Un prof de français absent depuis 4 mois, les parents réclament 16500 euros d'indemnités

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À Amboise, quinze familles d’élèves ont adressé une mise en demeure au rectorat de l’académie d’Orléans-Tours, exigeant une réparation financière à cause de l’absence d’un prof depuis Noël.

Voici une situation embarrassante pour l’Éducation nationale qui n’est pas du tout du goût des parents d’élèves. Au lycée Vinci à Amboise (Indre-et-Loire), un professeur de français s’illustre par son absence depuis… les fêtes de Noël. L’établissement ne l’ayant jamais remplacé, des élèves de seconde sont donc privés de cours de français depuis quatre mois désormais.

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Ainsi, une quinzaine de parents d’élèves s’est insurgée de cette situation et a entrepris une action collective contre l’État, adressant notamment une mise en demeure au rectorat de l’académie Orléans-Tours.

En plus d’exiger un remplaçant pour le professeur absent, ils réclament une indemnité d’un montant total de 16 500 euros, ce qui correspond à 1100 euros par élève, sous peine de procédure au tribunal administratif.

“Les parents vont utiliser ces dédommagements pour payer des cours particuliers de français à leurs enfants, et tenter de rattraper les manquements de l’État" assure l’un des parents d'élèves.

Le professeur absent serait en congé maladie depuis décembre 2022. Une absence qui empêche deux classes de seconde d’avoir le droit à des cours de français. Deux classes de première étaient également concernées par cette absence, mais un remplaçant a été trouvé en mars.

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“Malgré les bonnes volontés, le problème est devenu systémique”

L’action collective, qui a été lancée à travers le site web “justice.cool/On veut des profs”, est gérée par l’avocate Me Joyce Pitcher : “Nous avons été sollicités par quinze familles d’élèves, pour lesquelles nous avons adressé une mise en demeure au rectorat. Nous n’avons pas eu de réponse pour le moment.”

“Nous avons identifié soixante heures de cours de français non assurées. Nous demandons 10 euros par heure et par élève. Plus une indemnité de 500 euros pour les familles” expliquant alors le montant total de 16 500 euros, “à titre de réparation du préjudice subi”.

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Dans son courrier de mise en demeure, le cabinet de l’avocate rappelle à l’État son “obligation” et son “devoir” d’assurer le service public d’éducation. Il demande aussi à ce que soit transmis aux parents d’élèves “l’emploi du temps à jour de leurs enfants pour l’année 2022-2023 précisant les heures d’absence non remplacées”.

La procédure peut s’avérer très longue puisqu’elle prévoit un délai de réponse de deux mois, au terme duquel le tribunal d’Orléans sera saisi : “Il faut compter dix-huit mois avant une décision du tribunal administratif” indique Me Pitcher.

Une situation qui s’éternise, ce qui désespère de plus en plus les parents d’élèves qui ne voient toujours pas de remplaçant arriver : “Aujourd’hui, malheureusement, je ne compte même plus les semaines d’absence de professeur. Je ne vois pas d’issue à court terme. Le corps des enseignants remplaçants a été démantelé. Malgré les bonnes volontés, le problème est devenu systémique”, déplore Sébastien Boishult, parent d’élève.

De son côté, le ministère de l’Éducation, a assuré, dans un courrier de réponse adressée début avril à ce parent d’élève, que “l’ensemble des services académiques est mobilisé”, pour trouver un professeur remplaçant.

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef