Aborigène, elle refuse de pleurer le décès d'Elizabeth II et réclame les excuses de la monarchie pour la colonisation

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Quelques jours après la disparition d’Elizabeth II, une journaliste australienne d’origine aborigène a réclamé des excuses de la part de la monarchie britannique, pour son rôle dans la colonisation de l’Australie.

Depuis l’annonce du décès d’Elizabeth II, qui a rendu son dernier souffle jeudi 8 septembre à l’âge de 96 ans, les hommages se multiplient aux quatre coins du monde, saluant la mémoire de celle qui a gouverné pendant 70 ans.

Si les témoignages d’affections envers la Reine sont quasi-unanimes, certaines voix dissonantes ont toutefois tenu à nuancer ce concert de louanges, considérant que la disparition de la souveraine, aussi triste soit-elle pour les Britanniques, ne devait pas l’absoudre de tout.

Narelda Jacobs, une présentatrice australienne d’origine aborigène, fait partie de ces personnes à contre-courant.

Crédit photo : Capture d'écran / Studio 10 - Pixabay

Une journaliste aborigène refuse de pleurer le décès d’Elizabeth II

Alors qu’elle intervenait ce lundi comme chaque matin dans l’émission locale Studio 10, la native de Perth a livré son sentiment vis-à-vis de la famille royale et de l’héritage colonial incarné par cette dernière.

Décrivant la monarchie britannique comme un « symbole de la colonisation », Narelda Jacobs a déclaré que les Aborigènes avaient le droit de refuser de pleurer le décès de la Reine et qu’ils ne devaient pas être critiqués pour cela.

« Un grand mal a été fait, l’Australie a été colonisée dans le consentement de ses premiers habitants », a-t-elle ainsi rappelé.

Plus tôt, elle avait également reposté une story Instagram où l'on pouvait lire : « Je suis une femme autochtone. Ne me demandez pas de pleurer la mort de la reine ».

Crédit photo : Mama!a / capture d'écran Instagram

Pour illustrer son propos, la journaliste est revenue sur son histoire familiale, rappelant que son père Cedric Jacobs, un révérend aborigène qui avait rencontré Elizabeth II et son mari Philippe dans les années 1980 alors qu’il travaillait sur un traité entre son peuple et le Commonwealth.

Décédé en 2018, l’homme d’Église - qui faisait partie des « générations volées », ces dizaines de milliers d’enfants aborigènes retirés de force à leur famille entre 1869 et 1969 - avait à l’époque déploré que son travail n’avait pas été abordé lors de sa rencontre avec le couple royal.

Narelda Jacobs a donc demandé pourquoi la Reine n’avait rien dit au sujet de ce traité, alors qu’elle n’ignorait pas ce qu’était le « traumatisme de la colonisation ».

« Ils savaient pertinemment que des projets de traités étaient en préparation, puisqu’il en existait des similaires en Nouvelle-Zélande et au Canada. Mais qu’ont-ils fait ? Telle est la source de ma frustration », a donc déploré la présentatrice, qui aurait voulu que la Reine parle davantage à son père au sujet du « traumatisme intergénérationnel » ressenti par les Aborigènes victimes de la politique raciale du gouvernement australien.

Et la journaliste d’exiger une « reconnaissance ou des excuses » de la part de la monarchie.

Le message est passé mais pas sûr qu’il ne soit entendu !

Pour rappel, la reine Elizabeth II, née en 1926 soit 138 ans après le début de la colonisation des terres australiennes par la Grande-Bretagne, a visité l'Australie à 16 reprises durant son règne.

Source : Daily Mail

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.