Réforme des retraites : la ministre de la Santé envisage de « proposer un allongement de la durée de travail »

La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, invitée dimanche 17 mars lors du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI, a envisagé de « proposer un allongement de la durée de travail » lors des discussions avec les partenaires sociaux, dans le cadre de la réforme des retraites.

Agnès Buzyn s’est aventurée sur un terrain boueux ce week-end : celui de l’âge légal du départ à la retraite, aujourd’hui fixé à 62 ans. La ministre a proposé « à titre personnel » d’allonger la durée du travail, en rappelant que « la question de l’âge du départ à la retraite est sans arrêt sur la table, à gauche comme à droite ».

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, envisage de repousser l’âge du départ à la retraite à 65 ans. Crédits photo : Capture écran Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI

La ministre a aussi déclaré : « nous allons mener une réforme des retraites pour rendre les retraites plus universelles, plus compréhensibles pour les Français et avoir un système qui pérennise notre système par répartition ».

Emmanuel Macron avait promis, durant la campagne présidentielle, de ne pas toucher à ce paramètre. Pourtant, questionnée sur un recul à 65 ans de l’âge de départ à la retraite, la ministre de la Santé a indiqué ne pas être « hostile » à ce que cette piste soit étudiée. « Je suis médecin, je vois que la durée de vie augmente d’année en année. Est-ce que nous allons pouvoir maintenir sur les actifs le poids des retraites qui vont augmenter ? »

Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, en charge du dossier, s’est dit « très surpris » des propos de la ministre. « J’ai vu émerger ce débat, ce n’est pas le mien. Mais si nous devions faire évoluer notre réflexion, au-delà de cette question, ce sera en toute transparence et non pas au travers d’une déclaration ou d’une émission », révèle Le Monde.

Une déclaration qui n’est pas passée inaperçue du côté des syndicats. « Je suis surprise », a déclaré Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC. « Je ne comprends pas son intervention, qui me paraît décalée et injustifiée », relève François Hommeril, président de la CFE-CGC.

Pour Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT, « la ministre est hors sujet. Les précédentes réformes ont déjà programmé une hausse de la durée d’activité qui suffit à tenir les régimes à l’équilibre à l’horizon 2030-2040. Et les évolutions récentes font état d’une stagnation de l’espérance de vie, c’est cela qui devrait inquiéter la ministre de la santé ! ».

Sur Twitter, le secrétaire général de la Force ouvrière, Yves Veyrier, a déclaré que « les masques tombent un peu plus sur les retraites ».

Au sein du patronat, la réaction s’oppose de celle des syndicats. « Mme Buzyn est-elle rattrapée par le principe de réalité ? Nous avons toujours dit que le fait de poser le principe des 62 ans comme un totem compromet, à terme, les équilibres financiers du système et risque de fabriquer des retraités pauvres, car leurs pensions seront faibles », commente dans Le Monde, Eric Chevée, vice-président chargé des affaires sociales et de la formation à la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

Ces déclarations interviennent au moment où la CGT, FO, Solidaires et d’autres organisations en appellent à une journée d’action, ce mardi 19 mars, dont l’un des mots d’ordre porte sur les retraites.

Source : AFP
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