Un abattoir de tigres découvert en République tchèque révèle l'ampleur du commerce illégal d'animaux en Europe

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Des peaux fraîches et des restes en décomposition, c’est ce que les enquêteurs ont trouvé, suite à une enquête de cinq ans sur un réseau criminel international. Les autorités craignent qu’il ne s’agisse d’un problème plus vaste en Europe. ATTENTION  ! Les images peuvent choquer certains lecteurs.

Après la découverte rendu public en juillet 2018, The Guardian a publié ce lundi 19 novembre une enquête sur l’existence d’un horrible trafic de tigres. À Prague, des restes de tigres, lions, et cougars ont été retrouvés dans des fermes illégales où ils étaient massacrés.

Le corps d'un tigre découvert dans une maison à Prague, a côté d'une marmite servant à cuire des morceaux de tigres. Crédit : Handout Czech customs authority

Dans un rapport rédigé à l’intention des membres de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), les enquêteurs expliquent comment une augmentation des saisies de parties de corps de tigres et de produits dérivés du tigre en République Tchèque depuis 2013, a conduit à la découverte d’un réseau international de criminels vendant des animaux abattus pièce par pièce à des acheteurs vietnamiens.

« Je travaille pour l’inspection depuis 25 ans, mais la situation là-bas était vraiment horrible. Imaginez  : un vieux congélateur, sans électricité, rempli de viande et de cadavres, dans le jardin depuis deux ans ». se souvient Pavla Rihova dans une enquête du Guardian.

Un réseau organisé de criminels tchèques et vietnamiens

En 2013, un Vietnamien a été arrêté en République tchèque avec un sac rempli d’ossements de tigres. Quelques mois plus tard, les douanes tchèques ont retrouvé deux squelettes de tigres dissimulés dans des haut-parleurs, destinés à être envoyés à Hanoï.

Crédit : Handout Czech customs authority

Dans un hangar, ils ont trouvé un tigre fraîchement tué, abattu d’une balle dans le cou, afin de ne pas endommager sa précieuse peau. Dans la même pièce, se trouvait une grande marmite sur une plaque de cuisson à gaz, remplie de viande non identifiée et d’ossements d’animaux. Des produits dérivés étaient fabriqués avec les restes des animaux comme du vin de tigre, ou encore des cubes de bouillons.

Grâce à toutes ces informations, les enquêteurs se sont tournés vers Ludvík Berousek, l’un des propriétaires de cirques les plus influents de République Tchèque. Ils découvrent que ce dernier fournissait les animaux à un taxidermiste, qui les démembrait et les cuisinait chez lui, avant d’envoyer les produits au Vietnam. Selon le rapport, jusqu’à 10 kilogrammes de cube de bouillon de tigre peuvent être fabriqués à parti d’un seul animal, et se vendent à 60 euros le gramme en raison des croyances culturelles traditionnelles concernant ses propriétés de guérison. Les peaux peuvent atteindre 4 000 euros tandis que les griffes atteignent 100 euros chacune

Des produits dérivés étaient fabriqués avec les restes des animaux comme du vin de tigre, ou encore des cubes de bouillons. Crédit : CEI

Au même moment, une pratique s’est démocratisée dans ce même pays, celle des zoos privés qui proposent aux enfants de tenir dans leurs bras des bébés lions et tigres. Face à une forte demande de la part de la population, l’élevage de masse et apparu. Une fois que ces animaux aient atteint l’âge adulte, ils deviennent trop gros et dangereux pour cette activité et se retrouvent abattus pour les besoins du commerce illégal.

Cette opération marque l’aboutissement de cinq années de travaux de la police, des autorités douanières et de l’inspection de l’environnement tchèques. Les autorités assurent que la traite d’animaux en danger n’est pas réservée à l’Asie du Sud-Est, mais qu’elle est aussi très présente en Europe.

Un congélateur rempli de reste de tigres. Crédit : CEI

Interdire le commerce des tigres élevés en captivité

Pavla Rihova réclame aujourd’hui une action de l’Union Européenne. « La Commission européenne est persuadée d’avoir un bon aperçu du sort des félins en Europe, mais ce n’est pas vrai. Sans l’enregistrement de leurs mouvements d’un élevage à un autre, on ne peut pas avoir de vue d’ensemble », regrette l’inspectrice.

La peau de tigre peut se vendre jusqu'à 4 000 euros. Crédit : CEI

« Le monde a déjà perdu plus de 90 % de ses tigres », déclare Kieran Harkin de l’association caritative Four Paws. « Nous appelons la Comission européenne à protéger les tigres en danger et à interdire le commerce des tigres élevés en captivité. Les commerçants de tigres et leur entreprise cruelle ne devraient plus avoir leu place dans l’UE ».

Une histoire dévoilée quelques jours après que la Chine ait maintenu l’interdiction du commerce d’os de tigre.

Source : The Guardian

Au sujet de l'auteur : Alexandre S.

Journaliste