En arrêt maladie depuis 16 ans, elle était toujours payée et touchait... 6000 euros par mois

En Allemagne, une enseignante “fantôme” fait les gros titres pour avoir porté plainte contre son employeur quand ce dernier s’est rendu compte qu’elle était payée intégralement pendant 16 ans alors qu’elle était en arrêt maladie. Une démarche qui pourrait bien se retourner contre elle.

Voici une affaire qui en dit long sur les failles administratives au sein de l’Éducation nationale en Allemagne, et qui fait grincer des dents dans les hautes sphères de l’État, même s'il s'agit d'un cas isolé.

Une enseignante de biologie et de géographie travaillait depuis 2003 au lycée professionnel Berufskolleg à Wesel. En août 2009, elle est placée en arrêt maladie en raison d’une affection chronique et de problèmes psychologiques. Cependant, depuis cette date, elle n’est jamais retournée sur son lieu de travail puisque les arrêts de travail ont été systématiquement renouvelés depuis 16 ans.

Un arrêt de travailCrédit photo : iStock

En théorie, au bout de trois mois, la malade aurait dû être examinée par un médecin-expert dont la mission est d’évaluer la validité des arrêts. Mais dans le cas présent, cette étape de contrôle n’a jamais eu lieu. Ainsi, l’absence prolongée de l’enseignante avait fini par passer inaperçue dans l’établissement.

Finalement, c’est un audit interne mené en 2024 à l’occasion d’un changement de direction qui a mis à jour cette « singularité ». L’ancien directeur, arrivé en 2015, est tombé des nues, expliquant qu’il ignorait que cette professeure faisait partie de ses effectifs alors même qu’elle continuait de toucher l’intégralité de son salaire, s'élevant tout de même entre 5000 et 6000 euros par mois.

Une femme en arrêt maladieCrédit photo : iStock

Elle aurait dirigé un cabinet de naturopathie pendant son arrêt

Dans cette affaire, l’employeur n’est autre que le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Après avoir découvert le pot aux roses, la région fédérale a donc voulu soumettre la professeure à un examen médical censé confirmer son état de santé. Sauf que la principale concernée a refusé de s’y soumettre. Pire encore, elle a décidé de poursuivre sa direction, et donc la région, en justice afin d’échapper à cet examen médical.

Une démarche vaine car tous ses recours ont été rejetés et la visite médicale de contrôle aura bien lieu. Cependant, peu importe le résultat de cette visite car il semble peu probable que l’enseignante soit contrainte de rembourser les salaires versés depuis 16 ans. Dans l’hypothèse où elle aurait menti sur son état de santé au cours des 16 dernières années, il serait difficile voire impossible d’en apporter la preuve.

La justice va trancher sur cette histoireCrédit photo : iStock

En revanche, l’affaire a connu un sacré rebondissement ces derniers jours. Les enquêteurs ont découvert que l’enseignante pourrait avoir exercé en tant que naturopathe, tout au long de son arrêt maladie. Sur internet, son nom et son prénom renvoient en effet vers un cabinet de naturopathie.

Si l’hypothèse s'avère exacte, il serait évidemment difficile à la professeure d’expliquer qu’elle était dans le même temps dans l’impossibilité d’enseigner. Et dans ce cas-là, elle pourrait bien regretter d’avoir voulu attaquer son employeur en justice. Auprès du quotidien allemand Bild, la ministre de l'Éducation allemande, Dorothee Feller, avoue "n'avoir jamais été confrontée à un cas comme celui-ci" jusqu'à présent.

Source : Bild
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