Les membres de cette tribu isolée auraient développé une mutation génétique leur permettant de rester... 13 minutes en apnée

Cap sur l'Asie à la rencontre d'un peuple de pêcheurs, pas comme les autres, qui fascine les scientifiques.

On les surnomme les « nomades de la mer ». 

Eux, ce sont les Bajau, un peuple d'apatrides dont les membres sont capables de rester 13 minutes sans respirer pour pouvoir pêcher à 60 mètres de profondeur.

Vivant dans des maisons sur pilotis, au milieu des eaux situées entre l'Indonésie, les Philippines et la Malaisie, ces pêcheurs intriguent les scientifiques, en raison de leur capacité à rester en apnée sous l'eau. La sélection naturelle serait à l'origine de cette faculté hors du commun.

Surnommés les « nomades de la mer », les Bajau auraient développé une mutation génétique unique

Une étude de 2018 prouverait en effet que les Bajau auraient développé une mutation génétique avec le temps, pour s'adapter à leur environnement.

Leurs aptitudes respiratoires ont ainsi fait l'objet de travaux menés par la scientifique américaine Melissa Llardo, qui travaille pour le Center for Geogenetics de l’Université de Copenhague, au Danemark.

Il y a 5 ans, cette chercheuse avait comparé pendant plusieurs mois les habitudes des Bajau à celles des Saluan, une autre communauté qui ne passait pas l'essentiel de son temps sous l'eau. Et ce qu'elle avait découvert à l'époque était stupéfiant.

Après plusieurs tests, notamment des échographies et des prélèvements génétiques, Melissa Llardo a ainsi que la rate des Bajau était deux fois plus grosse que celle des Saluan. Un constat loin d'être anodin quand on sait que la rate, tout comme d'autres organismes, développent certains réflexes pour permettre au corps humain de tenir en apnée sous l'eau. 

Crédit photo : The Journey / You Tube

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Il faut savoir en effet que lorsque l'on reste de longues minutes sous l'eau, un processus de ralentissement des battements du cœur s'opère naturellement afin de préserver l'oxygène. C'est ce que l'on appelle la bradycardie. Les vaisseaux sanguins périphériques se rétrécissent alors pour permettre un afflux sanguin suffisant et nécessaire aux organes affectés par le manque d'apport en oxygène. En parallèle, la rate se contracte pour injecter une réserve de globules rouges oxygénés dans le sang. vous l'aurez compris, avoir une rate plus volumineuse permetrait donc de rester plus longtemps en apnée.

D'autre part, en analysant les échantillons génétiques, l'équipe de Melissa Llardo a découvert la présence d’un gène, appelé PDE10A, chez les membres du peuple Bajau, qu'on ne retrouve pas chez les Saluan. 

Selon les conclusions de l'étude, ce gène « est connu pour réguler l’hormone thyroïdienne qui contrôle la taille de la rate, ce qui soutient l’idée que les Bajau ont peut-être évolué pour que leur rate dispose de la taille nécessaire pour accompagner leurs longues et fréquentes plongées ».

Cette singularité génétique fait de ce peuple un cas unique au monde. Hélas, elle pourrait à terme disparaître, car l’existence même des « nomades de la mer » est menacée.

Sans véritable statut administratif, car répartis sur les territoires de plusieurs pays, les Bajau sont considérés comme des groupes marginaux et ne jouissent pas des mêmes droits que ceux vivant sur la terre ferme.

Crédit photo : The Journey / You Tube

D’autre part, le développement de la pêche industrielle réduit considérablement le rendement des pêcheurs Bajau, qui ont de plus en plus de mal à vivre de l'autosubsistance. Face à cette concurrence contre laquelle ils ne peuvent pas luter, beaucoup font le choix de quitter leurs villages flottant pour tenter leur chance sur le continent.


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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.