Ils découvrent un diamant d'une valeur inestimable et rêvent de richesse, mais ils vont vite déchanter

En 2017, deux adolescents découvraient “le diamant de la paix” dans une mine au Sierra Leone. Valant 6 millions d’euros, la pierre précieuse n’a pourtant pas rapporté grand-chose aux deux jeunes qui avaient mis la main dessus.

Ils avaient fait sensation ! Le 13 mars 2017, Komba Johnbull et Andrews Saffea, tous deux âgés de 16 ans, étaient employés comme “creuseurs” dans une mine de diamants située en bordure du village de Koyadu en Sierra Leone. La mine appartient à un pasteur, Emmanuel Momoh, qui ne paye pas les ados mais leur donne de la nourriture et du matériel pour eux et leurs familles.

Ce jour-là, Komba Johnbull aperçoit une pierre brillante dans l’eau : “C’était un pur instinct car je n’avais jamais vu de diamant auparavant. Dès que je l’ai sortie, ils me l’ont enlevé et ont dit : ‘C’est un diamant !’”, raconte-t-il auprès de la BBC.

Ils alertent le pasteur qui devine rapidement que ce diamant, pesant 140 grammes, a une valeur inestimable. Il apporte la pierre au gouverneur et passe un accord avant la vente aux enchères. De cet accord, le pasteur et les cinq creuseurs recevront chacun une part, tandis qu’une partie des bénéfices sera reversée à l’État pour le développement local.

Le diamant de 709 carats est mis aux enchères à New York, le 5 décembre 2017, et est vendu pour la modique somme de 6,43 millions de dollars (environ 5,5 millions d’euros à l’époque) au joaillier britannique Laurence Graff. Suite à cette vente, le porte-parole du président Koroma ne cachait pas son enthousiasme : “Nous avons changé l’histoire. Ce diamant va contribuer à transformer la vie des Sierra-Léonais”.

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La pierre précieuse est tout simplement le 13ème plus gros diamant du monde et est surnommée “le diamant de la paix”. Grâce à leur découverte, Saffea et Johnbull reçoivent chacun 80 000 dollars (environ 67 000 euros). Une somme conséquente en Sierra Leone où le revenu moyen est de 5 dollars par jour. Le diamant de 709 carats permet au pasteur d’empocher 40% de la vente, tandis que l’État touche 2 millions d’euros et que la région d’origine touche 1,3 million d’euros.

“Quand j’ai touché cette somme, j’étais trop jeune”

Sept ans plus tard, les fortunes ont été diverses pour les bénéficiaires de la vente du diamant. Surtout pour les deux adolescents : “Quand j’ai reçu ma part, je l’ai gardée pendant une semaine entière sans y toucher. Et puis je me suis rendu à Freetown pour acheter une maison”, raconte Johnbull à la BBC.

De son côté, Saffea voulait reprendre ses études au Canada. Ils passent six mois au Ghana et dépensent une grande partie de leur fortune. Ils confient 15 000 dollars à un agent pour payer les frais de voyage, d’hébergement et d’université. Hélas, la demande de visa de Saffea échoue, ce qui l’amène à se diriger vers un autre pays qu’elle n’a pas souhaité révéler pour préserver sa sécurité. Et là, sa routine reste plus que pénible et elle n’aurait pas de quoi se loger : “Je m’occupe des chevaux dans une écurie, où je dors et je mange”, indique-t-elle à la BBC.

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Elle confie alors qu’elle songe à retourner en Sierra Leone pour retrouver Johnbull, qui vit à Freetown où il fabrique des fenêtres en aluminium. S’il a mis ses parents sous un toit, Johnbull admet qu’il n’a pas bien géré son argent acquis grâce au diamant : “Quand j’ai touché cette somme, j’étais trop jeune. À cette époque, je me contentais d’exhiber cet argent, d’acheter des vêtements et tout ça. Vous savez comment ça se passe avec les jeunes. Avec le recul, je regrette. Si je n’avais pas cherché à voyager à l’étranger dans l’espoir d’y gagner plus, j’aurais fait beaucoup ici avec l’argent gaspillé”.

Les deux jeunes regrettent aussi de ne pas avoir touché plus d’argent, eux qui pensaient devenir “les personnes les plus riches du monde”. De son côté, le pasteur Momoh a bien profité de cette découverte. Il a déménagé à Freetown, la capitale du Sierra Leone, et y a construit une école à côté de sa maison. Il avait affirmé avoir redistribué un million de dollars sous forme de dons à des chefs traditionnels, des œuvres caritatives et des gens du village.

Enfin, à Koyadu, une nouvelle école a été construite avec l’argent du diamant. En revanche, toujours pas de routes, de réseau d’électricité ou d’eau potable, comme il avait été promis au village.

Source : BBC Afrique

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Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef