Pour la première fois, des scientifiques observent un crocodile femelle pondre des oeufs sans se reproduire avec un mâle

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Au Costa Rica, des scientifiques ont observé, pour la première fois, une femelle crocodile ayant pondu des oeufs sans s’accoupler avec un mâle. Un phénomène qui remet en cause le système de reproduction chez les dinosaures.

Il existe parfois des postulats que l’on pensait gravés dans le marbre et sérieusement remis en cause à la suite d’un événement jamais observé auparavant. C’est exactement le cas de ces scientifiques qui ont dévoilé avoir observé, pour la première fois, le cas d’une “naissance monoparentale” chez un crocodile américain.

Crédit photo : iStock

Publiée dans la revue Biology Letters, l’étude révèle qu’un crocodile femelle, en captivité depuis 16 ans, a pondu des oeufs, et ce, sans s’être accouplé avec un mâle. Sur les 14 oeufs pondus, seulement sept étaient viables. Par ailleurs, l’un des oeufs contenait un foetus qui était une femelle comme sa mère.

Incubés, les oeufs viables n’ont pas éclos et au bout de trois mois, les scientifiques ont ouvert les oeufs pour les étudier. Le contenu de six des oeufs n’était “pas discernable”, sauf un qui contenait un foetus entièrement formé et qui était donc identique à la mère.

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Par la suite, les scientifiques ont procédé à des analyses génétiques qui ont révélé que le crocodile a produit ses oeufs sans contribution masculine. Il s’agit d’un processus de reproduction appelé parthénogenèse, qui signifie “création vierge”. Elle consiste en une forme de reproduction asexuée où les animaux femelles peuvent fusionner deux de leurs cellules pour former un embryon viable qui n’a qu’un seul parent.

Il s’agit là donc d’une toute première observation très étonnante pour les scientifiques qui s’interrogent alors sur les origines de ce processus de reproduction inhabituelle. En effet, les crocodiles et les oiseaux sont les membres d’une branche de reptiles appelés archosaures qui, autrefois, comprenaient des reptiles volants et des dinosaures.

La parthénogenèse plus fréquente chez les animaux en captivité

Ainsi, ces créations vierges, documentées chez les oiseaux et les crocodiles, suggèrent que leurs ancêtres archosaures disposaient également de cette capacité de reproduction : “La découverte offre des informations alléchantes sur les capacités de reproduction possibles des parents archosauriens éteints, des crocodiliens et des oiseaux, notamment les membres de Pterosauria et Dinosauria”, indique les scientifiques.

Crédit photo : Biology Letters

Ainsi, la parthénogenèse serait un trait “probablement possédé par un ancêtre commun éloigné de ces lignées”, nous dit l’étude. Cependant, les scientifiques soulignent qu’il leur faut procéder à des recherches supplémentaires pour “tester pleinement la distribution et la dynamique évolutives de la parthénogenèse à travers un temps évolutif plus profond”.

Si le phénomène était connu, on le pensait très réduit mais cette observation chez cette crocodile femelle indique qu’il est finalement plus fréquent chez les animaux vertébrés. Au total, ces créations vierges ont été observées chez plus de 80 espèces vertébrées, principalement en captivité, comme les lézards, les serpents, les requins et les raies.

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Ainsi, la parthénogenèse serait donc une stratégie de survie que les femelles adoptent lorsqu’elles ne trouvent pas de compagnon mâle. Cependant, cette stratégie de reproduction a ses limites puisqu’elle empêche la diversité génétique permettant de perpétuer une espèce, ce qui se produit habituellement lors d’un accouplement.

Source : Biology Letters

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef