À Marseille, une famille espère obtenir justice pour son fils Rayan, polyhandicapé, qui a subi des maltraitances de la part de son auxiliaire de vie. Les images des caméras dissimulées dans la chambre du garçon ont choqué la salle d’audience.
Ce mardi 24 juin, le tribunal correctionnel de Marseille projette, sur ses trois écrans, des images insoutenables. Celles de Dominique G., auxiliaire de vie de 49 ans, en train de frapper violemment Rayan, un jeune garçon polyhandicapé âgé de 19 ans et atteint d’une maladie orpheline.
On le voit notamment porter plusieurs coups de poing au visage, lui tirer les cheveux ou encore le gifler. Ces images ont été filmées sur plusieurs jours, entre le 28 mars et le 4 avril dernier, par des caméras installées dans la chambre de Rayan, paralysé des membres, privé de parole à la naissance et atteint de cécité.
À la barre, Sana, la mère de Rayan a la voix tremblante au moment de témoigner :
"Je ne m’imagine même pas comment Rayan a vécu dans cette peur, comment il a dû être angoissé"
Lors de l’audience, la mère de Rayan, Sana, et son beau-père, Raouf, ont raconté comment ils ont fait confiance à cet auxiliaire de 49 ans qui se rendait à leur domicile du 10e arrondissement de Marseille pour s’occuper du jeune homme et qu’ils invitaient même à l’occasion d’anniversaires ou de repas au restaurant. Avant de douter, à la suite de traces suspectes aperçues sur le visage de Rayan.
Crédit photo : Radio France / Christophe Van Veen
Au début, la mère de famille pense à des maladresses dans les soins prodigués à son fils, puis finit par s’inquiéter et par enregistrer les images de la caméra de vidéosurveillance en direct qu’elle avait installée dans la chambre. Elle découvre alors l'« inconcevable ».
Neuf mois prison avec sursis requis contre Dominique G.
Face aux preuves accablantes, l’auxiliaire de vie a évidemment reconnu les coups, mais ne se souvient pas les avoir portés. Au milieu de ses excuses, il plaide la “décompensation psychotique”, une maladie chronique de la dissociation du réel.
“Quand j’ai vu ces images pour la première fois, je n’arrivais pas à y croire. Mais oui, c’est vrai, il n’y a pas de doute, c’est moi. Comment j’ai pu commettre ces gestes, surtout contre une personne vulnérable comme Rayan qui ne peut pas se défendre. Il ne m’a rien fait. C’est mal”
Crédit photo : Frédéric Renard / FTV
Déjà condamné en 2024 pour avoir eu un accident de la route sous l’emprise de stupéfiants, Dominique G. avait quelques années plus tôt été hospitalisé à sa demande aux urgences psychiatriques. Un sentiment de persécution et des idées suicidaires avaient été relevés. Pour autant, l’altération du discernement qu’il plaide n’a pas été retenue par la justice.
Le délibéré du verdict est prévu pour le 10 juillet prochain. Ce mercredi 25 juin, neuf mois de prison avec sursis, assortis d’une obligation de soins et une interdiction définitive d’exercer dans ce domaine, ont été requis à l’encontre de l’auxiliaire de vie.