Affaire Harvey Weinstein : le producteur aurait réussi à étouffer le scandale sexuel grâce à un système très bien rôdé et au concours de ses assistants

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À la tête de la société Miramax qu'il avait cofondé, puis de la Weinstein Company, Harvey Weinstein a produit quelques-uns des plus célèbres réalisateurs de cinéma, comme Quentin Tarantino, Martin Scorcese ou encore Peter Jackson.

Mais aujourd'hui, ce géant d'Hollywood est au cœur d'une série de révélations sordides : accusé de «viols» et d'«agressions sexuelles» par de nombreuses actrices, les témoignages n'en finissent pas de pleuvoir, accablant chaque fois un peu plus le producteur.

Pourtant, il s'agissait d'un secret de polichinelle dans le milieu très fermé du cinéma, à en croire certains témoignages. Mais personne n'avait osé briser le silence. Il aura fallu la parution de deux articles de New York Times et du New Yorker pour que l'histoire soit finalement révélée au public.

Harvey Weinstein, en 2005, au 58e festival de Cannes / Paul Smith, Featureflash, Shutterstock

Un comportement plus que déplacé avec certaines femmes, un abus de position, des attouchements, des actes d'exhibitionnisme et des viols : À Hollywood, la réputation de Harvey Weinstein était connue de tous. Au point que certaines jeunes actrices étaient mises en garde contre lui dès leurs débuts dans le métier : Angelina Jolie a ainsi affirmé « avoir prévenu » les actrices qui s'apprêtaient à travailler avec lui, après avoir eu une «mauvaise expérience». Sur Twitter, Jessica Chastain raconte « avoir été avertie depuis le début».

Comment un homme aussi connu, dans un milieu en permanence placé sous le feu des projecteurs, a-t-il pu continuer d'agir impunément aussi longtemps ? Selon le New York Times, le mode de fonctionnement d'Harvey Weinstein était de tout simplement acheter le silence de ses victimes, parfois en usant de son influence et en faisant pression sur leurs carrières. Le journal révèle que huit de ses présumées victimes ont accepté un règlement financier confidentiel en échange de leur silence. La dernière en date est une jeune mannequin, Ambra Battilana, en 2015.

Un système complexe

Pour continuer à agir sans être inquiété, Harvey Weinstein ne se serait pas seulement appuyé sur sa position et son capital financier : il aurait également monté tout un système destiné à le protéger et à « faciliter » ses actions. Le producteur était en permanence encadré, selon le New Yorker, par une garde rapprochée constituée d'avocats et de conseillers en relations publiques. Ces assistants auraient une part de responsabilité importante  en étouffant les affaires, et en faisant en sorte que rien ne soit rendu public sur les cas de harcèlement, d'agression ou de viols présumés.

Toujours selon le quotidien américain, l'impunité du producteur reposait également sur la coopération active de ses anciens et actuels collaborateurs ou employés. Ces « facilitateurs » auraient aidé Weinstein, en organisant parfois les rendez-vous avec les actrices, arrangeant les chambres d'hôtel, allant jusqu'à parfois les accompagner sur place, avant de disparaître. Des témoins ont également raconté que certains des cadres et assistants du producteur avaient aidé à  trouver des agents et des rôles à des actrices «contrariées». 

Aujourd'hui, l'affaire est en train de mettre le petit monde d'Hollywood à feu et a sang... À suivre


Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste