L'ex-footballeur Pelé, légende de son sport, est décédé à l'âge de 82 ans

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Le « Roi » Pelé n’est plus ! La légende brésilienne du football s'en est allée deux mois après son 82e anniversaire.

Le mythique footballeur brésilien Pelé, considéré par de nombreux spécialistes comme le plus grand joueur de l’histoire, est décédé à São Paulo (Brésil) ce jeudi 29 décembre, à l’âge de 82 ans.

Diminué par un cancer du côlon qui lui avait été diagnostiqué en 2021, celui que l’on surnommait le « Roi » Pelé a perdu son combat contre la maladie.

Crédit photo : A.RICARDO / Shutterstock

Enfant de la balle

Né à Três Corações (Minais Gerais) le 23 octobre 1940 dans une famille modeste, Edson Arantes do Nascimento, dit « Pelé », développe très tôt des aptitudes pour le football, un sport que pratique son père au niveau amateur dans la ville de Bauru (Sao Paulo), où la famille s’établit en 1942.

Dès son plus jeune âge, il suit son papa sur les terrains et se forge très vite une réputation d’enfant talentueux, en jouant au milieu des adultes.

C’est à cette même époque qu’il gagne le surnom de « Pelé », que lui auraient attribué les coéquipiers de son père en voyant le petit Edson, âgé d’à peine 3 ans, prononcer par erreur ce mot lorsqu’il s’adressa au gardien de but de l’équipe, nommé « Bilé ». Ce sobriquet ne le quittera plus !

Véritable enfant de la balle, il passe toute son enfance à jouer et finit par se faire repérer par l’ancien joueur international Waldemar de Brito, devenu entraîneur, qui le fait venir au Bauru Atletico Clube, alors qu’il n’est âgé que de 13 ans.

Il y reste deux années avant de rejoindre le Santos FC, grand club de la région, sur les conseils de son coach.

À seulement 15 ans, il s’entraîne déjà avec l’effectif professionnel et impressionne tous les observateurs. Le 7 septembre 1956, un mois et demi avant son seizième anniversaire, il débute en équipe première à l’occasion d’un match amical et marque son premier but.

Mais c’est au cours de la saison 1957 qu’il se révèle véritablement en devenant titulaire à la pointe de l’attaque de Santos. Un exercice époustouflant qu’il boucle en inscrivant 41 buts en 38 rencontres officielles. Son ascension est alors fulgurante !

Un phénomène de précocité

Cette même année, il est ainsi convoqué en équipe nationale du Brésil alors qu’il n’a pas 17 ans, pour la traditionnelle double confrontation de la Copa Roca contre l’ennemi héréditaire argentin.

Il débute avec la Seleçao lors du match aller contre l’Albiceleste le 7 juillet et marque son premier but avec le Brésil peu de temps après son entrée en jeu. Il ne peut toutefois éviter la défaite des siens (1-2).

Trois jours plus tard, il est cette fois titularisé pour le match retour et contribue au succès brésilien (2-0), en inscrivant un nouveau but.

Précédé d’une réputation de prodige et fort d’une nouvelle saison impressionnante où il terminera meilleur buteur du championnat Pauliste - que son équipe remporte -, il est sélectionné par Vicente Feola pour disputer la Coupe du monde 1958 avec le Brésil en Suède, malgré son jeune âge.

C’est au cours de ce tournoi que l’adolescent va se révéler aux yeux du monde entier, en éclaboussant la compétition de son talent.

Arrivé blessé en Suède, il ne participe pourtant pas aux deux premiers matches contre l’Autriche (3-0) puis l’Angleterre (0-0). Il fait son entrée lors de la troisième rencontre décisive contre l’URSS du grand gardien Lev Yachine.

Aligné en attaque aux côtés des deux stars Garrincha et Vava, il ne marque pas mais avec son intelligence de jeu et sa technique, il contribue très largement au succès des Auriverde qui s’imposent 2-0. Il ne sortira plus du onze.

De nouveau titularisé contre le Pays de Galles en quart de finale, il marque l’unique but du match sur un exploit personnel et qualifie les siens pour les demi-finales où l’attend une surprenante équipe de France, emmenée par Raymond Kopa et surtout Just Fontaine, futur meilleur buteur de la compétition avec 13 réalisations. Un record qui tient toujours !

Lors de ce match d’anthologie contre les Bleus, Pelé inscrit un splendide triplé permettant aux Brésiliens d’éliminer les Tricolores (5-2) et de se qualifier pour la finale contre le pays hôte, la Suède.

La Seleçao ne fera qu’une bouchée des Suédois et s’imposera sur le même score (5-2) avec deux nouveaux buts de sa pépite, dont une merveille de reprise de volée après un coup du sombrero.

Huit ans après la finale perdue à domicile face aux Uruguayens en 1950, c’est la première victoire en Coupe du monde pour le Brésil et celle-ci porte le sceau du jeune Pelé, véritable révélation du tournoi.

À seulement 17 ans, l’adolescent devient donc champion du monde pour la première fois. Son talent, ses dribbles, ses buts et son visage juvénile ont marqué les esprits. Les images de ses larmes au coup de sifflet final, dans les bras du gardien brésilien Gilmar, feront le tour de la planète.

Dès lors, ce gamin à peine majeur acquiert une notoriété qui va très vite dépasser le simple cadre du sport, d’abord au Brésil puis rapidement à l’échelle mondiale.

Le Brésil, champion du monde 1958. Crédit photo : @Pelé

Crédit photo : @Pelé

Le petit prince devenu Roi

Revenu au club de Santos, il va flamber sur la scène nationale en remportant 2 titres de champion de l’État de Sao Paulo en 1960 et 1961, assortis d’un titre de champion du Brésil en 1961. Il effectue en parallèle de nombreuses tournées lucratives en Europe avec son équipe. Tous les pays se l’arrachent et le vieux continent, berceau du football, veut à tout prix voir les exploits de ce nouveau phénomène.

La dictature brésilienne, qui voit d’un mauvais œil ses matches d’exhibition, craint que le prodige ne cède aux sirènes des grands clubs européens. Les dirigeants bloquent alors le joueur en le déclarant « trésor national non exportable ».

Une décision radicale qui ne perturbera pas l’intéressé, lequel continuera à dominer les compétitions brésiliennes de la tête et des épaules, marquant but sur but.

C’est donc tout naturellement qu’il est sélectionné au printemps 1962 parmi les 22 Brésiliens qui disputeront la Coupe du monde, au Chili.

Attendu au tournant après le titre acquis quatre ans plus tôt, Pelé va toutefois traverser la compétition comme une ombre, en raison d’une blessure contractée lors du deuxième match contre la Tchécoslovaquie.

Forfait pour le reste du tournoi, c’est depuis le banc de touche qu’il verra ses partenaires, emmenés notamment par un Garrincha de gala, conserver leur titre en battant la… Tchécoslovaquie en finale (3-1).

Pelé n’aura joué que 2 matchs pour un seul petit but marqué mais remporte néanmoins son deuxième Mondial de rang.

De retour en club, il va alors connaître des années auréolées de succès, qui vont définitivement l’ériger au rang de meilleur joueur du monde. Il remporte d’abord la prestigieuse Copa Libertadores à deux reprises, en 1962 puis 1963.

Dans la lancée, il rafle deux coupes intercontinentales - trophée organisé chaque année entre le vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions et le lauréat de la Libertadores - en 1962 face au Benfica du futur Ballon d’or Eusebio puis, en 1963, face à l’AC Milan de son ex-compatriote José Altafini, naturalisé italien.

Il remportera également le championnat brésilien en 1962, 1963, 1965 et 1968 mais aussi le championnat de l’État de Sao Paulo en 1962, 1964, 1965, 1967, 1968 et 1969. Sur le plan personnel, il finit meilleur buteur pauliste en 1962 (37 buts), 1963 (22 buts), 1964 (34 buts), 1965 (49 buts) et 1969 (26 buts).

Crédit photo : Icon Sport

En 1970, à presque 30 ans, il est au sommet de son art, alors que se profile la Coupe du monde au Mexique. Le Brésil - qui a perdu son titre en 1966 en Angleterre avec une piteuse élimination au premier tour - se présente au Mondial avec une équipe exceptionnelle, souvent considérée comme la plus belle de tous les temps.

Outre Pelé, l’effectif compte dans ses rangs des joueurs de classe internationale tels que Gerson, Rivelino, Tostao, Jairzinho, Clodoaldo ou encore l’emblématique capitaine Carlos Alberto.

Annoncée favorite, la Seleçao va livrer un récital pendant trois semaines avec un jeu flamboyant et spectaculaire.

À la baguette, Pelé marque (4 buts), fait marquer (il finira meilleur passeur) et régale le public avec des gestes de génie comme son lob du milieu de terrain face aux Tchécoslovaques, ou encore ce grand pont irréel sur le gardien uruguayen en demi-finale.

Il distribue le jeu tel un maestro et mène son équipe au titre suprême, en terrassant les Italiens en finale (4-1). Durant ce match mythique, il se distingue par un but incroyable de la tête et par une passe aveugle décisive sur le quatrième but inscrit par Carlos Alberto.

Éblouissant leader d’une fantastique armada, il est logiquement désigné meilleur joueur de la Coupe du monde, épreuve qu’il remporte pour la troisième fois de sa carrière après les sacres de 1958 et 1962. Il est encore à ce jour le seul joueur de l’histoire à avoir réussi pareil exploit ! Jamais, il n’aura autant mérité son surnom de « Roi Pelé  ». Ce sera son apogée !

Car curieusement, ce Mondial marque en effet le début de son déclin sportif. Ainsi dès 1971, il décide de prendre sa retraite internationale après 92 sélections pour 77 buts (un record à l'époque qui a depuis été battu par Neymar), puis se retire à l’âge de 34 ans à la fin de l’année 1974, non sans avoir remporté un dernier championnat Pauliste en 1973.

Les tentatives de reconversion

Ayant accumulé les dettes, il sortira néanmoins de sa retraite quelque mois plus tard en juin 1975, pour répondre favorablement à l'offre de l'équipe du Cosmos de New York, qui lui fera un pont d'or pour rejoindre la toute jeune NASL, ligue nord-américaine de soccer créée en 1968.

Pendant deux ans, au sein d'un championnat presque amateur qu'il domine aisément, Pelé inscrira la bagatelle de 34 buts en 64 matches. Dans la Grosse Pomme, il va côtoyer notamment la légende du football allemand Franz Beckenbauer ainsi que son ex-coéquipier en sélection Carlos Alberto, qui ont tous deux cédé à leur tour à l’appel du dollar.

Avec ses deux compères, il remportera le titre NASL en 1977 avant de raccrocher définitivement les crampons, à l'âge de 37 ans.

Nommé par la suite ambassadeur de bonne volonté pour l'Unicef, il va participer à de très nombreuses actions humanitaires dans les années 80 et 90, œuvrant principalement pour l'éducation et la santé des enfants.

Considéré comme un demi-dieu au Brésil, il sera également approché par plusieurs politiciens souhaitant tirer profit de son immense popularité. Par deux fois, en 1985 et 1989, il refusera le poste de ministre des Sports avant finalement d'accepter le portefeuille de 1995 à 1999 durant le mandat du président Fernando Henrique Cardoso.

Souvent invité à commenter l'actualité footballistique, il fera plusieurs apparitions publiques lors d’événements sportifs durant les deux décennies qui vont suivre, notamment lors de la Coupe du monde 2014, organisée chez lui au Brésil, ou encore lors du Mondial 2018 en Russie.

Durant cette compétition, il couvrira d’éloges le jeune attaquant français Kylian MBappé, devenu le premier joueur de moins de 20 ans à marquer en finale du tournoi depuis un certain… Pelé, en 1958.

Il rencontrera d’ailleurs le phénomène du PSG en avril 2019, lors d’une soirée organisée par l’horloger Hublot à Paris.

Diminué par un cancer du côlon diagnostiqué en 2021, Pelé se faisait de plus en plus rare ces derniers mois. Durant le Mondial au Qatar, une alerte avait même fait craindre le pire lorsqu'il avait été hospitalisé le 29 novembre dernier à Sao Paulo en raison de complications liées à sa maladie. De nombreux joueurs engagés dans la compétition, dont Kylian Mbappé (voir ci-dessous), lui avaient d'ailleurs exprimé leur soutien.

Alors qu'il semblait se remettre, son état de santé s'est brusquement dégradé ces dernières heures. Souffrant d'insuffisance rénale et cardiaque, il est mort deux mois après son 82e anniversaire.

Marié à trois reprises, Pelé était père de 7 enfants dont deux filles illégitimes, fruits de relations extraconjugales.

Reconnu comme l’un des plus grands sportifs de tous les temps au même titre que Mohamed Ali ou encore Michael Jordan, Pelé laissera pour toujours l’image d’un footballeur complet et en avance sur son temps.

Buteur prolifique (757 buts officiels en carrière selon la FIFA, quand lui en revendiquait plus de 1 000), il aura marqué plusieurs générations de fans par son inventivité, sa technique géniale et ses buts mémorables.

Régulièrement cité parmi les meilleurs footballeurs de l’histoire aux côtés notamment d’Alfredo Di Stefano, Johan Cruijff, Michel Platini, Diego Maradona, Zinédine Zidane, Lionel Messi ou encore Cristiano Ronaldo, Pelé restera à jamais comme l’une des légendes de son sport.


Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.