Nicolas Sarkozy placé en garde à vue concernant l'affaire des financements libyens pour sa campagne de 2007

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Il est soupçonné d'avoir financé sa campagne présidentielle en 2007 à l'aide de la Libye, notamment de Mouammar Kadhafi, le dictateur déchu. L'enquête avait été ouverte en 2013 épargnant jusqu'ici Nicolas Sarkozy, qui n'avait jamais été entendu jusqu'à aujourd'hui où il a été placé en garde à vue ce mardi 20 mars au matin, selon les informations du Monde et de Médiapart. 

Crédit image : shutterstock.comAlexandros Michailidis

Le dossier Libyen prend une tout autre tournure ce mardi 20 mars. Placé en garde à vue à Nanterre, dans les locaux de l'Office anticorruption, l'ancien président de la République s'apprête à être entendu quant au sujet des financements libyens de sa campagne présidentielle, remportée en 2007. Brice Hortefeux, ancien ministre, également suspecté, est selon Le Monde « actuellement auditionné » mais en qualité de « suspect libre ».

L'affaire a été révélée par Médiapart, journal indépendant, en 2012. Il s'était procuré un document libyen accablant Nicolas Sarkozy. Et pour cause, ce document stipulait qu'un financement par Kadhafi pour la campagne présidentielle de l'ancien de chef de l'Etat était en cours. Depuis, plusieurs juges d'instruction du pôle financier de Paris se voient enquêter sur cette affaire hors-norme. La garde à vue de Nicolas Sarkozy qui peut durer jusqu'à 48 heures pourrait se dénouer par une présentation de l'ancien Président aux magistrats.

Documents à charge

La justice française dispose d'ores et déjà d'éléments probants. Alors qu’Abdallah Senoussi, le beau-frère de Kadhafi, avait confirmé l'existence d'un financement pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarozy, une autre révélation venait aider dans la suite de l'affaire. Comme l'indique Le Monde, Ziad Tiakeddine, un homme d'affaires franco-libanais avait avoué en 2016, avoir transporté « 5 millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre fin 2006 et début 2007 avant de les remettre à Claude Guéant puis à Nicolas Sarkozy ». Des révélations qui avaient valu à Claude Guéant une mise en examen pour « complicité de corruption d’agent public étranger » ainsi que pour « complicité de détournements de fonds publics en Libye ».

Tiakeddine avait alors été clair : « Pour ce qui est du soutien apporté à des personnalités occidentales pour leur permettre d'accéder au pouvoir, la somme de 5 millions d'euros a été versée pour la campagne du Président français Nicolas Sarkozy en 2006-2007. J'ai personnellement supervisé le transfert de cette somme via un intermédiaire français, en la personne du directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur. Sarkozy était alors ministre de l'Intérieur. [...] Je confirme que cette somme a bien été réceptionnée par Sarkozy. »

« Kadhafi a dit qu’il avait financé Sarkozy. Sarkozy a dit qu’il n’avait pas été financé. Je crois davantage Kadhafi que Sarkozy » déclarait quant à lui, Bechir Saleh, l'ancien argentier de Kadhafi, au Monde. Une déclaration qui venait appuyait les découvertes de la justice française à savoir les carnets de Choukri Ghanem, l'ancien ministre libyen du pétrole, retrouvé mort en 2012. Ces carnets mentionnaient non seulement les financements libyens mais également des sommes d'argent versées à Nicolas Sarkozy.

Si Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue ce mardi 20 mars, c'est que l'on peut aisément s'imaginer que la justice est parvenue à rassembler de nouvelles preuves. En effet, un proche de Dominique de Villepin et de Claude Guéant, Alexandre Djouhri, vient, malgré lui, apporter de nouveaux éléments. Et ce, grâce à la perquisition effectuée à son domicile, en Suisse. Une perquisition qui s'était révélée fructueuse puisque les enquêteurs avaient mis la main sur des documents qui révélaient que Claude Guéant et Alexnadre Djourhi étaient liés par des affaires. Claude Guéant avait notamment été mis en examen pour « faux et usage de faux » et pour « blanchiment de fraude fiscale ».

Il semblerait que si l'affaire avance aussi rapidement c'est que les autorités libyennes ont décidé de coopérer davantage. En tout cas et selon Le Monde, de nouvelles informations, provenant d'anciens dignitaires libyens quant aux financements de campagne présidentielle, auraient été apportées au dossier.

Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste