L'Angleterre lance une campagne choc contre les violences domestiques en marge de la Coupe du monde

Bouton whatsapp

Tandis que le monde entier a les yeux rivés vers la Coupe du monde de football, qui se tient en ce moment en Russie, d'autres faits moins reluisants ont lieu. En effet, l'événement international fédérateur et festif a aussi ses côtés sombres. Une étude révèle notamment un lien entre l'augmentation de la violence conjugale et les matchs de l'équipe d'Angleterre.

L'Angleterre s'est imposée face à la Colombie ce mardi 3 juillet, se qualifiant ainsi pour les quarts de finale du Mondial de football. Une victoire arrachée aux tirs au but qui ravit les fervents supporters. Mais ce n'est que la face apparente de l'iceberg. Des chiffres glaçants provenant d'une étude menée par l'Université de Lancaster, au Royaume-Uni, parue en 2014, année de la dernière Coupe du monde, montrent à quel point le taux de violences conjugales croît lorsqu'une équipe supportée au sein d'un foyer perd contre ses adversaires. Le nombre de femmes battues augmenterait ainsi de 26 % lorsque l'équipe nationale gagne ou fait match nul, et de 38 % en cas de défaite. On reporte en moyenne 79,3 incidents les soirs de matches, contre 58,2 en temps normal.

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs se sont appuyés sur les trois éditions précédentes de ce rendez-vous sportif immanquable (2002, 2006, 2010), au cours desquelles l'équipe anglaise ne se qualifiait pas pour le quart de finale comme ce fut le cas hier.

De l'alcool à foison, le stress et la testostérone

Comment expliquer ces répercussions du Mondial sur la violence domestique ? Pour le chef de la police Stephen Kavanagh, interrogé par le Guardian, différents facteurs se rencontrent lors d'un tel tournoi : « beaucoup de gens boivent de l'alcool, il y a le stress émotionnel généré par les matches, et un ensemble de choses liées à la compétitivité et la testostérone », explique-t-il. Ainsi, si la plupart des personnes qui suivent la compétition ne sont pas violentes, « une petite minorité devient profondément agressive et désagréable », assure ce dernier. « Si vous êtes un individu violent qui bat sa femme, alors vous êtes plus susceptible de le faire pendant le Mondial », ajoute le criminologue Stuart Kirby, qui a mené ces recherches. Mais, selon lui, puisque le tournoi augmente les facteurs de causalité pour la violence domestique, « il y aura des gens qui battront leur femme pour la première fois pendant les matches de l'Angleterre ».

Pour sensibiliser le public à ce phénomène, des associations lancent régulièrement des campagnes de prévention. C'est le cas du Centre national contre les violences domestiques (NCDV), qui a dévoilé une série de visuels frappants réalisés par l'agence publicitaire J. Walter Thompson, où les coups portés dessinent sur le visage des victimes le drapeau de différents pays participant au Mondial.

Cette opération de sensibilisation intitulée « The Not-So-Beautiful Game » (« Un jeu pas si beau que ça »). Ici, le sang qui coule sur la bouche d'une femme prend la forme de la croix rouge de Saint-Georges du drapeau anglais :

« Si l'Angleterre est battue, elle le sera aussi », rappelle-t-on. Mais pas seulement. « Dans le monde entier, la violence domestique augmente en cette période de Coupe du monde ». Ainsi, dans cette autre photographie, c'est le drapeau du Japon qui est représenté comme un énorme bleu sur le dos :

Tandis que la croix suisse blanche se transforme en pansements :

Ce n'est pas la première fois que l'accent est mis sur cette problématique. En 2014, l'association londonienne Tender Education & Arts montrait une femme priant devant son écran pour que l'équipe d'Angleterre ne perde pas. « Personne ne voulait voir l'Angleterre gagner plus que cette femme », termine le spot.

La campagne sera diffusée sur des panneaux publicitaires, internet et dans la presse, et ce jusqu’à la fin du Mondial le 15 juillet prochain.

Inscrivez-vous à la Newsletter de Demotivateur !
En renseignant votre adresse email, vous acceptez de recevoir notre newsletter

Au sujet de l'auteur : Justine B.

Journaliste