La réponse poignante des enfants Syriens au phénomène Pokémon Go, de quoi remettre les pendules à l'heure.

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Depuis plusieurs semaines, le phénomène Pokémon Go affole le monde entier. Et l’actualité récente est en train de prouver que le nouveau jeu vidéo, disponible sur iPhone et Android, n’est pas seulement un divertissement.

En effet, en Syrie, des familles se servent du buzz planétaire pour mettre en avant leurs enfants, et ainsi sensibiliser l’opinion publique au conflit armé qui gangrène leur quotidien.

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« Je suis ici, venez me sauver »


En quelques jours, de nombreuses photos montrant de jeunes syriens qui tiennent des images de Pokémon accompagnées du message « Je suis ici, venez me sauver » ont fleuries sur Internet. Souvent publiés sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, les posts signalent également la position géographique de chaque enfant en mentionnant le nom de leur commune. Cette manière intelligente de surfer sur la vague Pokémon afin d’attirer l’attention sur l’instabilité au Moyen-Orient, et particulièrement en Syrie, rappelle à quel point certains souffrent, pendant que d’autres s’amusent à chasser des monstres virtuels.

Publié sur le web par l’organisme Revolutionary Forces of Syria Media Office (RFS), alias le groupe rebelle qui se bat contre le régime de Bashar al-Assad, ces photos d’enfants entourés de Pokémon sont en train de faire le tour du monde. « Avec l’emballement médiatique immense autour du jeu Pokémon Go, nous avons décidé de faire et de diffuser ces images pour mettre un coup de projecteur sur les souffrances du peuple syrien, qui chaque jour est bombardé par l’aviation du Président Assad » a confié un porte-parole de RFS basé en Turquie, à nos confrères de The Independant.

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Et finalement, les images ont bien eu l’effet escompté. L’arrivée en ligne des photos a fait réagir des dizaines de milliers d’internautes à travers le globe, replaçant ainsi au centre du débat la crise géopolitique et la guerre gravissime qui fait rage en Syrie depuis 2011. Pour rappel, depuis le début de cette période d’instabilité, le bilan fait état de centaines de milliers de morts, dont une majorité de civils, mais également de millions de personnes qui n’ont pas eu d’autre choix que de fuir leur maison pour survivre. Un conflit d’une rare violence qui a d’ailleurs créé les vastes mouvements de migration vers l’Europe que l’on connaît aujourd’hui.

Il y a peu, l’ONG Syria Solidarity Campaign (SSC), qui se bat pour offrir aux civils opprimés syriens la visibilité qu’ils méritent, écrivait sur son compte Twitter : « Les Syriens ont des problèmes plus importants que de capturer des Pokémons. Si seulement la réalité augmentée pouvait sauver des vies. » Un tweet qui fait froid dans le dos, mais qui surtout en dit long sur l’inégalité des conditions de vie des humains dans le monde.


À l’heure où vous lisez cet article, ou d’autres sont sûrement en train de courir après un Pokémon rare, l’Unicef estime à 35 000 le nombre d’enfants pris au piège dans la ville syrienne de Manbji, où les frappes aériennes se sont intensifiées depuis quelques jours. La semaine dernière, 50 civils dont en grande partie des femmes et des enfants avait été tués dans des raids du même type.

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Alors, toujours aussi motivé pour lancer des Pokéballs ?
Source : The Independent

Au sujet de l'auteur : Clément P.

Journaliste