«Passport Bros» : ces hommes partent à l'étranger chercher des femmes «moins féministes» et «plus dociles»

Sur TikTok, un phénomène appelé les “Passport Bros” prend de plus en plus d’ampleur. Ces hommes originaires des pays occidentaux vantent les mérites de leur idéologie : celle consistant à trouver des femmes “plus dociles” et “plus traditionnelles” dans des pays pauvres.

Sur les réseaux sociaux, des nouvelles tendances apparaissent, créant des communautés et des mouvements qui semblent parfois nous dépasser. Depuis plusieurs mois, les “Passport Bros” font énormément parler d’eux ! Mais qui sont-ils ?

Le terme “passport bros” est apparu pour la première fois en 2011, à travers le documentaire Frustrated, dans lequel le réalisateur Al Greeze filme des afro-américains cherchant à rencontrer des femmes au Brésil. Dans le documentaire, ces hommes estiment que les Brésiliennes seraient moins indépendantes que les Américaines, mais aussi moins riches et donc plus respectueuses du statut de mâle dominant.

Crédit photo : Capture écran TikTok

En 2019, le terme est réapparu sur TikTok par le biais d’autres hommes lésés par l’évolution sociale des femmes occidentales, cumulant plus de 800 millions de vues. Originaires d’Amérique du Nord et d’Europe, ces hommes mettent en avant un concept particulier : partir dans des pays pauvres, en Asie du Sud-Est, en Amérique latine ou en Europe de l’Est, pour trouver des femmes plus faciles à conquérir. Pour quelle raison ? Selon eux, les femmes des pays occidentaux sont devenues… trop féministes !

Les “Passport Bros” ont leur agence de conseil

Ainsi, sur TikTok, ces hommes se filment avec fierté, arborant leur passeport comme un appât capable d’attirer des femmes dans la rue. Ils se présentent comme des hommes fortunés et élégants, ayant tout pour plaire.

Par exemple, l’influenceur américain Austin Abeyta, alias Digital Bromad, est considéré comme le “passport bro alpha”, suivi par près de 600 000 abonnés sur le réseau social chinois. Dans une vidéo, il vante les mérites de son concept : il marche dans la rue et agite son passeport, attirant alors une femme qui s’empare directement du petit carnet de voyage.

@digital_bromad Passport bro rizz This is a joke guys, but a lot of people think this is how it really goes down in Colombia #passportbros #colombia #passport @Manuela Vargas original sound - Digital Bromad

Les “frères de passeports” ont créé une véritable communauté digitale, à tel point qu’il existe un site internet vous incitant à les rejoindre. Le site en question se présente comme une agence de conseil, créée pour redorer l’image du mouvement. Dans leur description, les “passport bros” se disent animés par “un désir de paix, d’appréciation, de respect, de gentillesse et d’amour dans les relations” qui sont des valeurs qui se sont perdues, selon eux, dans leur contexte culturel.

Selon l’agence de conseil, “certaines femmes occidentales ont adopté ce qui est considéré comme une philosophie féministe agressive et hostile qui peut conduire à des relations conflictuelles avec les hommes”. Ainsi, ils rejettent la femme indépendante qui a réussi à s’émanciper du joug patriarcal de la société. Eux, ils veulent une femme “plus traditionnel”, “plus docile” et “moins féministe”.

Crédit photo : Capture écran TikTok

Le décor est planté ! Mais derrière cette idéologie misogyne se cache également une idée colonialiste : celle de penser que l’homme occidental peut sortir la femme étrangère de la pauvreté et de la misère. Ainsi, les “passport bros” fétichisent les femmes, en font des trophées et perpétuent une logique de domination économique sur elles. Par ailleurs, les stéréotypes racistes véhiculés dans leurs vidéos sont également légion.

Si cela n’était pas suffisant, des dérives ont malheureusement été signalées comme au Brésil, où une enquête pour proxénétisme a été ouverte l’année dernière contre l’un de ces “passport bros”. L’homme en question est accusé d’avoir incité ses abonnés à venir le rejoindre au Brésil pour avoir des relations sexuelles avec des femmes qu’il présentaient comme “plus faciles”. Une enquête toujours en cours…


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Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef