Ce mardi 5 février, lors du dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) à Paris, Emmanuel Macron a annoncé que le 24 avril deviendra une « journée nationale de commémoration du génocide arménien ».
C’est en 2001, par la voix de Jacques Chirac, que la France reconnaissait officiellement le génocide arménien. 18 ans plus tard, Emmanuel Macron a décidé de décréter une journée de commémoration, une décision attendue que les Arméniens de France attendaient depuis un moment et qui fâchera, à coup sûr, la Turquie d’Erdogan avec qui les tensions restent assez vives sur la question.
Le 24 avril correspond à la date de commémoration du génocide arménien en Arménie et dans la Haut-Karabakh. Il était donc logique que la France s’aligne sur cette date : « La France, c’est d’abord et avant tout ce pays qui sait regarder l’histoire en face (…), qui dénonça parmi les premiers la traque assassine du peuple arménien dans l’Empire ottoman » a déclaré le président français.
Emmanuel Macron a également précisé qu’il avait prévenu Recep Tayyip Erdogan de sa décision, entretenant « un dialogue exigeant avec le président turc » : « Nous avons des désaccords assumés dans la lute contre Daech, les libertés fondamentales en Turquie, le génocide et le passé, et les droits de l’homme en Turquie. Nous avons des points de convergence qui justifient le dialogue, comme la nécessité d’une transition politique en Syrie. À ce titre, le dialogue avec la Turquie est indispensable. Je me refuse à rompre le fil du dialogue ».
Ce mercredi matin, la Turquie a tenu à condamner l’instauration de cette journée commémoration, estimant qu’il n’y a pas eu de volonté, à l’époque, d’exterminer tout le peuple arménien, rejetant de fait le terme de « génocide ». Entre 1915 et 1917, on estime le nombre d’Arméniens tués entre 1,2 et 1,5 million à la fin de l’Empire ottoman.
Dans le même temps, Emmanuel Macron a tenu à rendre hommage à l’Arménien français le plus célèbre, Charles Aznavour, décédé le 1er octobre 2018. Le fils du chanteur a offert un doudouk, une flûte traditionnelle arménienne en bois d’abricotier au président français. Ce dernier a aussi rendu hommage au compositeur Michel Legrand, mort le 26 janvier dernier, dont la mère était arménienne.
De son côté, la communauté arménienne s’est évidemment réjouie de cette annonce : « Nous avons apprécié que le président ait tenu son engagement, c’est un pas de plus vers une reconnaissance de plus d’un fait incontestable » a exprimé Mourad Papazian, le coprésident du CCAF.