Pour la Ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le burn-out n'est pas une maladie complètement professionnelle

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L’expression « burn-out » est tombée dans le lexique quotidien comme désignant un certain surmenage découlant d’un investissement dans le travail trop grand, d’une fatigue psychologique et émotionnelle directement liée à l’activité professionnelle. L’expression consacrée derrière l’anglicisme « burn-out », le nom français de cette maladie est d’ailleurs « syndrome d’épuisement professionnel ». Ce lundi 12 février, Muriel Pénicaud a néanmoins déclaré, en s’appuyant sur l’Organisme Mondial de la Santé, que le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, n’est pas une maladie entièrement professionnelle.

Muriel Pénicaud concède que le burn-out est lié au cadre professionnel, mais qu'il ne l'est pas entièrement, et donc que ce n'est pas une maladie professionnelle. Crédit photo : Joel Saget / AFP via Getty Images
Le statut exact du burn-out possède d’importants retentissements potentiels pour le gouvernement. Si cette maladie constituait en effet une maladie professionnelle, elle deviendrait indemnisable par la Sécurité Sociale, source de dépenses conséquentes pour le Gouvernement. Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, joue ainsi sur la subtilité de la maladie, et sur ses frontières :

« Toute la communauté médicale, dont l'OMS, dit que ce n'est pas une maladie professionnelle. Ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas se développer dans le monde du travail, bien sûr. Mais [le reconnaître], cela voudrait dire que c'est lié à 100% au milieu professionnel. Or, ça n'est pas le cas ».

Par conséquent, si le burn-out n’est pas considéré comme uniquement lié au milieu professionnel, la maladie ne peut être classée comme maladie du travail, et les dépenses découlant de cette maladie n’ont pas à être remboursables par la Sécurité Sociale. Rappelons néanmoins que le burn-out toucherait près de 3,2 millions de Français selon une étude du cabinet Technologia datant de 2014. Benoît Hamon promettait lors de la campagne présidentielle de l’année dernière d’abroger la loi travail pour faire reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle. Le candidat socialiste souhaitait faire payer les entreprises dont les employés étaient concernés par le burn-out, et faire en sorte que le risque de syndrome d’épuisement professionnel soit atténué.

Bien sûr, le statut du burn-out divise. Aussi, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, expliquait en octobre 2017 qu’il « s'avère que ce n'est pas une maladie. C'est un ensemble de symptômes et, donc, c'est très difficile de décider que c'est une maladie professionnelle ». À l’heure de la « start-up nation » comme l’appelle le président Emmanuel Macron, de plus en plus de témoignages se font entendre pour dénoncer des conditions de travail parfois excessives poussant au burn-out, à l’instar du livre de Mathilde Ramadier paru l’année dernière, Bienvenue dans le nouveau monde : comment j'ai survécu à la coolitude des start-ups.

François Ruffin, député, journaliste et réalisateur du documentaire Merci Patron ! qui a reçu un César en 2017, souligne l'importance du manque de volonté patronale dans la non-reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle. Crédit photo : Cottin Lucille / Shutterstock.com
Pas de prise en charge complète possible tant que le burn-out n’est pas officiellement une maladie professionnelle. Il faudrait que le patronat et les syndicats s’accordent pour une reconnaissance automatique du burn-out. Mais pourquoi les patrons souhaiteraient ajouter une maladie professionnelle à la liste quand environ 3,2 millions de Français sont susceptibles d’être touchés par celle-ci, et que les assurances maladies sont financées par les cotisations des employeurs ? François Ruffin, journaliste, député et réalisateur césarisé de Merci Patron ! affirmait le 31 janvier, comme le rapporte L’Express : « Jusqu'à présent, ça a toujours bloqué car il n'y avait pas la volonté patronale. Et les majorités successives ne veulent pas leur forcer la main ».

Le statut du burn-out n’a donc pas fini de diviser personnalités politiques comme employés et employeurs. Mais que pense Muriel Pénicaud du bore-out, ou syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui, cette maladie impliquant anxiété, déprime et dévalorisation provenant de l’inaction, de l’inactivité, du manque d’intérêt des tâches – ou du manque de taches - effectuées au travail pouvant engendrer des dépressions ? Peut-être le travail n’y est-il pas pour grand-chose dans son apparition, que les employés sont par avance névrosés, démoralisés, et que cela affecte leur perception de la vie professionnelle ? En jouant sur ce tableau, nous pouvons peut-être remettre en question n’importe quel trouble psychologique lié à un cadre spécifique.

Source : L'Express

Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste