À Langouët et ses alentours, les pesticides sont désormais interdits par le maire

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Au nord de Rennes, le maire de la petite commune de Langouët s’est une nouvelle fois distingué en faveur de l’environnement. Pour marquer le coup du premier carnaval militant du collectif « Nous voulons des coquelicots », Daniel Cueff a annoncé prendre un arrêté interdisant l’utilisation de pesticides à moins de 150 mètres des habitations.

Mis en place sur l’ensemble du territoire communal, l’arrêté vise à protéger la santé des habitants, qui se réjouisse de la décision. Aucune dérogation ne sera accordée, si un agriculteur ne respecte pas l’arrêté, les personnes concernées pourront porter plainte auprès du procureur de la République.

« La loi nous laisse la possibilité d’intervenir pour pallier les carences de l’État, qui tergiverse pour interdire les pesticides de synthèse. Il n’y a jamais eu de preuve que le glyphosate soit utile à la santé, or, on en ingurgite dans l’air, dans l’eau, dans les aliments… Nous n’en voulons pas ! » a-t-il déclaré.

C’est suite à un engagement de longue date en faveur de l'écologie et la naissance du collectif « Nous voulons des coquelicots » que le maire a pris cette décision avec son conseil municipal, pour le bien de tous. « On a des produits avec une tête de mort sur l’étiquette et un mode d’emploi qui demande à l’agriculteur de ne pas retourner dans son champ dans les vingt minutes suivant l’épandage » explique le maire à 20 Minutes.

L’association, qui s’est alliée à la pétition nationale du même nom, souhaite obtenir 5 millions de signatures pour imposer l’« interdiction totale des pesticides », dans tous les secteurs d’activités économiques.

Pour autant, Danier Cueff se montre prudent, l’arrêté doit encore écarter les obstacles juridiques : « La préfecture peut conduire la commune devant le tribunal administratif au motif qu’un maire n’a pas à prendre un tel arrêté ». L’opposition est prête à contre-attaquer la FDSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) est en train d’étudier les potentiels recours.

C'est notamment ce qu'explique Christian Mochet, président de la commission environnement du syndicat : « En tant qu’agriculteurs, on exploite nos champs et nos méthodes de culture n’ont pas à être imposées par les riverains, estime-t-il. Ces produits ne sont certes pas neutres, mais on a été formé pour les utiliser et on a des contrôles techniques sur nos appareils. Nous sommes autorisés à les appliquer dans un cadre légal ».

La commune de 600 habitants n’en est pas à son premier coup d’essai, elle s’est fait une réputation de village pionnier en matière d’écologie au fil des années . À Langouët, l’engagement dans la transition écologique se fait depuis une vingtaine d’années.

Il y a quinze ans, ils prenaient la décision de servir uniquement des produits 100% bios dans les cantines. D’autres chantiers ont été mis en place par la suite, qu’il s’agisse de lotissements écologiques, d’une production électrique écologique ou encore d’un jardin de formation en permaculture.

Quand bien même la lutte contre les pesticides est bien engagée dans leur commune, elle ne s’arrête pas là. Le maire, qui espère faire jurisprudence avec sa décision, appelle à une réaction collective dans la vidéo ci-dessus : « J’invite à la fois les collectifs d’habitants à se mobiliser et à essayer de convaincre leur commune du bien-fondé de leurs actions, mais également à mes collègues maires de se dire que le soutien à cette initiative, c’est aussi un soutien très important à la transition écologique et que ça apporte beaucoup de bonheur, de joie, de convivialité dans notre commune ».

Source : 20 minutes

Au sujet de l'auteur : Timothé Goyat

Journaliste