La Chine est en train de construire une ville-forêt entièrement indépendante énergétiquement, qui absorbe la pollution, et où les plantes et les hommes vivront en harmonie

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En ce moment, la Chine semble être le théâtre de grands changements. Après l'inauguration, un peu plus tôt dans le mois, de la plus grande centrale solaire flottante du monde (une gigantesque structure construite au-dessus d'une ancienne mine de charbon), le plus gros pollueur du monde semble avoir l'ambition de revenir sur ce lourd passé, et d'opérer une transformation radicale. Et comme le pays est aujourd'hui responsable de presque 30% des émissions mondiales de CO2, le faire se convertir à terme en une grande puissance écologique moderne représente un défi de taille, et pourrait avoir un impact immense dans le futur.

Cette fois-ci, c'est un nouveau projet d'envergure, ambitieux et unique en son genre, qui s'apprête à voir le jour en Chine : une « ville-forêt », entièrement indépendante sur le plan énergétique... et surtout, avec zéro émission de pollution ! 

« Liuzhou Forest City »  sera un véritable paradis de biodiversité, une jungle habitable où la nature et les humains coexistent, tout en jouissant d'une infrastructure moderne et des avantages d'une grande ville

Stefano Boeri Architetti

Le projet, porté par le cabinet d'architecture italien Stefano Boeri Architetti (SBA), est d'autant plus audacieux que la Chine rencontre un grave problème au niveau de la gestion de l'urbanisme et de la pollution atmosphérique générée par les fortes densités de population.

C'est ce même cabinet qui avait construit des immeubles végétalisés en plein cœur de Milan, des édifices qui font figure de véritables forêts suspendues. Cette première expérience ayant été très concluante, le cabinet commence à l'exporter dans plusieurs pays (notamment à Lausanne, en Suisse), et le concept commence tout juste à débarquer sur le marché chinois. Ainsi, en février dernier, SBA avait déjà annoncé la construction de deux tours végétales dans la ville chinoise de Nanjing, selon le modèle des bâtiments construits à Milan !

Ces « forêts verticales habitables » sont spécialement conçues pour purifier l'atmosphère, créer une sorte de barrage vert qui décompose le smog et absorbe le dioxyde de carbone, diffuse de l'oxygène, tout en enjolivant le quotidien des habitants. On comprend que les élus chinois soient très intéressés par ce genre de technologie, quand on voit l'état de l'air ambiant dans certaines grandes villes ultra-polluées !

Stefano Boeri Architetti

Mais après les immeubles végétalisés, SBA souhaite aller plus loin et s'attaquer à un projet autrement plus ambitieux : construire une ville-forêt entière !

Baptisée « Liuzhou Forest City » et commissionnée par le gouvernement régional chinois, la ville-forêt est sur de bons rails. Les travaux pour ce véritable paradis végétal ont déjà débuté et, si le chantier avance bien, devraient être terminés d'ici 2020. Liuzhou sera une ville entièrement autosuffisante, et qui tournera grâce à l'énergie géothermique et aux panneaux solaires qui recouvriront tous les toits. 

La ville pourra héberger quelque 30 000 personnes, et contiendra tous le confort et les activités de n'importe quelle ville moderne : deux écoles, un hôpital, des zones de loisirs et de commerce. Elle sera recouverte de plus d'un million de plantes, d'une centaine d'espèces différentes, et près de 40 000 arbres. Selon les architectes, elle sera capable d'absorber un peu plus de 10 000 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an, ainsi qu'une grande quantité de polluants aérosols.

Stefano Boeri Architetti

Dans cette ville, il n'y aura pas d' « espaces verts » : la ville entière sera un gigantesque espace vert ! En fait, les bâtiments seront tellement couverts d'arbres que, vu du ciel, ils seront quasiment invisibles. Liuzhou sera une grande tache verte, uniquement bordée du bleu azur de la mer et des cours d'eau.

« Cette cité verte, entièrement câblée et reliée, sera reliée à la grande ville la plus proche au moyen d'un rail électrique ultrarapide, et d'un réseau de voitures électriques » a indiqué SBA dans un communiqué de presse.

Il n'y a plus qu'à attendre la fin des travaux pour voir si cette expérience tient ses promesses. Si c'est le cas, il pourrait s'agir d'un tournant majeur sur notre manière d'aborder l'architecture urbaine et notre façon de construire nos villes !

Source : IFL science

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste