Le « marave challenge » : un « jeu » dangereux et stupide qui a déjà fait trois victimes à Metz

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Depuis quelques semaines, la ville de Metz (Moselle) est menacée par le « marave challenge », un défi qui consiste à attaquer en bande un indidvu choisi au hasard pour se voir offrir une récompense de 10 euros et de 30 euros si la victime est une fille. Teinté de misogynie, dangereux et stupide, le jeu a déjà fait trois victimes. 

C'est à Metz que se sont déroulés les faits. Agés de 17 à 18 ans , trois lycéens ont porté plainte après avoir été les victimes de ce jeu « stupide et débile » : «La première fois c'était sur deux jeunes qui marchaient » indique Nawel, élève en 1ère au lycée Georges-de-la-tour à Metz. Puis de rajouter « pour 10 euros, un des deux a subi une balayette et ensuite ça a fait une bagarre générale ». Plus loin encore, afin d'organiser ces challenges, une page Facebook avait été créée. Celle-ci comptait 60 membres. Elle est à ce jour fermée afin de limiter les risques de récidives.

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Pour pallier le danger, la sécurité a été renforcée devant cinq établissements messins : Fabert, Anne-de-Méjanès, Georges-de-la-Tour, René-Cassin et Louis-Vincent. Pour ce faire, des patrouiles sillonnent les alentours régulièrement et les images de vidéosureveillances sont utilisées. Selon le parquet de Metz, un jeune individu a été placé en garde à vue pour cette affaire.

Les internautes mais aussi le maire de Metz ont exprimé leur incompréhension sur Twitter.

Pourquoi ces challenges rencontrent toujours un certain succès ?

Il semblerait que cette idée de challenge soit un phénomène qui est né aux Etats-Unis à New York. Plus connu sous le nom « Knockgout game », il consiste à passer à tabac des passants dans la rue. Les lycéens ont donc repris cette formule, en changeant simplement de cible. Ce ne sont pas des passants mais des personnes dans l'enceinte du lycée. Selon le Daily Mail, plusieurs attaques ont été recensées durant le mois de décembre à New York.

Mais évidemment, ce n'est pas le premier (et certainement, malheureusement, pas le dernier) challenge que vous entendez devenir viral sur la toile. Ces dernières années, on en a connu plusieurs. Le « mannequin challenge », le « ice bucket challenge », le « harlem shake » , le « fire challenge » ainis que le « A4 Wait Challenge » qui avait fait polémique. Des challenges tous très différents mais qui ont un point commun : leur succès et l'adhésion qu'ils ont suscité.

Si les défis ne sont pas nouveaux, l'apparition du numérique apporte à ces défis quelque chose de neuf. Et ce n'est pas forcément une bonne chose. Se filmer lors de défis (très souvent bêtes), c'est un peu la tendance et une bon étendard pour se faire remarquer quitte à se ridiculiser ou ridiculiser quelqu'un d'autre. Les gens se filment, se photographient et ont envie sous les feux de projecteurs. Pour Catherine Crochez-Travers, psychologue en région parisienne, « nous avons un rapport à l'image très différent. C'est donc une société très visuelle qui pousserait les personnes à se montrer ».

Ainsi, faire comme tout le monde paraît prépondérant à l'existence des adolescents (et parfois des adultes) quitte à se mettre en danger ou mettre en danger la vie d'autrui. « C’est rassurant de faire comme tout le monde », note Catherine Crochez-Travers. Et parce qu'ils ne veulent pas être exclus, ils ressentent le besoin de se mesurer aux autres pour être comme les autres. Ces défis sont en définitive un phénomène d'imitation. Et parfois d'intimidation.

« Parmi mes amis Facebook, 90% l’avaient fait. Je ne voulais pas être la seule qui refuse. On a envie de répondre présent sous peine de passer pour une dégonflée », déclarait Capucine, une internaute qui s'était adonnée au défi « neknomination » qui consistait à boire une grande quantité d'alcool cul-sec. Michael Stora, psychologue, fondateur de l’ Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines, insiste sur le fait que « c’est avant tout pour exister au regard du groupe qu’on s’adonne aux défis. Il y a cette envie de passer à l’acte, de montrer que l’on est en phase avec son époque.»

Source : Huffington Post

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste