse ou Jeanne de Tourbey, maîtresse du diplomate.

Avec cette découverte, de nombreuses interrogations ont été élucidées. Pour Sylvie Aubenas, même si son nom ne fut pas dévoilé à l’époque, l’identité du modèle « était un secret connu de tous ». Ils ne voulaient pas attenter à la popularité de l’ancienne danseuse étoile.

Source : « L’Origine du monde, vie du modèle »
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Au sujet de l'auteur : Aurélien R.

Journaliste