La nouvelle Miss Algérie jugée « trop noire » par certains internautes

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Pour la première fois dans l’histoire de ce concours de beauté - interrompu pendant la guerre civile et repris en 2013 - miss Algérie a couronné une jeune femme native du sud du pays, ce qui est loin de faire l’unanimité en raison de sa… couleur de peau.

Jamais le concours de miss Algérie n’aura autant fait couler d’encre que cette année. La raison ? Une polémique née de commentaires racistes adressés à la lauréate, dont le seul tort - au yeux de certains - est d’avoir la peau « trop noire ».

Depuis son élection, Khadidja Benhamou est en effet la cible de remarques racistes sur les réseaux sociaux. Grande, élancée, de longs cheveux noirs bouclés et le teint hâlé, cette jeune algérienne de 22 ans est originaire de la wilaya d’Adrar, région frontalière du Sahara située au sud-ouest du pays, où les populations ont la peau plus sombre que dans le reste du pays.

Une singularité physique loin d’être du goût de tous, certains considérant ainsi que la jeune femme ne peut incarner l’élégance algérienne car elle n’est pas assez blanche. En résumé, ses traits, plus africains que méditerranéens, ne correspondraient pas aux canons de beauté algériens.

« Que Dieu montre le chemin à ceux qui me critiquent »

Ces attaques odieuses, dont plusieurs médias francophones se sont fait l’écho, auront au moins eu le mérite de déclencher en retour une vague de solidarité envers Khadidja Benhamou, qui a depuis reçu de nombreux messages de soutien.

Certains n'hésitant pas à prendre sa défense, la décrivant comme « le visage de la diversité algérienne ».

Crédit photo : capture d'écran Internet

L’éditorialiste algérien Nadir Alaoui a, de son côté, appelé les pouvoirs publics à agir en conséquence afin d’oeuvrer pour une meilleure représentation de la diversité culturelle du pays, car on ne peut « réduire l’Algérie à sa capitale », selon lui.

« L’indignation ne suffira pas. Ces comportements doivent trouver une réponse des pouvoirs publics qui nous renvoient sans cesse à l’identité nationale. L’Algérie est diverse. Mais cette diversité n’est pas incarnée dans la représentation politique, dans les médias et dans la production audiovisuelle. Même les pays occidentaux ont fait des efforts pour intégrer une diversité issue de l’immigration. Que l’on ait donc plus de ministres, plus de députés, plus de présentateurs de couleur sur les écrans des chaines de télévision », préconise-t-il ainsi.

Interrogée à se sujet lors d’une émission télévisée diffusée le 5 janvier, la nouvelle Miss Algérie a fait preuve de sagesse, balayant d'un revers de main les quolibets et autres insultes sur son physique. « Je ne regarde pas les réseaux sociaux. Que Dieu montre le chemin à ceux qui me critiquent et préserve ceux qui m’encouragent », a-t-elle ainsi déclaré.

Cette polémique rappelle à quel point le racisme anti-noir existe bel et bien en Algérie. Des comportements racistes décomplexés qui sont toutefois dénoncés par une grande partie de la population algérienne, comme on a pu le constater l’an dernier, lorsqu’une campagne virulente à l’encontre des migrants noirs-africains avait choqué l’opinion publique.

Source : France 24

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.