Le démocrate Joe Biden annoncé 46ème président des États-Unis

Après des jours d'incertitude et un dépouillement houleux qui a fait couler beaucoup d'encre, Joe Biden a finalement remporté l’élection présidentielle américaine selon CNN et The Associated Press, succédant à son adversaire Donald Trump. Sa colistière Kamala Harris devient vice-présidente. 

Indécise jusqu’au bout, l’élection présidentielle américaine, dont le taux de participation a atteint des sommets, a finalement livré son verdict ce samedi, couronnant le candidat démocrate Joe Biden, qui devient donc le 46e président des États-Unis d’Amérique. C'est la chaîne d'information CNN, suivie par The Associated Press, qui a dégaîné cette annonce en premier sur les coups de 17h30, heure française. Une annonce également relayée par la chaîne Fox News, pro-Trump.

Il aura fallu attendre 4 jours supplémentaires et les résultats des derniers États clés, à l'image de la Pennsylvanie - qui ont entretenu le suspense jusqu'au bout avec notamment le dépouillement des votes par correspondance - pour faire basculer le scrutin. Offrant 20 grands électeurs supplémentaires au candidat démocrate, qui n'en demandait pas tant.

La petite histoire retiendra que pendant cette annonce, son adversaire Donald Trump était en train de jouer au golf. 

Quelques Etats n'ont toujours pas livré leur verdict, comme le Nevada, la Géorgie et la Caroline du Nord, mais l'issue de ces éléctions ne fait désormais plus aucun doute.

Donald Trump ne l'entend pourtant pas de cette oreille, considérant que les bulletins décisifs en faveur de Biden sont illégaux et frauduleux. Le président sortant n'a eu en effet de cesse de crier au complot depusi le début, allant jusqu'à contester la victoire de son adversaire avant l'heure, en brandissant la menace d'une saisine de la Cour Suprême.

De multiples recours sont ainsi envisagés par le candidat républicain et son camp.

Une manœuvre qui pourrait bien remettre en cause, un temps, les résultats de l'élection et nous offrir dans les heures et les jours à venir un remake du scrutin polémique de l'an 2000 avec la célèbre passe d'armes entre Al Gore et Georges W. Bush.

Élection présidentielle américaine 2020 : Joe Biden au bout du suspense

Mais pour l'heure, la victoire de Joe Biden semble actée de fait, puisque le candidat démocrate a officiellement réuni les 270 grands électeurs requis pour être élu, comme vous pouvez le constater ci-dessous selon les chiffres officiels de The Associated Press, l'équivalent américain de l'AFP.

Joe Biden : 284 grands électeurs (50,6 %) / Nombre de votes : 74 847 834

Arizona / Californie / Colorado / Connecticut / D.C Columbia / Delaware / Hawaï / Illinois / Maine / Maryland / Massassuchets / Michigan / Minnesota / New Hampshire / Nevada / New Jersey / New York / Nouveau-Mexique / Oregon / Rhode Island / Vermont / Virginie / Washington / Wisconsin

Donald Trump : 214 grands électeurs (47,7 %) / Nombre de votes : 70 591 531

Alabama / Alaska / Arkansas / Caroline du Sud / Dakota du Nord / Dakota du Sud / Floride / Idaho / Indiana / Kansas / Kentucky / Louisiane / Mississippi / Missouri / Montana / Nebraska / Ohio / Oklahoma / Tennessee / Texas / Utah / Virginie Occidentale / Wyoming

Joe Biden, un long parcours politique

Âgé de 77 ans, celui qui fut le vice-président de Barack Obama entre 2009 et 2017 accède ainsi à la fonction suprême pour la première fois de sa carrière.

D’ascendance irlandaise, Joe Biden devient par la même occasion le second président catholique élu aux États-Unis, le premier depuis un certain John Fitzgerald Kennedy en 1960.

Favori des sondages ces derniers jours, il n’avait pourtant aucune garantie de victoire face à Donald Trump, tant les modalités du scrutin s’avèrent complexes outre-Atlantique, en raison de l’importance des grands électeurs.

Le faible écart entre les deux hommes montre bien que le vote a encore déjoué tous les pronostics comme il y a 4 ans, lorsque Donald Trump avait battu Hillary Clinton à la surprise générale.

En revanche, il a très largement devancé son adversaire au vote populaire, totalisant 50,4 % des suffrages exprimés (contre 48 % pour Donald Trump), soit plus de 74 000 000 de voix en sa faveur. Ce qui en fait le président américain ayant reçu le plus de votes dans l'histoire des États-Unis. 

Son accession à la Maison Blanche vient récompenser une carrière politique longue de près d’un demi-siècle.

Crédit photo : Ron Adar / Shutterstock

Du sénat à la présidence des États-Unis

Né le 20 novembre 1942 à Scranton (Pennsylvanie) au sein d’une famille modeste, Joseph Robinette Biden, Jr est le fils de Joseph R. Biden Sr. (Vendeur de voitures) et de son épouse Catherine Eugenia Biden, née Finnegaan.

Diplômé d’histoire et de science politique en 1965 à l’université du Delaware (État dans lequel il a grandi), il obtient 3 ans plus tard un diplôme de droit au sein de l’université de Syracuse et entame dans la foulée une carrière juridique.

Très vite attiré par la politique, il s’engage localement dès 1969 puis est élu sénateur du Delaware en 1972 sous l’étiquette du Parti démocrate. Il sera sans cesse réélu à ce poste jusqu’en 2008.

En 1988, il se présente aux élections primaires démocrates en vue de la présidentielle de novembre mais doit renoncer suite à un scandale, provoqué par des accusations avérées de plagiat lors de l’un de ses discours de campagne.

Dans le même temps, il est victime d’une double rupture d’anévrisme qui le contraint à abandonner définitivement la course à l’investiture.

Il restera sept mois en convalescence avant de retrouver son siège de sénateur.

Crédit photo : Pix_Arena / Shutterstock

Président de la Commission judiciaire du Sénat de 1987 à 1995, il gagne ses galons de politicien durant la décennie 90/2000, période marquée notamment par le vote de deux lois importantes dont il fut l’instigateur : le « Violent Crime Control and Law Enforcement Act » en 1994 - plus connu sous le nom de « Biden crime Law » - mais aussi et surtout le « Violence Against Women Act », contre les violences domestiques faites aux femmes, en 2000.

Également membre du Comité des affaires étrangères du Sénat, il se distingue notamment durant la guerre en ex-Yougoslavie, pour ses prises de position fermes contre le président serbe Slobodan Milosevic, qu’il qualifiera de criminel de guerre.

Devenu entre-temps président de ce Comité des affaires étrangères, il est en 2002 le premier diplomate américain à se rendre en Afghanistan depuis les attentats de sinistre mémoire, perpétrés sur le sol des États-Unis le 11 septembre 2011. Il y soutiendra le président Hamid Karzai, au détriment des seigneurs de guerre locaux.

En dépit de son vote en faveur du « Patriot Act », qui autorise en 2002 le président Georges Walker Bush à envahir l’Irak pour y déloger Saddam Hussein, Joe Biden n’aura de cesse par la suite de critiquer la gestion de l’armée américaine sur place.

En 2006, il proposera d’ailleurs un plan de partition du pays, entre les chiites, les sunnites et les Kurdes, sous l’égide de la communauté internationale, en vain !

Le 4 novembre 2008, il devient vice-président des États-Unis lors de l’élection de Barack Obama à la présidence du pays.

Ce dernier l’avait choisi comme colistier en août de la même année, en dépit de sérieuses divergences, voire de l’hostilité née entre les deux hommes durant la campagne pour l’investiture démocrate.

Joe Biden avait notamment vivement critiqué Obama sur son inexpérience en termes de politique internationale, tout en fustigeant son style au détour de déclarations maladroites, qui lui vaudront d’ailleurs des accusations de racisme émanant d’observateurs politiques.

Au cours de ces premières années en tant que vice-président, Biden se distingue notamment par son action en Afghanistan, où il réduit considérablement la présence de l’armée américaine.

Le ticket Obama-Biden est réélu le 6 novembre 2012 pour un second mandat qui sera marqué par l’enlisement en Syrie et la guerre contre le terrorisme, illustrée par la lutte contre Daesh.

Après l’élection de Donald Trump face à Hillary Clinton en 2016, il s’affirme très vite comme l’opposant numéro un à ce dernier et fait figure de candidat légitime du camp démocrate en vue de la présidentielle de 2020.

Vainqueur des primaires démocrates en août dernier, Joe Biden faisait office de favori face à Donald Trump, qu’il a donc battu ce samedi, devenant ainsi le 46e président des États-Unis.


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Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.