Référendum pour l'indépendance de la Catalogne : la police fait plus de 800 blessés parmi les électeurs

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Hier, les Catalans avaient rendez-vous dans les urnes pour décider de leur avenir et de leur indépendance. Seulement voilà, sur le chemin, ils ont dû affronter les forces de police qui n’y sont pas allés de main morte.

Interdit par la Cour constitutionnelle espagnole, mais maintenu par Carles Puigdemont, le président catalan, le référendum sur l’indépendance de la Catalogne, a finalement eu lieu hier dans des conditions déplorables. Les tensions, nourries par les joutes verbales que se sont livrées le président catalan et Mariano Rajoy, le premier ministre espagnol, sont inévitablement descendues dans la rue.

Sur le chemin des urnes, les électeurs ont dû subir les violences policières qui les empêchaient d’aller voter. Notamment, des centaines de manifestants ont tenté d’empêcher les policiers et les gardes civils de saisir les urnes et les bulletins de vote. Ces derniers ont employé les grands moyens : charges, tirs de balles en caoutchouc et gaz lacrymogènes.

Selon le gouvernement catalan, environ 844 personnes ont été blessés ou ont souffert de crises d’angoisse. Deux personnes étaient dans un état grave. De son côté, le ministère espagnol de l’intérieur recensait 33 policiers et gardes civils blessés. Autant dire qu’ils n’étaient pas vraiment les bienvenus dans plusieurs villes de Catalogne, où ils ont été chassés à coups de pierre ou secoués par la foule.

Suite à l’appel des associations indépendantistes, qui attendaient de pied ferme les forces de police, des milliers de Catalans formaient déjà de longues queues d’attente vers 5h du matin. À 6h du matin, la police catalane, appelée les Mossos d’Esquadra, est venue prévenir les électeurs que leur vote était illégal. Et peu après 8h, plusieurs équipes de la police nationale espagnole sont intervenus dans quelques bureaux de vote. Même des pompiers, venus protéger les manifestants face aux policiers, ont été secoués et tabassés.

Il y a alors eu quelques résistances et de nombreux affrontements, notamment autour du collège Ramon Llull à Barcelone:

« Les policiers ont d’abord forcé la porte pour prendre les urnes, cela leur a pris beaucoup de temps. Lorsqu’ils sont ressortis avec le matériel, ils ont cherché à remonter la rue, mais un groupe de manifestants s’était formé pour les en empêcher. Ils sont alors descendus mais nous nous sommes assis pour les empêcher de passer. Ils étaient cernés. Pendant environ une demi-heure, ils sont restés sans bouger. Les pompiers, qui étaient à côté de moi, ont essayé de les raisonner. Mais ils ont ensuite chargé d’un coup avec leur bouclier et leur fusil de balles en caoutchouc. On est parti en courant et ils ont continué à tirer, blessant plusieurs personnes » raconte Roc Sarda, une étudiante de 22 ans, auprès du Monde.

Les images des affrontements ont évidemment fait le tour des réseaux sociaux et des médias internationaux, démontrant une très mauvaise image de l’État espagnol qui a opté pour la répression violente face à un processus démocratique, certes illégal, mais pacifique à l’origine.

Quelque soit le résultat du référendum, l’Espagne et son gouvernement, en la personne de Mariano Rajoy, ont perdu gros, notamment leur crédibilité et leur légitimité aux yeux des Catalans :

« L’image extérieure de l’État espagnol a empiré et a atteint aujourd’hui un niveau de honte qui l’accompagnera pour toujours. (…) La violence injustifiée ordonnée par le gouvernement espagnol aux corps espagnols face à des gens qui défendaient des urnes, des bulletins et des collèges électoraux » clame Carles Puigdemont, avant de parler d’une victoire pour la Catalogne: « Aujourd’hui avec cette journée d’espoir et aussi de souffrances, les citoyens de Catalogne, nous avons gagné le droit d’avoir un État indépendant qui prenne la forme d’une République ».

Dans la nuit de dimanche à lundi, le gouvernement catalan a annoncé que le «oui» l’avait emporté à 90%. Seulement voilà, Mariano Rajoy continue d’affirmer que l’illégalité de ce vote ne changerait rien et que « l’État de droit restera en vigueur avec toute sa force ».

Après les tristes événements d’hier, la situation reste plus que jamais alarmante tant le dialogue semble rompu pour de bon malgré l’appel au calme de Miquel Iceta, le chef du Parti socialiste catalan: « Ni la Catalogne, ni l’ensemble de l’Espagne méritent cela ».


Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef