Des scientifiques attachent des caméras GoPRo sur 20 ours polaires et découvrent qu'ils se sont transformés

L’ours polaire est une espèce en danger. Des chercheurs canadiens les ont suivis à la trace pour observer leur mode de vie, menacé par le changement climatique. Et ce qu’ils ont vu les a consterné.

Équipés de mini-caméras collées à leur collier GPS, vingt ours polaires de la baie d’Hudson ont livré aux biologistes leurs images du quotidien : des kilomètres parcourus sur une banquise qui se morcelle plus tôt, des plongeons plus fréquents pour trouver des phoques, et une perte de poids moyenne de 20 kg en trois semaines. Ces séquences inédites montrent, en direct, comment la fonte rapide de la glace oblige désormais l’espèce à dépenser plus d’énergie pour se nourrir — un aperçu alarmant des défis que le réchauffement impose déjà aux plus grands prédateurs de l’Arctique.

19 ours sur 20 ont perdu en moyenne 21 kg en seulement trois semaines, preuve qu’ils n’arrivent pas à compenser l’absence de phoques sur la banquise (ABC News). abcnews.go.com Les auteurs rappellent par ailleurs que ces mêmes ours passent désormais près de trois semaines de plus à terre qu’au début des années 1980, faute de glace suffisante pour chasser, un allongement documenté dans l’article scientifique publié dans Nature Communications.

Pour observer au plus près le mode de vie des ours polaires, des chercheurs ont attaché des caméras GoPro sur vingt d’entre eux dans la Hudson Bay, au Canada. L’ours polaire, également appelé ours blanc, est placé sur la liste de rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) en tant qu’espèce vulnérable.

Le changement climatique entraîne la fonte des glaces dans leur habitat, pourtant essentielles pour que les ours puissent chasser et sortir de l’eau. À cause de la fonte des glaces, les ours passent désormais plus de temps sur terre où la nourriture riche en calories dont ils ont besoin se fait malheureusement rare.

Ours polaire dans l'eau Crédit photo : USGS/ Washington State University

Autre désavantage, la région de l’Hudson Bay connaît une période sans glace qui est maintenant trois semaines plus longue qu’en 1979, selon une étude publiée dans la revue Nature Communications. Cela augmente donc encore un peu plus le temps durant lequel les ours errent sur Terre pour tenter de se nourrir correctement.

Des conséquences désastreuses pour les ours

Ours polaires nageant Crédit photo : USGS/ Washington State University

Les chercheurs ont ainsi observé les 20 ours polaires durant trois ans. Pour leur étude, ils ont regardé les 115 heures de vidéo enregistrées sur les ursidés, offrant un point de vue unique. Sur les images, les chercheurs ont pu voir les ours se nourrir de carcasses d'oiseaux, de baies, d'herbe, d'animaux marins, mais aussi mâcher des morceaux de bois ou de se battre entre eux dans l'eau.

« Nous avons été impressionnés par les images vidéo. Elles ont vraiment mis en évidence l'intelligence de ces animaux, qui utilisent différentes stratégies comportementales pour survivre sur terre, privés de leurs proies principales [les phoques, ndlr] », explique Anthony Pagano, biologiste de la faune à l'US Geological Survey (USGS) et responsable de l'étude.

Fortement réduits à se nourrir sur terre et non plus en mer, les ours ont subi une importante transformation, ont noté les chercheurs. Ces derniers pensaient que les ours compenseraient leur temps passé sur terre pour se reposer et se nourrir d’autres proies. Même si ce fut le cas, l’alternative ne fut pas un succès.

Les scientifiques ont noté que sur 20 individus, 19 avaient perdu du poids par manque de nourriture. L’un des ours a même perdu jusqu’à 36 kilos, alarmant les chercheurs. Le poids moyen d’un ours mâle est de 450 kg et celui d’une femelle est de 250 kg. De ce fait, les scientifiques ont remarqué que les ours les plus affamés et maigres prenaient plus de risques que les ours gras pour se nourrir. Notamment en nageant plus longtemps, ce qui est inhabituel.

Les chercheurs préviennent : ce n’est pas l’alimentation terrestre à base de baies et de petites proies qui permettront aux ours de survivre et de subsister.


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