Une employée de la RATP, qui aurait été agressée sexuellement par un collègue, est menacée de licenciement par sa direction. Précisions.
Islem est une femme désemparée.
Cette mère de famille de 33 ans est aujourd'hui sous la menace d'un licenciement après avoir été... agressée sexuellement sur son lieu de travail. Employée de la RATP, cette trentenaire prétend ainsi avoir été victime d'attouchements de la part d'un collègue qui l'aurait droguée, « à son insu ». Les faits se seraient déroulés le 9 févier dernier dans un local technique de la Régie autonome des transports parisiens.
Pourtant victime (présumée), la jeune femme pourrait néanmoins être licenciée par sa direction. Cette dernière affirme en effet détenir des preuves qui contrediraient sa version des faits.
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Droguée par un collègue qui l'agresse sexuellement, elle risque d'être... licenciée
Mais alors que s'est-il réellement passé ce fameux 9 février ?
Ce jour-là, comme chaque matin, Islem - employée de la RATP depuis un an - prend son service à la station de métro de Paris Bercy (XVIe arrondissement), alors que le jour n'a pas encore chassé la nuit.
Bientôt rejointe par deux de ses collègues, elle fume d'abord une cigarette avec ces derniers avant de les suivre jusque dans un local technique. C'est là que les choses auraient dérapé. Selon Islem, l'un des deux collègues (que l'on appellera David) lui propose un gâteau, qu'il a cuisiné lui-même. Elle accepte volontiers.
« Il me dit que c’est juste un brownie. Donc je mange un morceau sans me méfier », raconte ainsi la mère de famille dans les colonnes du Parisien. Mais après avoir ingéré la pâtisserie, Islem est soudainement prise de malaises, mais aussi de tremblements ou encore de nausées. Les heures passent et son état ne fait qu'empirer. Inquiet, David décide alors de la conduire dans une pièce fermée, située derrière un guichet, à l'abri des regards, mais la jeune maman s'y sent rapidement à l'étroit.
« Je me sens comme séquestrée. Je demande qu’on appelle les pompiers mais aucun de mes deux collègues n’agit, ils risquent trop gros » (Islem)
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Malgré cette oppressante sensation d'enfermement, Islem finit par s'endormir pendant une vingtaine de minutes « à même le sol ». À son réveil, elle est prise de nausée et « se met à vomir à quatre pattes », sous les yeux de David, qui venait de rentrer dans la pièce. C'est à cet instant précis que son collège, l'aurait agressée sexuellement.
« Quand il me voit, il me dit "Mais t’as un super beau cul, tu me l’avais pas dit !" puis il s’approche, me prend les hanches et se frotte à moi » (Islem)
Islem quitte ensuite son lieu de travail, tant bien que mal, avant de rentrer chez elle, en voiture. Le soir même, après avoir raconté la scène à l'un de ses amis, elle prend conscience qu'elle a certainement été droguée à l'aide d'un « space cake », ces fameux gâteaux au cannabis. « Là, il (son ami N.D.L.R) me dit que si j’en parle à la direction, je tombe avec eux parce qu’ils sont deux contre moi », se souvient la jeune femme.
Malgré ce conseil, Islem décide tout de même de relater l'incident à sa direction, et ce, dès le lendemain, mais elle ne mentionne pas les faits d'agression sexuelle « par peur des conséquences sur son couple ».
La RATP lance alors une enquête interne et David est licencié pour faute grave le 18 avril. Quant à l'autre collègue - une femme - présente le jour des faits, elle est également renvoyée pour non-assistance à personne en danger. Mais la procédure ne va pas s'arrêter là puisque la direction menace désormais de... licencier Islem à son tour. Ainsi, ce mardi 13 mai, la mère de famille a été convoquée pour un conseil de discipline lors duquel la RATP a réclamé sa révocation.
Pour quel motif ? Selon l‘enquête interne, la salariée n'aurait pas tout dit et était, en réalité, au courant de ce qu'elle mangeait avant d'ingurgiter le gâteau. Elle n'aurait donc pas été droguée « à son insu », comme elle le prétend.
« Une dizaine de personnes a été entendue. À l’issue des investigations menées, il a pu être établi que ce jour-là, [Islem] a consommé en toute connaissance de cause, sur son lieu de travail et pendant son temps de travail, des gâteaux contenant des produits stupéfiants (...) De tels agissements sont inacceptables », (RATP)
Des accusations qu'Islem nie farouchement. Selon elle, la RATP veut absolument« étouffer l’affaire ». La victime présumée affirme par ailleurs que certains des témoignages et audios, confirmant sa version des faits, ont été supprimés du dossier. Ce que la RATP conteste.
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Concernant les faits d'agression sexuelle, Islem a finalement porté plainte, entretemps, le 15 avril dernier, tout en prévenant la RATP, qui a ouvert une nouvelle enquête « pour faire la lumière sur ces nouveaux éléments ».
Outre cet incident, la jeune maman accuse également son collègue d'avoir commis des gestes déplacés à son encontre (« bisou forcé », « léchage de cou », « caresse sur la cuisse », « pincement des poignées d’amour ») à plusieurs reprises.
Affaire à suivre...